Pages

dimanche 31 juillet 2022

Kaliningrad, le baril de poudre prêt à exploser par Francis MORITZ


KALININGRAD, LE BARIL DE POUDRE PRÊT À EXPLOSER

Par Francis MORITZ


        La Lituanie, au sein de l’Otan, pays partenaire prioritaire de la Bundeswehr, par son attitude vis-à-vis de la Russie, crée un risque majeur d'escalade. Si le mot n’a pas encore été formellement prononcé, il figure dans tous les échanges entre membres de l’UE et de l’Otan : Blocus. Quand on dit Blocus on pense Casus Belli. Par son intransigeance et ses décisions, la Lituanie est à deux doigts d’allumer la mèche. En cas de guerre, elle deviendrait une zone d’engagement pour la Bundeswehr en charge de cette responsabilité dans le nouveau dispositif déployé par l’Otan.


Le corridor de Suwalki


En Lituanie, la Bundeswehr se concentre sur un pays qui présente un risque considérable d'escalade - vu sa situation géostratégique, très largement accru par la propension incompréhensible de son gouvernement aux provocations. La situation de ce pays se caractérise par le fait que sa partie sud, ainsi que l'extrême nord-est du territoire polonais, séparent l'enclave russe de Kaliningrad de la Biélorussie. La bande de terre lituano-polonaise, le Couloir de Suwałki – en référence à une ville polonaise qui s'y trouve, assure, seule, une continuité territoriale entre les trois États baltes et les autres pays de l'Otan (Pologne au premier chef). D’une longueur de 85 km, cette bande de terre dans le nord-est de la Pologne et le sud de la Lituanie, est située à la plus petite distance entre l’enclave russe de Kaliningrad et la Biélorussie vassalisée par Moscou. La distance entre Kaliningrad et la Biélorussie est de 65,4 km à son point le plus étroit.

Pendant des années, les stratèges de l'OTAN ont travaillé à un scénario selon lequel la Russie pourrait lancer une attaque contre les pays baltes en mobilisant ses troupes de Biélorussie et de Kaliningrad via le couloir de Suwałki, et ainsi isolerait la Lituanie, voire occuperait les trois républiques baltes. Ces pays ne seraient, de facto, plus défendables. La position actuelle lituanienne rend ce scénario plausible.

Il y a aussi un lien entre cette situation et la confrontation sino-américaine. L’actuel gouvernement lituanien considère être investit d’une mission particulière pour le compte des États-Unis et se croit sans doute protégé par le double parapluie américain et celui de l’Otan. C’était avant l’invasion russe de l’Ukraine. Depuis, s’appuyant sur la politique de sanctions décidée par l’UE, sa propension aux provocations persiste. Déjà démontrée l'année dernière lors d'un litige relatif à l'ouverture d'un bureau de représentation taïwanais dans sa capitale Vilnius. Cet étrange incident est une provocation délibérée sur ordre américain, car la Lituanie n’a pas de liens économiques significatifs avec l'Asie. Les États-Unis ont lancé une campagne visant à renforcer la position de Taiwan dans les instances internationales, conforme à leur stratégie pour affaiblir la Chine et renforcer leur position dans la zone Asie-Pacifique. À l'automne dernier, le gouvernement lituanien – en étroite coordination avec les États-Unis – a préparé le terrain pour que Taiwan ouvre un bureau de représentation. 

Au lieu d’utiliser la formule existante partout ailleurs «Taipei representative office» la Lituanie a sciemment choisi le nom Taïwan. Ce qui s'explique uniquement si la Lituanie a accepté de jouer le rôle de pion perturbateur sur ordre de Washington. Ce qui provoque un litige de plus avec la Chine.

Taipei representative office


Le blocus de Kaliningrad

La Lituanie s'est lancée frontalement dans le conflit avec la Russie par la mise en place d’un blocus. Le 17 juin, les chemins de fer lituaniens ont commencé à bloquer le transport de toutes les marchandises de Biélorussie vers Kaliningrad, qui figurent sur les listes de sanctions de l'UE. La Lituanie avait déjà fermé son espace aérien. Les Russes sont donc contraints de faire un détour par Saint-Pétersbourg et la mer Baltique. La Russie est obligée d'acheminer près de la moitié de ses marchandises, notamment des matériaux de construction, des métaux, du ciment, par voie maritime jusqu'à Kaliningrad. Au cours de l'année, le charbon et le pétrole s’ajouteront à la liste. Moscou pointe le fait que le blocus violait les accords de 1994 et 2002 entre l'UE et la Russie permettant le libre transit des marchandises entre Kaliningrad et le territoire de la Russie continentale et se réserve le droit de riposter.

Lance missiles Iskander basé à Kaliningrad


L’UE s’est tiré une balle de pied et a créé un dilemme. On sait qu’elle était en pourparlers pour exempter Kaliningrad des sanctions, pour autant que la Lituanie renonce à ses blocages, ce qui n’était pas le cas au départ. C’est surréaliste quand on mesure l’énorme risque que ce petit pays fait courir à toute l’Europe. Après avoir adopté sept paquets de sanctions, l’UE a dû «négocier» avec la Lituanie pour qu’elle ne les applique pas ! Sauf à imaginer que le parrain de Washington encourage sa position- totalement incompréhensible - car chacun sait qu’une fausse manœuvre pourrait déclencher une riposte russe.

Troupes allemandes arrivant en Lituanie

       Si la confrontation devenait incontrôlable, la Bundeswehr serait directement impliquée, d’une part, en raison de ses troupes stationnées en Lituanie et de l’autre, en raison de sa marine, qui se concentre de plus en plus en mer Baltique. L’inspecteur général de la marine, Jan Christian Kaack, a confirmé que la marine allemande est prête à «assumer un rôle de leadership en mer Baltique, dans le cadre de l'OTAN». Or le quartier général de la flotte russe de la Baltique se trouve à Kaliningrad.

Devant ce double risque, depuis fin juin, la tension règne au sein de l’UE à propos de Kaliningrad et des sanctions. La Commission européenne a recherché un compromis avec la Lituanie. Ce qui est tout simplement extraordinaire. Des responsables de l'UE, avec le soutien de l'Allemagne, ont négocié avec la Lituanie pour suspendre l'interdiction de transit, déclare un proche du dossier. Un compromis «devait être trouvé pour le 10 juillet au plus tard»

Cependant, la Lituanie était encore réticente. «Les sanctions doivent être appliquées. Aucune décision ne doit saper la crédibilité et l'efficacité de la politique de sanctions de l'UE», déclarait une porte-parole du ministère lituanien des Affaires étrangères. Les médiateurs craignent toujours une escalade. Moscou pourrait utiliser la force pour créer un couloir terrestre, car Kaliningrad est une terre «sacrée» pour la Russie. Berlin a donc saisi la Commission Européenne. Finalement on a suspendu les sanctions sur les livraisons par voie ferrée mais maintenues celles par voie routière. Ce qui revient à énoncer qu’il y a sanctions et sanctions. Comprenne qui pourra.

Nouvelle synagogue de Kaliningrad ex Koenigsberg


D’autres dissensions apparaissent : l’Allemagne ne reçoit plus que 20% du gaz russe comparé au passé et s’étonne. La Hongrie continue à acheter du gaz. L’Espagne exige aussi des dérogations. Pour autant, la Commission européenne refuse tout commentaire. Elle n'a même pas voulu confirmer les pourparlers avec Vilnius. Cela montre à quel point l’UE présente des failles majeures dans sa stratégie tant le sujet est explosif et, à ce rythme, risque de se tirer une seconde balle dans l’autre pied, ce qui l’immobiliserait face à la Russie qui poursuit son action. L’arme alimentaire est également utilisée, car depuis 2014 les sanctions ont renforcé les capacités russes notamment la production agricole.

Pendant que le lobby militaro industriel international y trouve son compte,Bas du formulaire  pendant que l’Europe commence à subir les effets sociaux et économiques de la guerre hybride qu’elle mène par Ukraine interposée, il est grand temps que les belligérants et leurs parrains recherchent la paix, sauf à espérer mettre la Russie à genoux et provoquer une balkanisation dans tout l’ex-URSS avec les conséquences qu’on peut imaginer. Ce n’est pas l’intérêt de l’Europe qui a d’autres chats à fouetter.

 

2 commentaires:

  1. Ce n'est pas la première fois que Poutine à fait
    allusion à la bombe nucléaire.

    RépondreSupprimer
  2. A la verite, je ne vois aucun inconvenient ce que les pays baltes soient conquis par la Russie. Je ne peux effacer de ma memoire la collaboration peline et entiere des pays baltes avec l'Allemagne nazie (de meme l'Ukraine). Hier, je consultais Wikipedia en anglais. Ls hsitoriens baltes sont passes a la revision: le nombre de Juifs extermines n'est qu'un dixieme des chiffres acceptes par gous les historiens occidentaux. Et comment font-ils ce tour de passe-passe: ils reduisent le nombre de residents juifs dans les pays baltes avant la 2e Guerre Mondiale. Il faut dire, a leur decharg, qu'ils sont a bonne ecole: les Polonais, les Slovaques et les Hongrois en font de meme.
    J'espere que le territoire de Kaliningrad englobe les pays baltes, voire meme quelques portions de la Pologne.

    RépondreSupprimer