Le
Secrétaire d’État Antony Blinken de l’ancienne équipe Obama, assez réservé
vis-à-vis d’Israël, faisait une découverte : «l’art de gouverner
implique souvent de faire des choix difficiles» déclarait-il. Le président
de son côté, affirmait : «je ne vais pas changer mon point de vue sur
les Droits de l’homme, mais en tant que président des États-Unis, mon
travail consiste à apporter la paix si je peux. Et c’est ce que je veux essayer
de faire».
Un
des critiques des plus catégoriques du royaume enfonçait le clou : «un
objectif primordial qui est plus important que tout autre chose, c’est de
battre Poutine…en tant que superpuissance mondiale, il s’agit d’assurer que les
États clients (admirons la litote) qui dépendent de notre sécurité sont à nos
côtés et font leur part pour assurer l’échec de Poutine».
L’objectif
américain devient clair. Il s’agit de transposer dans la région le même modèle qu’en
Europe où Washington dirige la manœuvre via l’Otan. Le complexe militaro-industriel
américain n’y voit que des avantages, pendant que la popularité du président
atteint son niveau le plus bas et que l’inflation galope. En y regardant de
plus près on peut aussi constater que Joe Biden fait du Trump sans le dire.
La
relance des négociations nucléaires s’avère dans l’immédiat un enlisement sinon
bientôt un échec. Il faudra sous peu en tirer toutes les conséquences. Israël
est prêt. Le projet d’une Otan du Moyen Orient devient un objectif urgent et prioritaire
dont Israël et l’Arabie saoudite seraient les deux principaux piliers. N’importe
quel gouvernement israélien se félicitera de pouvoir normaliser ses relations
avec Riyad.
Le
contact que le président américain aura avec Mahmoud Abbas se limitera à des échanges
de pure forme diplomatique. On rappellera que l’administration est favorable à
la solution à deux États, qui doit être négociée directement avec Israël, sous
entendu «pas avec nous américains». Sur les constructions dans les
territoires on connait l’hostilité américaine, rien de nouveau. Lapid, ne peut
pas se permettre de prendre des décisions majeures ni de faire des déclarations
qui porteraient préjudice à sa campagne. On ne doit donc pas s’attendre à des
scoops pendant la visite. C’est de Riyad
qu’il faudra attendre du nouveau.
Les
sanctions décidées par Trump contre le corps des Gardiens de la révolution
n’ont pas été levées. Trump avait rompu les relations avec l’Autorité
palestinienne. Biden a maintenu l’ambassade à Jérusalem et n’a pas donne suite
a la réouverture d’une mission diplomatique à Jérusalem fermée par Trump. Plutôt
réservée vis à vis des accords d’Abraham, l’administration de Biden les a finalement
intégrés dans sa stratégie. Le sommet organisé avec plusieurs pays arabes dans
le Néguev en a été le point d’orgue.
Dans
une tribune dans le Washington post, Biden déclarait «mes politiques ont
contribué à la réalisation d’un Moyen Orient plus stable et plus sûr au cours
des derniers 18 mois» dont acte. Plus qu’un changement de politique, il
s’agit d’un changement de rhétorique. On verra quel accueil sera fait à Biden.
MBS n’a pas oublié l’humiliation qu’il a subie et sera très exigeant dans ses
demandes. Pour Biden son objectif stratégique est double, obtenir une
augmentation très importante de la production pour faire baisser le prix du
pétrole sur le marché et obtenir un accord sous une forme à définir, entre
Riyad et Jérusalem.
Ce
qui pourrait peut-être améliorer les élections de mi-mandat qui s’annoncent périlleuses
pour les Démocrates. L’annonce d’un vol direct Tel Aviv-Riyad est peut-être une
prémisse. On a par ailleurs constaté une amélioration au plan commercial et
économique entre les États-Unis et le royaume, désormais considéré par
Washington comme de nouveau ouvert aux investissements américains.
Durant toute la période glaciale qui a suivi l’élection de Biden, MBS a conservé sa vision des relations entre les deux États, malgré l’humiliation subie. Au terme de multiples séances de négociation, c’est la vision de MBS qui a prévalu. Il a mis les États-Unis devant deux options : Les États-Unis pourraient réduire la relation à des échanges purement mercantiles ou pourraient coopérer et s’investir dans de multiples projets d’intérêt commun, face aux défis économiques et sécuritaires à venir. Manifestement, le président Biden a choisi la seconde option. Il n’a pas échappé aux Américains que la Russie n’a pas ménagé ses efforts pour développer ses relations avec le royaume. On aura également noté que MBS s’est toujours abstenu de voter les sanctions. L’Arabie saoudite est très sollicitée pour devenir membre du BRICS sous présidence chinoise. On aura relevé la reprise des relations avec l’autocrate Erdogan. Autant de clignotants que l’administration américaine ne peut ignorer.
Biden
aura à régler un dossier qui intéresse directement Jérusalem. Le sort des îlots
de Tiran et Sanafi, qui constituent l’accès au port d’Eilat. Ces îlots sont
passés de l’Égypte au terme d’anciens traités avec l’empire ottoman, aux Saoudiens
qui doivent assurer la liberté de passage conjointement avec une force
multinationale de l’Onu. Les Saoudiens ne souhaitent pas le maintien de cette
force sur les îlots. Israël, pour des raisons évidentes de sécurité, souhaite
que cette force soit stationnée sur la péninsule du Sinaï avec un regard sur le
détroit pour en assurer le libre passage. Donc l’Égypte autant qu’Israël sont
directement concernés.
Malgré
les changements positifs qui ont eu lieu dans les relations arabo-israéliennes,
les problèmes de sécurité nécessitent que Riyad et l'Égypte - le pays
actuellement en possession des îles - fassent des concessions importantes avant
de mettre en œuvre le transfert. L’administration doit veiller à ce que tout
accord avec Riyad préserve les accords de sécurité régionaux inscrits dans le
traité de paix égypto-israélien. Ces territoires ont été restitués à l'Égypte
en 1982, trois ans après la signature du traité de paix historique avec Israël.
Pourtant, la communauté internationale continue à surveiller la
démilitarisation du Sinaï et la liberté de navigation dans le détroit. En
conséquence, du personnel militaire et civil d'une douzaine de pays est
stationné dans la péninsule et à Tiran sous les auspices de la Force
multinationale et des observateurs (MFO) nouvellement créée.
Quarante ans plus tard, près de 1.700 membres du personnel du MFO, dont environ 700 Américains, continuent de veiller au respect du traité égypto-israélien. Le président égyptien est parvenu à un accord avec l'Arabie saoudite selon lequel la souveraineté sur les îles serait transférée au royaume. L’accord a été approuvé par le parlement égyptien en juin 2017. Une solution aurait été envisagée avant le voyage du président Biden : Riyad pourrait remettre un engagement écrit auprès de Washington pour assurer la liberté de navigation, un arrangement qui satisferait Israël qui veut s'assurer que les îles restent démilitarisées. Le président américain a désormais endossé des habits neufs, ceux de la real politique et des intérêts supérieurs de son pays, point de place pour la morale ou les droits de l’homme.
En fait, Biden a demande a l'Arabie Saoudite d'augmenter sa production de petrole a un million de barils par jour. MBS, l'homme fort saoudien a obtenu de Biden une reintegration dans leurs relations mutuelles. MBS ameme accorder le droit aux avions civils israeliens de survoler l'Arabie Saoudite afin de diminer les distances de vol avec les pays d'Extreme-Orient. C'est tout!
RépondreSupprimerL'Arabie Saoudite n'a aucune intention de nouer des relations defensives avec Israel Tant que ce dernier n'acceptera pas la solution a 2 Etats, rien ne viendra de Riyadh et je nevois pas Bibi, tres probablement le prochain Premier Ministre a accepter d'aller dans ce sens, meme si a prononce un jour un discours a l'Universite de Bar Ilan. Il n'a jamais pro,is de tenir ses promesses et toute son histoire poliique est jalonnee de coups fourres.
Que reste-t-il de la visite de Biden? Pour Israel, le droit de survoler l'Arabie Saoudite, pour les Americains 1 million de brut par jour en plus et c'est tout. Ah j'oubliais, on a transforme MBS de diable en ange.