L’ÉTAT ISLAMIQUE N’EST IMPLIQUÉ NI EN CISJORDANIE ET NI EN
ISRAËL
Par Jacques BENILLOUCHE
Attentat Bnei Brak |
Les services israéliens de
renseignements sont formels ; l’État islamique n’est pas directement impliqué
même si les auteurs des attentats de Beersheva, de Hedera et de Bnei Brak se sont revendiqués
de lui. Il est vrai que l’un des terroristes a tenté de rejoindre le djihad en
Syrie en 2006, mais en vain après avoir été recalé. Il n'est jamais parvenu à destination. L’explication est simple. Les services de renseignements
israéliens veillent contrairement aux critiques de ces derniers jours qui les accusent de pas parvenir à enrayer le danger. Il est difficile d’empêcher
un «loup solitaire» à agir mais toutes les personnes soupçonnées d’avoir
des liens avec l’étranger sont surveillées et souvent même mises en détention
administrative durant de longs mois pour éviter qu’ils aient le temps de
mettre leur projet en exécution. Mais ils sont une petite poignée.
Après ces attentats, Israël est tenu de renforcer la
sécurité du pays et il est fort probable qu’il procèdera par anticipation à des
arrestations au cours du mois sacré de Ramadan. Cela risque d’aggraver le climat sécuritaire tendu mais les restrictions imposées aux fidèles arabes seront limitées. Nul doute que
Daesh est présent dans les esprits arabes mais il n’est pas parvenu à
s’installer durablement en Cisjordanie car Mahmoud Abbas veille lui-aussi à ses
propres intérêts. Il est un fait acquis qu’en l’état actuel, Daesh n’est pas
capable d’organiser des attentats de grande envergure en Israël. Ce groupe a
organisé pendant des années des attaques sanglantes au Moyen-Orient, en Afrique
et en Occident mais les opérations en Israël ont été rares, voire inexistantes.
En fait en 2016, Daesh a été précis en
déclarant qu’il n’était pas dans sa stratégie d’attaquer Israël. La «libération
des terres palestiniennes» ne
figurait ni dans ses priorités et ni dans son agenda. Il avait publié une
profession de foi dans son hebdomadaire Al-Naba que «son combat était avant
tout contre les gouvernements musulmans qu’il considère comme gouvernant de manière non islamique». Daesh
ne croit pas à la libération nationale et aux groupes qui la poursuivent. Il
veut établir un État mondial construit sur son idée d'un califat. Daesh a même
été plus incisif d’une certaine manière en déclarant : «Les tyrans ou
apostats qui gouvernent les terres de l'islam sont des infidèles plus graves
que les Juifs, et la guerre contre eux prend le pas sur la guerre contre les
infidèles originels». Il en résulte que Daesh ne considère pas la cause
palestinienne comme le principal combat de la communauté islamiste et cela le rend suspect de sympathies pro-israéliennes. Mais il
faut rester prudent car après avoir débarrassé le monde musulman des infidèles,
Daesh pourrait se tourner contre Israël. Pas aujourd’hui, mais demain certainement.
Jamal Zahalka |
Chaque fois qu’un attentat en
Israël est revendiqué par l’État islamique, un démenti ferme de sa part vient rejeter
cette allégation. D’ailleurs les services sécuritaires israéliens ont toujours
déclaré qu'il n'y avait aucune preuve pour affirmer que les terroristes avaient
des liens avec Daesh. De toute façon, le Hamas tient à se vanter que les
terroristes étaient affiliés à son groupe. Les revendications ne sont jamais
suivies de preuves concrètes de l’implication de Daesh. Il n’existe aucun élément concret visant à prouver que les derniers attentats aient été menés en coordination avec Daesh.
L’ancien député arabe israélien Jamal Zahalka vient de déclarer : «Je doute
fortement que les hommes derrière les attaques aient reçu des instructions de
Daesh. Même s'ils avaient des liens avec le groupe dans le passé, le motif
n'est probablement pas inspiré par l'État islamique. L'attaque semble être motivée par des raisons
personnelles».
Israël a toujours été dans
l’action contre Daesh depuis que le groupe a pris de l’importance en 2014. Tous
ceux en Israël qui avaient des liens avec l’État islamique ont été combattus, 87
personnes ont été condamnées puis emprisonnées, soit pour leur appartenance, soit
pour avoir tenté de rejoindre Daesh à l'étranger et soit enfin pour avoir
sympathisé avec lui. Aujourd’hui 19 prisonniers sont détenus en raison de leurs
liens avérés avec Daesh. Le paradoxe veut que ces sympathisants en prison soient rejetés par ceux du Fatah, du Hamas et du Djihad islamique au point de ne trouver personne
pour les aider ou les soutenir. La prise de position de Daesh contre la cause
palestinienne est la raison majeure de la mise à l’écart de ceux qui sont
considérés comme des ennemis jurés de la cause palestinienne.
Mansour Abbas |
Israël ne peut rien exclure et encore moins le risque d’attaques généralisées sous l’emblème de Daesh qui est plus porteur auprès des populations arabes. Mais les citoyens arabes sont aussi touchés. La police a augmenté ses mesures de protection autour du domicile du président de Raam situé dans sa ville natale de Ma'ar en Galilée. Le député Mansour Abbas fait face à des menaces accrues après une semaine d'attentats terroristes meurtriers à la fois de la part de l’extrême-droite juive que des clans arabes qui n’ont pas apprécié ses condamnations fermes des attaques, ses visites aux familles des victimes et sa déclaration :
«Un crime terroriste odieux et indécent a eu lieu à Bnei Brak aujourd'hui, contre des civils innocents. J'adresse mes condoléances aux familles et souhaite un rétablissement complet à les blessés. Nous sommes tous solidaires face à une vague de terreur meurtrière, nous tous sans aucune différence. Les rues des villes d'Israël sont bondées de citoyens arabes et juifs, et ceux qui se lancent dans une tuerie vicieuse ne remarquent ni ne font la différence entre sang juif et sang arabe. Le Ramadan, la Pâque et Pâques approchent, et notre devoir moral, religieux et de leadership en tant que successeurs du Prophète Abraham et des trois religions est d'initier un processus de réconciliation et de partenariat basé sur les valeurs de la religion et de la croyance en Dieu, et dans les valeurs humaines universelles qui éduquent à la tolérance, à la paix et au caractère sacré de la vie humaine où qu'elle se trouve, et bien sûr contre la haine, le crime et la violence. Nous ne nous contenterons pas de condamnations et de messages de condoléances, car le terrorisme ne s'arrête pas et ne baisse pas la tête. Nous sommes déterminés à nous engager sur le chemin de la paix face à tous les extrémistes, et nous sommes déterminés à faire tout ce que nous possible d'empêcher que de nouveaux dommages ne soient causés à des civils innocents. Il est impossible de ne pas remarquer les groupes extrémistes dont les intérêts insistent pour nuire au tissu des relations entre Juifs et Arabes dans le pays. Nous ne le permettrons pas. Je m'y engage. Je m'engage auprès de tous les citoyens du pays, notre rôle en tant que dirigeants est de travailler de toutes nos forces pour que les fêtes de chacun d'entre nous se passent tranquillement, et que chacun fête avec sa famille, où il veut, sans crainte. Puissent tous nos vœux de paix et de fraternité se réaliser».
Bonjour
RépondreSupprimerSelon vous, le Likud serait-il un parti d’extreme droite ?
Car l’ancien premier ministre Monsieur Netanyahu n’hesite pas à faire le rapprochement de ces attentats avec l’EI, rappelant qu’en 2014 les services de sécurité avait révélé la tentative d’organisation d’une équipe de l’EI…
Cordialement
DdeAM
Merci pour ce tres bel article.
RépondreSupprimerL'invocation de Daesh se trouvant derriere les terroristes de la derniere semaine est le meilleur moyen pour les terroristes de ne pas "mouiler" les veritables responsables, le Fata'h et le Djihad Islamique. Ce qui est inquietant c'est qu'il semblerait que la "police palestinienne" est vue dans la journee et tue la nuit.
&DdeAM
RépondreSupprimerIl ne fait aucun doute que le Likoud est un parti de droite mais certainement pas d'extrême-droite même si certains militants minoritaires le sont.
Merci pour votre réponse
RépondreSupprimerBien évidemment que le likud n’est pas un parti d’extreme droite.
Un fait très intéressant, certains journalistes en France qualifient les attaques terroristes en Israël comme étant de l’EI.
Monsieur Bennet semble croire le contraire.
Cordialement.