Le burkini dans tous ses états par Albert NACCACHE

 

LE BURKINI DANS TOUS SES ÉTATS

Chronique d’un papy flingueur Albert NACCACHE

         Le débat sur le burkini ressurgit, à Grenoble. Éric Piolle, premier écologiste à remporter une ville de plus de 100 000 habitants, relance le débat sur le burkini et propose son autorisation dans les piscines de Grenoble, dans l’ordre du jour du conseil municipal du 16 mai 2022.  Les débats autour du port du burkini ont été très vifs.

      «Vous avez cédé à un groupe de pression religieux qui se cache derrière une organisation en apparence inoffensive et honorable dont la stratégie de conquête du pouvoir politique consiste à imposer progressivement les normes de leur religion et à les consacrer sur le plan juridique pour les imposer à la collectivité. (…) Le burkini clive, c’est cela qui est recherché. Le burkini est une remise en cause de la règle commune. Avec le burkini, s’exprime l’exigence d’un droit à la différence qui conduit à la différence des droits» [1].  

Eric Piolle

Le 16 mai, à la suite de six heures de séance, le conseil municipal de Grenoble validait l’autorisation du burkini dans les piscines municipales de la ville. 29 représentants avaient voté en faveur du nouveau règlement intérieur de ces établissements publics, 27 «contre» et trois abstentions. Le préfet de l'Isère a utilisé la procédure dite de «déféré laïcité», une disposition issue de «la loi contre le séparatisme» du 24 aout 2021, pour suspendre ce nouveau règlement, le temps que le tribunal administratif se prononce.

loi contre le séparatisme

        Le juge administratif a ensuite estimé que ce nouveau règlement constituait un manque de neutralité, parce qu’il aurait pris un acte qui favoriserait notamment une religion en particulier. Dans son jugement, le tribunal estime «qu’en permettant aux usagers du service public communal des piscines de Grenoble de porter des tenues “non près du corps”, sous la seule condition qu’elles soient moins longues que la mi-cuisse – comme c’est le cas notamment du burkini -, c’est-à-dire en dérogeant à la règle générale d’obligation de porter des tenues ajustées près du corps pour permettre à certains usagers de s’affranchir de cette règle dans un but religieux, les auteurs de la délibération approuvant le nouveau règlement des piscines ont gravement porté atteinte au principe de neutralité du service public».

Cette décision a satisfait l’ensemble des opposants à la municipalité de Grenoble et en particulier Alain Carignon, ancien maire et chef de l’opposition municipale : «Le tribunal vient de donner un coup d’arrêt aux dérives d’Éric Piolle et à son désir de favoriser l’islamisme politique». Mais le maire de Grenoble s’est déclaré être «ravi que le gouvernement nous attaque» et affirmait avoir «hâte que le gouvernement nous explique en quoi dans une piscine, on devrait masquer tous nos signes religieux». Il a indiqué qu'il interjetterait appel devant le Conseil d'État.

Le feuilleton rebondit depuis 2016

Le burkini a été le feuilleton de l’été 2016. L’été fou du burkini sur fond de massacre du 14 juillet 2016 à Nice. Le burkini prend un parfum de scandale et les islamistes s’en donnent à cœur joie. Le 10 septembre 2016 L’association Smile-13 pour Sœurs marseillaises avait réservé un centre aquatique, le Speed Water Park aux Pennes-Mirabeau, pour une journée, afin que des femmes puissent se baigner en «burkini et en jilbeb».

Piscine

Les arguments pour et contre le burkini

«Le burkini est un vêtement comme un autre, un vêtement neutre, comparable aux tenues de plongées ou au maillot de bains traditionnel. C’est soutenu par Claude Askolovitch, Pierre Tévanian et Edwin Plenel pour qui c’est «Un vêtement comme les autres». … je m’oppose aujourd’hui à ce qu’on interdise sur les plages une tenue qui les couvre parce qu’elle serait liée à une religion». «Un vêtement comme les autres» [2]

Dans son enquête sur «Le lobby du burkini» Marie-Amélie Lombard-Latune montre que «derrière le tapage organisé tout l’été autour des tenues de bain islamiques se profile un chef d’orchestre : le Collectif contre l’islamophobie en France, qui ne cesse de dénoncer la stigmatisation dont seraient victimes les musulmans en France. Son véritable objectif ? Faire abroger les lois sur le voile à l’école et la burqa ». [3]

Les hommes et les femmes de culture musulmane donnent les raisons de leur opposition au burkini et réfutent avec force les arguments de la gauche française. Maya Ksouri : «Une insulte au combat mené chaque jour par les femmes arabes» Avocate et chroniqueuse politique tunisienne, elle revient sur la polémique autour du burkini en France. Elle s’adresse à tous ceux qui, à l’image du fondateur de Médiapart, Edwy Plenel, ont évoqué «un vêtement comme les autres» : «Les anti-interdiction, composés en leur majeure partie d’islamistes et de conservateurs, n’osent pas, eux aussi, avouer le vrai motif de leur indignation : sous leur argumentaire adossé au très politiquement correct respect des libertés, se terrent leurs convictions moins avouables, celle de l’obligation qui doit être faite à la femme, et qui après tout est inscrite dans le coran, d’observer une pudeur de sorte à ne pas provoquer “les instincts mâles”… Ainsi, prétendre aujourd’hui que le burkini est un vêtement comme les autres est une insulte au combat qu’ont mené et que mènent les femmes arabes tous les jours pour faire évoluer leurs acquis – ou pour juste les sauvegarder – et pour changer les mentalités qui se réenlisent depuis quelques décennies de désenchantement national dans le bourbier identitaire. Soutenir aujourd’hui que le burkini est un vêtement comme un autre, c’est donner, à partir d’un confort parisien, un bâton de plus à ceux qui salissent les femmes émancipées tous les jours dans le monde arabe. Soutenir le port du burkini c’est mieux les désigner à la vindicte des alliés objectifs de monsieur Plenel : les islamistes ». [4] 

      La polémique se poursuit à Grenoble ! : «Je m'interrogeais récemment sur ce sujet en m'étonnant du fait que les autorités islamiques interdisent aux musulmans d'entrer dans des piscines mixtes. Si les femmes musulmanes qui réclament le droit (au nom de l'islam) de porter le burkini ne peuvent pas fréquenter (au nom de l'islam) les piscines mixtes, quel est la logique de leur demande ? » Pierre Troin

Razika Adnani est écrivaine, philosophe et islamologue. Elle est également membre du Conseil d’orientation de la fondation de l’islam de France. Le 30 mars 2022, elle a publié sur son blog, une lettre ouverte à Éric Piolle, maire de Grenoble. «Monsieur Éric Piolle, le voile ne peut pas être une liberté pour les femmes», un texte fort et sensible ou elle explique pourquoi le voile et le burkini s’opposent à la liberté des musulmanes : «On permet aux hommes de montrer leur chevelure, leur cou, leurs jambes et leur bras, ce qu’on interdit aux femmes pour la simple raison qu’elles sont des femmes. … Le voile ne peut pas être une liberté pour les femmes. Dans toute son histoire, il leur a été imposé comme signe de leur infériorité et pour leur rappeler que leur féminité posait problème».

Naëm Bestandji, essayiste et auteur de «Le linceul du féminisme. Caresser l’islamisme dans le sens du voile» (Seramis), s’adresse à Éric Piolle, maire de Grenoble, qui veut autoriser le burkini dans les piscines de sa ville. «Burkini : Éric Piolle dévoile sa vision réactionnaire des femmes, qu’il présente comme un progrès » …Le voile, et sa déclinaison waterproof qu’est le burkini, ne sont pas des expressions spirituelles ni une pratique religieuse en islam. Ils sont une expression sexiste et patriarcale affichée comme identitaire. Le voilement des femmes n’est pas une prescription islamique mais islamiste. La nuance peut sembler subtile, mais elle est de taille…L’islam politique avance justement ses pions grâce au corps des femmes, support de leur outil politique qu’est le sexisme du voile. Si le patriarcat n’est pas le vêtement, pourquoi aucun homme ne porte le voile ? …En effet, se réfugier derrière la loi de 1905 pour protéger, aménager le sexisme et le patriarcat, n’est pas une innovation de votre part. Là encore, les Frères musulmans vous précèdent. Ils ont compris qu’instrumentaliser la laïcité pour la retourner contre notre société est plus efficace que lutter frontalement contre elle. C’est pour cela qu’ils font passer le voile pour un signe religieux. C’est leur meilleur atout, un formidable cheval de Troie politique». (Marianne 5 mai 2022)

Alliance citoyenne

L’Alliance citoyenne  

Syndicat de citoyens et citoyennes engagées contre toutes les injustices dans la cité et pour la démocratisation des services publics, l’Alliance citoyenne a été le principal moteur de cette action Burkini. Fondée en 2012 à Grenoble, avant d’essaimer partout en France, l’association revendique aujourd’hui plus de 5.000 membres. Elle touche des milliers d'euros de la mairie de Grenoble, qui refuse de dévoiler le montant précis, et toucherait aussi 80.000 euros de Georges Soros. (Europe 1) La Commission européenne la subventionne à hauteur de 60.000 euros

Fichage ethnique, méthodes douteuses, promotion de l'islam politique... : l'association est prête à tout pour faire avancer son agenda politique "progressiste". Influencé par la pensée américaine dont il est issu, le mouvement a fait céder la municipalité grenobloise sur l'interdiction du burkini. Les méthodes utilisées, censées être non violentes, laissent pantois : Europe-1 rapporte que des membres de l’association ont forcé plusieurs fois l’entrée des piscines municipales pour se baigner en burkini… À Grenoble, des femmes ont décidé de défier l’interdiction du port du burkini, en place dans des piscines municipales.

bannière Alliance citoyenne

        Selon Naëm Bestandji, l'association a, un temps, été «partenaire du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France, dissout en 2020) et donc «l’exemple même de la jonction entre une partie de l’extrême gauche et l’extrême droite musulmane. Des tribunes où le burkini est érigé un symbole d’émancipation féminine et de progrès social sont publiées sur le club de Médiapart - qui est pour le burkini à Grenoble et contre la burka à Kaboul -. Pour Raphael Liogier, Le burkini n’est pas le signe de l’islamisation de la laïcité mais de la laïcisation de l’islam !

Burkini et Hijab

L’autre combat d'Alliance citoyenne est le droit de jouer au football en portant le hijab. Un "progrès" qui impliquerait de modifier «le règlement intolérant et injuste de la Fédération française de football (FFF) qui prive des centaines de personnes de la pratique de leur sport favori en compétition».

hijabeuses

       C’est une femme ravissante qui pose en hijab réglementaire (aucune mèche de cheveux ne dépasse) sur une des affiches promouvant la participation citoyenne à la Conférence sur l’avenir de l’Europe. «L’avenir est entre vos mains». Cette manifestation est organisée et coprésidée par les trois institutions de l’Union européenne, la Commission, le Parlement et le Conseil.

 

[1] Delphine Bense, conseillère municipale LREM de Grenoble, le 16 mai 2022.

[2] par Edwin Plenel – Médiapart – 14 août 2016

[3]« Le lobby du burkini » par Marie-Amélie Lombard-Latune Le Figaro – 04/09/2016

[4] « Islamistes compagnons de route et terroristes » par Albert Naccache. Les unpertinents 2019