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lundi 4 avril 2022

L'Etat islamique n'est impliqué ni en Cisjordanie et ni en Israël

 

L’ÉTAT ISLAMIQUE N’EST IMPLIQUÉ NI EN CISJORDANIE ET NI EN ISRAËL

Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps


        L’État islamique a toujours été très réservé vis-à-vis d’Israël car il sait qu’il a affaire à trop puissant que lui et qu’il laisserait beaucoup de plumes dans toute action engagée contre l’État juif. Certes de nombreux Palestiniens se recommandent de lui parce qu’il représente l’illusion de certains succès dans le monde, mais il s’agit d’individualités qui ont besoin de justifier leur engagement. Il serait donc exagéré de croire que les attentats perpétrés cette semaine seraient à l’initiative de Dash. En revanche, le Hamas a réussi à créer quelques cellules islamistes actives et pour susciter un engouement il se proclame mandataire de Daesh.


Attentat Bnei Brak


Les services israéliens de renseignements sont formels ; l’État islamique n’est pas directement impliqué même si les auteurs des attentats de Beersheva, de Hedera et de Bnei Brak se sont revendiqués de lui. Il est vrai que l’un des terroristes a tenté de rejoindre le djihad en Syrie en 2006, mais en vain après avoir été recalé. Il n'est jamais parvenu à destination. L’explication est simple. Les services de renseignements israéliens veillent contrairement aux critiques de ces derniers jours qui les accusent de pas parvenir à enrayer le danger. Il est difficile d’empêcher un «loup solitaire» à agir mais toutes les personnes soupçonnées d’avoir des liens avec l’étranger sont surveillées et souvent même mises en détention administrative durant de longs mois pour éviter qu’ils aient le temps de mettre leur projet en exécution. Mais ils sont une petite poignée.

Après ces attentats, Israël est tenu de renforcer la sécurité du pays et il est fort probable qu’il procèdera par anticipation à des arrestations au cours du mois sacré de Ramadan. Cela risque d’aggraver le climat sécuritaire tendu mais les restrictions imposées aux fidèles arabes seront limitées. Nul doute que Daesh est présent dans les esprits arabes mais il n’est pas parvenu à s’installer durablement en Cisjordanie car Mahmoud Abbas veille lui-aussi à ses propres intérêts. Il est un fait acquis qu’en l’état actuel, Daesh n’est pas capable d’organiser des attentats de grande envergure en Israël. Ce groupe a organisé pendant des années des attaques sanglantes au Moyen-Orient, en Afrique et en Occident mais les opérations en Israël ont été rares, voire inexistantes.

En fait en 2016, Daesh a été précis en déclarant qu’il n’était pas dans sa stratégie d’attaquer Israël. La «libération des terres palestiniennes» ne figurait ni dans ses priorités et ni dans son agenda. Il avait publié une profession de foi dans son hebdomadaire Al-Naba que «son combat était avant tout contre les gouvernements musulmans qu’il considère comme gouvernant de manière non islamique». Daesh ne croit pas à la libération nationale et aux groupes qui la poursuivent. Il veut établir un État mondial construit sur son idée d'un califat. Daesh a même été plus incisif d’une certaine manière en déclarant :  «Les tyrans ou apostats qui gouvernent les terres de l'islam sont des infidèles plus graves que les Juifs, et la guerre contre eux prend le pas sur la guerre contre les infidèles originels». Il en résulte que Daesh ne considère pas la cause palestinienne comme le principal combat de la communauté islamiste et cela le rend suspect de sympathies pro-israéliennes. Mais il faut rester prudent car après avoir débarrassé le monde musulman des infidèles, Daesh pourrait se tourner contre Israël. Pas aujourd’hui, mais demain certainement.

Jamal Zahalka


Chaque fois qu’un attentat en Israël est revendiqué par l’État islamique, un démenti ferme de sa part vient rejeter cette allégation. D’ailleurs les services sécuritaires israéliens ont toujours déclaré qu'il n'y avait aucune preuve pour affirmer que les terroristes avaient des liens avec Daesh. De toute façon, le Hamas tient à se vanter que les terroristes étaient affiliés à son groupe. Les revendications ne sont jamais suivies de preuves concrètes de l’implication de Daesh. Il n’existe aucun élément concret visant à prouver que les derniers attentats aient été menés en coordination avec Daesh. L’ancien député arabe israélien Jamal Zahalka vient de déclarer : «Je doute fortement que les hommes derrière les attaques aient reçu des instructions de Daesh. Même s'ils avaient des liens avec le groupe dans le passé, le motif n'est probablement pas inspiré par l'État islamique. L'attaque semble être motivée par des raisons personnelles».

Israël a toujours été dans l’action contre Daesh depuis que le groupe a pris de l’importance en 2014. Tous ceux en Israël qui avaient des liens avec l’État islamique ont été combattus, 87 personnes ont été condamnées puis emprisonnées, soit pour leur appartenance, soit pour avoir tenté de rejoindre Daesh à l'étranger et soit enfin pour avoir sympathisé avec lui. Aujourd’hui 19 prisonniers sont détenus en raison de leurs liens avérés avec Daesh. Le paradoxe veut que ces sympathisants en prison soient rejetés par ceux du Fatah, du Hamas et du Djihad islamique au point de ne trouver personne pour les aider ou les soutenir. La prise de position de Daesh contre la cause palestinienne est la raison majeure de la mise à l’écart de ceux qui sont considérés comme des ennemis jurés de la cause palestinienne.

Mansour Abbas


Israël ne peut rien exclure et encore moins le risque d’attaques généralisées sous l’emblème de Daesh qui est plus porteur auprès des populations arabes. Mais les citoyens arabes sont aussi touchés. La police a augmenté ses mesures de protection autour du domicile du président de Raam situé dans sa ville natale de Ma'ar en Galilée. Le député Mansour Abbas fait face à des menaces accrues après une semaine d'attentats terroristes meurtriers à la fois de la part de l’extrême-droite juive que des clans arabes qui n’ont pas apprécié ses condamnations fermes des attaques, ses visites aux familles des victimes et sa déclaration : 

«Un crime terroriste odieux et indécent a eu lieu à Bnei Brak aujourd'hui, contre des civils innocents. J'adresse mes condoléances aux familles et souhaite un rétablissement complet à les blessés. Nous sommes tous solidaires face à une vague de terreur meurtrière, nous tous sans aucune différence. Les rues des villes d'Israël sont bondées de citoyens arabes et juifs, et ceux qui se lancent dans une tuerie vicieuse ne remarquent ni ne font la différence entre sang juif et sang arabe. Le Ramadan, la Pâque et Pâques approchent, et notre devoir moral, religieux et de leadership en tant que successeurs du Prophète Abraham et des trois religions est d'initier un processus de réconciliation et de partenariat basé sur les valeurs de la religion et de la croyance en Dieu, et dans les valeurs humaines universelles qui éduquent à la tolérance, à la paix et au caractère sacré de la vie humaine où qu'elle se trouve, et bien sûr contre la haine, le crime et la violence. Nous ne nous contenterons pas de condamnations et de messages de condoléances, car le terrorisme ne s'arrête pas et ne baisse pas la tête. Nous sommes déterminés à nous engager sur le chemin de la paix face à tous les extrémistes, et nous sommes déterminés à faire tout ce que nous possible d'empêcher que de nouveaux dommages ne soient causés à des civils innocents. Il est impossible de ne pas remarquer les groupes extrémistes dont les intérêts insistent pour nuire au tissu des relations entre Juifs et Arabes dans le pays. Nous ne le permettrons pas. Je m'y engage. Je m'engage auprès de tous les citoyens du pays, notre rôle en tant que dirigeants est de travailler de toutes nos forces pour que les fêtes de chacun d'entre nous se passent tranquillement, et que chacun fête avec sa famille, où il veut, sans crainte. Puissent tous nos vœux de paix et de fraternité se réaliser». 

4 commentaires:

  1. Bonjour
    Selon vous, le Likud serait-il un parti d’extreme droite ?
    Car l’ancien premier ministre Monsieur Netanyahu n’hesite pas à faire le rapprochement de ces attentats avec l’EI, rappelant qu’en 2014 les services de sécurité avait révélé la tentative d’organisation d’une équipe de l’EI…
    Cordialement
    DdeAM

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  2. Merci pour ce tres bel article.
    L'invocation de Daesh se trouvant derriere les terroristes de la derniere semaine est le meilleur moyen pour les terroristes de ne pas "mouiler" les veritables responsables, le Fata'h et le Djihad Islamique. Ce qui est inquietant c'est qu'il semblerait que la "police palestinienne" est vue dans la journee et tue la nuit.

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  3. Jacques BENILLOUCHE2 avril 2022 à 20:07

    &DdeAM

    Il ne fait aucun doute que le Likoud est un parti de droite mais certainement pas d'extrême-droite même si certains militants minoritaires le sont.

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  4. Merci pour votre réponse
    Bien évidemment que le likud n’est pas un parti d’extreme droite.
    Un fait très intéressant, certains journalistes en France qualifient les attaques terroristes en Israël comme étant de l’EI.
    Monsieur Bennet semble croire le contraire.
    Cordialement.

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