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vendredi 28 janvier 2022

Les religieux orthodoxes veulent entrer au gouvernement

 


LES RELIGIEUX ORTHODOXES VEULENT ENTRER AU GOUVERNEMENT


Par Jacques BENILLOUCHE

copyright© Temps et Contretemps

Netanyahou entouré des chefs orthodoxes

          Les religieux orthodoxes, Shass et UTJ (Yahadout Ha Torah), n’ont jamais voulu trahir Netanyahou et avaient refusé de participer à un gouvernement sans le Likoud. Ils ne voulaient pas faire partie du clan dont la seule volonté était d’écarter Netanyahou du pouvoir. Mais la décision de l’ex-premier ministre d’abandonner la politique pendant sept ans en échange d’une clémence des juges, leur a enlevé toute réticence à se joindre aux «gauchistes» et aux Arabes.


Précarité en Israël


Depuis qu’ils ont quitté leurs ministères, les partis religieux rament pour équilibrer leur budget et couvrir leurs largesses auprès des communautés défavorisées. Les subventions d’État sont très limitées et par ailleurs ils ne peuvent plus distribuer d’emplois de fonctionnaires, parfois fictifs, à certains de leurs militants. Beaucoup d’orthodoxes, qui ne travaillent pas, mais étudient dans des écoles talmudiques, sont très dépendants des subventions publiques. Pour les orthodoxes, la pénitence se termine avec le départ de l’ex-premier ministre. Jusqu’à présent, ils ne voulaient pas brûler leurs vaisseaux car ils gardaient espoir d’un retour rapide de Netanyahou après la chute qu’ils croyaient planifiée du gouvernement actuel. À présent, l’urgence économique leur enlève toute réticence car, en plus de ministères, ils ont perdu un poste clé à la Knesset, la présidence de la Commission parlementaire des Finances.

Lapid- Lieberman

            Sauf à vouloir éviter tout chantage des micro-partis et à consolider son assise, le gouvernement n’a pas besoin de s’élargir car il préfère compter sur des défections prévisibles au Likoud, traversé par des luttes intestines entre prétendants. Yaïr Lapid et Avigdor Lieberman refusent de collaborer avec les religieux, a fortiori si le patron de Yesh Atid prend les rênes de la coalition en août 2023. Par ailleurs, le gouvernement envisage des mesures laïques contre les ultra-orthodoxes et leur entrée au gouvernement le forcerait à renoncer aux réformes. Il s’agit de l’autorisation des prières au Kotel donnée aux libéraux, du mariage civil, du statut des tribunaux rabbiniques, de l’ouverture de la cacheroute à d’autres obédiences, des modifications des règles de conversion au judaïsme, transports publics le shabbat et un espace mixte au Kotel, et de l’obligation du service militaire pour les jeunes des écoles talmudiques. Le gouvernement avait déjà ciblé les orthodoxes en imposant une taxe sur la vaisselle jetable très utilisée par les familles religieuses.

Barkat - Edelstein


            On comprendrait mal ce revirement alors que les orthodoxes refusent toujours de rencontrer les ministres, même quand des questions fondamentales les concernent. Pour justifier leur stratégie, les orthodoxes prétendent à présent que leur politique est plus proche de celle du gouvernement actuel et plus controversée avec le Likoud. Il est vrai que les prétendants au leadership du Likoud, Nir Barkat, Yuli Edelstein et Israël Katz n’ont jamais tissé de relations étroites avec les religieux qui insistent aussi sur le fait qu’ils n’ont pas d’affiliation idéologique politique et qu’ils sont à la fois de droite ou de gauche ; seule la religion guide leur chemin. 

Arie Dehry


            Pour se justifier, Arie Dehry prétend qu’il a toujours été un homme de gauche, sensible aux questions sociales et que son ralliement à Netanyahou était une stratégie gagnante pour rejoindre le pouvoir et bénéficier de ministères. Mais des raisons plus prosaïques justifient aujourd'hui l’éventuel ralliement au gouvernement actuel. Dehry et Litzman, dans le cadre d’un plaider-coupable, se sont engagés à ne pas se présenter aux prochaines élections mais la justice les autorise à poursuivre leur mandat actuel. Or collaborer avec le gouvernement de Bennett leur permettrait d'assurer encore quelques années au pouvoir et ils y tiennent. C’est ainsi que des rumeurs concordantes font état de contacts de certains religieux avec des membres du gouvernement, avec Tal Gan Zvi, directeur de cabinet de Bennett en particulier.

            Mais Lapid et Lieberman maintiennent leur opposition à l’entrée de religieux au gouvernement. Ils sont trop contents de l’absence de partis ultra-orthodoxes qui prenaient une place de plus en plus importante dans la vie politique israélienne au point de créer un État dans l’État.  

 

3 commentaires:

  1. Le Shass a gauche? Quand Ehoud Barak construisit sa coalition en 1999, tous ses soutiens exugeaient l'ecartement du Shass. Ce parti, tout comme son frere jumeau le parti othodoxe ashkenaze n'ont aucune opinion politique autre que celles qu'ils interpretent des textes religieux. En fait, et comme tu l'as justement souligne, ils sont interesses seulement dans la hauteur du budget en leur faveur. Et depuis que Liebermann a reduit ce taux, on voit de plus en plus de religieux au travail. N'etudiaient-ils donc pas?Eh bien non! Un sondage realise par les partis religieux revelaient que moins de 20% de leurs fideles n'etudiaient pas, mais travaillaient au noir. Comment un Etat peut-il se passer d'impots non payes par 40% de la population (20% des religieux et 20% des "cousins"?

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  2. J'espère qu'ils ne rejoindront pas le gouvernement.
    Ils agissent pour faire d'Israël une théocratie et militent pour l'insubordination, s'opposent à l'intégration des leurs dans la société en rejetant l'armée et l'apprentissage de l'anglais et des maths.
    Ils forment in état dans l'état où les rabbins font la loi. Vu leur progression démographique tôt ou tard, il y aura des clashs violents.
    Alors les Israéliens doivent savoir dans quelle société ils souhaitent vivre.
    Est ce qu'il est normal de laisser le monopole de la religion aux plus extrémistes ? D' affirmer qu'Israël est l'état nation du peuple juif, et de donner aux haredim le droit de déclarer qui est juif ou non ?
    Où est la souveraineté populaire si ce sont les rabbins qui font la loi sur les sujets vitaux ?

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  3. Le plus grand danger pour Israël n'est pas les arabes ou les palestiniens mais les conflits entre juifs . Il faut tout faire pour maintenir une cohésion et une solidarité entre nous. Nos enemis n'attendent que des affrontements entre juifs. Nous sommes un peuple pas des tribus qui se font la guerre

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