À commencer par l’évidence. La guerre menée en Ukraine par la
Russie. L’opération la plus radicale d’entre toutes. Une radicalisation telle
qu’elle va, cyniquement, jusqu’à se cacher derrière un faux nez : «Opération
militaire spéciale» ! Exemple éternellement renouvelé, comme
éternellement incompréhensible, du pouvoir d’un homme, d’un seul homme, de provoquer,
mort, destruction, d’ébranler l’équilibre du monde. De déclencher une chaîne d’obéissance
automatique, des généraux aux hommes de troupe.
Les dernières élections législatives françaises offrent un exemple
plus subtil mais tout aussi significatif du glissement vers la radicalisation. La
Gauche, en voie de déclin prononcé, met un voile pudique sur ses convictions et
va à Canossa, dans le giron d’une extrême-gauche triomphaliste. Des territoires
traditionnels, quasi institutionnels, de la concertation, du consensus, deviennent
des scandaleux rings de boxe. À l’intérieur, sacré, des hôpitaux, des malades
mécontents, des parents imbéciles et violents, s’en prennent physiquement à des
soignants, infirmières, docteurs. À l’école, lieu sanctifié de l’éducation, de
l’apprentissage des bases de vie en société, là encore des parents tout aussi
imbéciles, des amis, des élèves même parfois, attaquent des enseignantes, des
professeurs.
invectives à la Knesset |
Les Parlements, contre leur rôle symbolique d’expression dignifiée d’une
nation, d’un peuple, se transforment épisodiquement en théâtres de boulevard. Avec
des scènes d’invectives, de gesticulations, d’insultes, de fausses indignation…Sans
tout-à-fait aller jusqu’aux pugilats qui scandent certaines Assemblées de pays moyen-orientaux,
la Knesset israélienne donne plus souvent qu’à son tour des exemples de cris
d’oiseaux, de déclarations enflammées, de discours apoplectiques, qui n’ont
rien à voir avec un débat d’idées. Le glissement, ici, peut amener des
responsables religieux extrémistes aux limites de la haine explicite.
Dans le terrain de plus en plus envahissant de la technologie, le «metaverse»
porte à un point avancé de radicalisation les capacités de la représentation
virtuelle. Équipé de système de vue adapté, l’utilisateur peut entrer dans une
nouvelle réalité. Via des applications de réalité augmentée, et via son avatar,
son double fictionnel, il peut plonger dans un univers parallèle nouveau.
Le véto, comme on le nommait plus familièrement, pris son
temps. Il laissa la troupe des participants digérer cette accumulation
hétéroclite d’exemples. Puis, bouffarde en avant, passa à la phase explication
de la chose radicalisation. D’abord, le changement. C’est tout simple. Il
effraie. La perspective d’une Ukraine, libérée, ouvrant l’Otan à la frontière
de la Russie, menaçant l’hégémonie du pays, son rêve de grand empire russe, sa toute-puissance
personnelle, Poutine, espion devenu empereur ne pouvait le supporter. Pour le
parti socialiste français, tout plutôt que la mort annoncée. Pour les fondamentalistes
religieux, l’éjection de la vie politique israélienne est un épouvantail insupportable.
La multiplication des moyens joue aussi son rôle. Emballé par
l’innovation technique continue, la mise au jour d’armement de plus en plus perfectionnée
permet aussi bien à de petits pays, à des organisations terroristes, qu’à des
grands pays, de créer la terreur, d’actionner le chantage, de pousser les menaces
à une phase ultime. Le metaverse ouvre une nouvelle voie aux innovations, mais permet
également de pousser les malversations à un niveau de sophistication
redoutable.
Bien entendu, le grand vide idéologique et moral qui caractérise l’époque
moderne, lève les freins aux pulsions, tendances, supercheries, et autres
joyeusetés que la mauvaise part de l’humanité est toujours prête à mettre en
œuvre. Le rabougrissement du catholicisme libère le chemin aux divers
fondamentalismes. La peur du vide profite de l’effondrement du communisme pour entraîner
le capitalisme triomphant dans des excès qui le démonétise. Et, plus
insidieusement, la violence individuelle et collective, stimulée par l’ambiance
générale, pénètre les lieux de culte, l’école, l’hôpital.
Étendant ses deux bras au-dessus de sa tête blanchie, aussi habile
à calmer les humains qu’il savait adoucir les animaux, le vétérinaire surjoua une
péroraison finale. Savez-vous leur dit-il, comment s’exprime la
radicalité chez les plus jeunes, comme chez les plus vieux ? Pour les
jeunes, il leur recommanda, si leur belle-mère venait le soir chez eux, en
disant Vous me chasserez quand vous en aurez assez de moi, de ne pas
répondre, vous prendrez bien un café avant de repartir. Pour les anciens,
il leur recommanda, au cas où ils rencontreraient Dieu, de ne pas lui intimer,
Tu es viré. CQFD
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