L'INDÉPENDANCE ALGÉRIENNE, ISRAËL ET LA FRANCE
Par Jacques BENILLOUCHE
Shimon Peres, Bouteflika et le roi du Maroc |
L’histoire de
l’indépendance de l’Algérie est très liée à l’Histoire d’Israël. Pendant que
Charles de Gaulle négociait en secret l’indépendance de l’Algérie parce que,
visionnaire : «la France ne serait pas en mesure d'absorber 10 millions
de musulmans qui deviendraient bientôt 20 millions puis 40 millions». Il craignait
que la France ne cesse d'être ce qu'elle est à savoir «un peuple européen de
race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne et que les
églises soient remplacées par des mosquées». Il avait ajouté en privé face
à un député gaulliste : «Vous vous voyez marier nos filles avec des
Arabes ?».
Gamal Abdel Nasser en visite en Algérie le 3 mai 1963 et le président algérien Ahmed Ben Bella |
Les colons et les
gouvernements français d’alors n’envisageaient absolument pas leur départ
d’Algérie. Au contraire, ils voulaient consolider leurs positions dans le pays. La France et Israël avaient alors formé une
alliance étroite, pour les uns pour garantir le maintien de leurs colonies et
pour les autres pour assurer l’existence du pays. La volonté de contrer le
président égyptien Gamal Abdel Nasser, identifié comme le soutien politique et
militaire du FLN algérien et l’allié de l’URSS ainsi que l’antisoviétisme des
socialistes français au pouvoir, ont favorisé le rapprochement d’Israël avec la
France. Les dirigeants français ne pouvaient accepter le nationalisme panarabe
réactionnaire dont le but était de rétablir les gloires islamiques.
Campagne de Suez 1956 |
En revanche, les
travaillistes israéliens étaient vus comme des socialistes progressistes,
proches de leurs collègues français. Le kibboutz était alors perçu comme une
institution juive ashkénaze de nature progressiste et anti-staliniste. Cela se
concrétisa d’ailleurs par la campagne de Suez en 1956 durant laquelle la France
avait déversé des tonnes d’armement en Israël et fourni ses avions de chasse
moderne Mystère IV pour permettre à Israël d’attaquer l’Égypte.
Pendant que des
négociations secrètes étaient entamées entre Français et Algériens, l’armée
française ne croyait pas à l’abandon de l’Algérie. Les généraux français
étaient persuadés que leur alliance avec Israël faisait partie de la lutte
contre les Algériens et contre Nasser. Une grande partie des renseignements
reçus par la France sur les livraisons d'armes égyptiennes au FLN provenaient
d'Israël, lui permettant en octobre 1956 de saisir le navire Athos battant
pavillon soudanais et transportant des armes pour le FLN, dans les eaux
internationales au large du Maroc. L'alliance était si forte qu'Israël a même
participé à des manœuvres militaires conjointes avec la France sur le
territoire algérien.
Jacques
Soustelle, qui avait occupé le poste de gouverneur de la France en Algérie,
créa l’Alliance France-Israël, un groupe de pression pro-israélien. Il avait
ensuite rejoint l’OAS (Organisation armée secrète) en 1960 pour lutter contre
l'indépendance de l'Algérie. Il voyait Israël comme un modèle à suivre pour
maintenir l’Algérie française, ou du moins une partie. Les Israéliens reçurent
une formation militaire tandis que les Français apprirent les tactiques
israéliennes utilisées en Algérie. Des officiers français avaient été envoyés
en Israël pour apprendre les techniques de guerre psychologique car selon le
général Maurice Challe, commandant en chef
des forces françaises en Algérie (1958-1960), les Israéliens
étaient des «artistes accomplis pour traiter avec les Arabes».
Le général Challe avait
organisé la campagne de Suez en 1956 avec Moshé Dayan qu’il avait reçu à Paris en
grandes pompes. Il espérait s’inspirer de la conception du kibboutz comme
modèle pour son programme de pacification en Algérie. Il voulait organiser les
colons en entités françaises autonomes et protégées mutuellement, mais
l'indépendance a empêché son plan de se réaliser. De l’autre côté, des missions
d'études israéliennes s’étaient rendues en Algérie pour apprendre l’usage des
hélicoptères pour combattre la guérilla algérienne. Les généraux qui
avaient participé au coup d'État raté
d'avril 1961 avaient révélé que les putschistes s'attendaient à un soutien du «Portugal,
de l'Afrique du Sud, et peut-être d'Israël».
Putsh 1961 |
La guerre d'indépendance algérienne n'a pas laissé l'État d'Israël indifférent pour deux raisons. Lorsqu'elle éclate en novembre 1954, l'État hébreu est un partenaire géostratégique et économique privilégié de la France. Par ailleurs, l'importante communauté juive vivant dans les départements français d'Algérie semblait menacée par les nationalistes islamistes du FLN. Cela expliquait la forte implication israélienne et celle des services secrets du Mossad à toutes les étapes du drame algérien. La rupture avec la politique des dirigeants de la IVe République, opérée par de Gaulle à l'égard d'Israël a coïncidé avec le fossé grandissant séparant la politique gaulliste et les Français d'Algérie. Les liens tissés par le Mossad avec l'OAS avait conduit les nationalistes français à un éphémère projet d'une partition permettant de regrouper sur une même partie de territoire les communautés européenne et juive sépharade pour créer un petit Israël en Algérie.
D’ailleurs, en cette période très limitée, Israël a permis la mutation de l’OAS qui a abandonné son antisémitisme radical pour un front populaire antimusulman. David Ben Gourion avait mis en garde les Français en 1958 sur les Arabes algériens car, «peu importe leur degré d'assimilation», ils n'étaient pas dignes de confiance. Pour tenter de sauvegarder la dernière colonie de colons européens dans le monde arabe, les Israéliens ont fourni un soutien logistique aux colons français, en particulier à Soustelle, qui avait le soutien de Ben Gourion et qui avait été financé par de riches juifs américains pro-israéliens, opposés à de Gaulle et à l'indépendance de l'Algérie.
En 1962, Israël a reconnu l’indépendance de l’Algérie mais les dirigeants algériens successifs ainsi que la population avaient identifié la lutte des Palestiniens au combat anticolonial contre les Français donc l’Algérie a vite rejoint les ennemis d’Israël. La dernière rencontre organisée par les dirigeants algériens entre le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, et le président de l'AP Mahmoud Abbas, a été motivée par le soutien continu de l'Algérie à la lutte palestinienne. Au cours des dernières années, la normalisation des relations d'Israël avec le Maroc et le Soudan, et son travail en coulisses pour normaliser les relations avec la Tunisie et certains dirigeants régionaux libyens, font partie de sa stratégie d'encerclement de l'Algérie, qui refuse catégoriquement d'abandonner la lutte palestinienne et de normaliser avec Israël.
http://benillouche.blogspot.co.il/2012/01/lidylle-franco-israelienne-de-1957_27.html
La droite nationaliste israélienne d'aujourd'hui, en rejetant la solution à deux états, fait exactement le même raisonnement vicieux que les généraux et nationalistes français de l'époque qui s'étaient enlisés dans le mythe de l'Algérie Française.
RépondreSupprimerHarry quand on sait pas on dit pas !
SupprimerHarry Nussbaum, vos comparaisons sont ridicules... Les Français étaient des colons en Algérie ( quand on fait des fouilles archéologiques en Algerie on ne trouve pas de vestiges des Gaulois).
RépondreSupprimerQuand on fait des fouilles archéologiques a Jerusalem... On trouve des vestiges de l'ancienne cité du Roi david.
Toute personne qui prone la solution a 2 etats (alors que la Jordanie est deja l'etat arabe de Palestine) veut la destruction d'israel et l'extermination des Juifs.
C'est une évidence tout "vrai juif" sain d'esprit le sait, lrs autrzs ne sont pas des vrais juifs( goys de mere ou erev rav).
En fait a part une partie du Mur des Lamentations, il n'existe que tres peu de vestiges archeologiques juifs a Jerusalem, d'ou l'ultra-nationalisme de la droite israelienne.
RépondreSupprimerPersonnellement, je ne vois aucun inconvenient a ce que, dans le cadre d'un plan de paix negocie, Jersualem soit partage en 2 zones, l'une juive, l'autre arabe, tout en maintenant les droits religieux de chaque communaute et leurs libres cultes religieux.