LES ÉTATS-UNIS ET ISRAËL N’EXCLUENT PAS L’OPTION MILITAIRE
Par Jacques BENILLOUCHE
Le ministre de la Défense Benny Gantz et le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin se rencontrent devant le Pentagone |
la délégation de l'UE à Vienne, des représentants de l'Union européenne (à gauche) et de l'Iran (à droite) assistent aux pourparlers |
Joe
Biden semble prêt à «se tourner vers d’autres options» si les Iraniens
s’entêtent à refuser une nouvel accord. L'Iran et les puissances mondiales se
sont finalement rencontrés à Vienne pour poursuivre les pourparlers nucléaires
après un retard de cinq mois dû aux élections iraniennes, qui ont changé
l'administration à Téhéran. Le sixième cycle de pourparlers, conçu pour ramener
les États-Unis dans l'accord, lever les sanctions et ramener l'Iran en pleine
conformité, ne s'est pas déroulé comme les Occidentaux l’avaient espéré. Les
trois pays européens impliqués dans les pourparlers – le Royaume-Uni, la France
et l'Allemagne, représentant également les États-Unis – n'étaient pas prêts à
ce que l'Iran présente deux projets basés à la fois sur le JCPOA et la
résolution 2231 de l'ONU. Après leur départ en 2018 de l’accord, décidé par
Donald Trump, les États-Unis ne font pas
officiellement partie des pourparlers en cours, mais les trois pays européens
se coordonnent probablement avec les États-Unis puisque ce sont les sanctions
américaines que l'Iran veut supprimer.
Les pourparlers prennent une nouvelle tournure sous Ebrahim Raïssi. En effet, l’administration de l'ancien président Hassan Rouhani était désireuse de conclure un accord nucléaire et croyait en de meilleures relations avec les pays occidentaux mais ces espoirs ont été anéantis avec la sortie unilatérale des États-Unis du JCPOA, sous la pression de Benjamin Netanyahou, et les assassinats de responsables iraniens, dont le commandant de la force Al-Quds, Qassem Soleimani.
Les pourparlers ont
repris alors que Gantz et le chef du Mossad, David Barnea, sont arrivés à
Washington pour se coordonner sur la question. Les attaques israéliennes de sabotage contre le programme nucléaire
iranien n'ont pas réussi à arrêter l'enrichissement d'uranium de Téhéran d’où
la nécessité d’envisager un plan B si les négociations échouent. Joe Biden a
ordonné à son administration de préparer des solutions alternatives pour
arrêter le programme nucléaire iranien. Le Secrétaire d’État Austin a
déclaré : «Nous sommes totalement alignés sur notre engagement à
empêcher l'Iran d'obtenir une arme nucléaire». Téhéran insiste sur le fait
que son enrichissement nucléaire est à des fins pacifiques, mais personne ne
les croit pas sur parole. Par ailleurs, l'Iran possède déjà la plus grande
gamme de missiles balistiques de la région ce qui est considéré par Israël
comme une menace existentielle potentielle.
Selon certaines rumeurs, Gantz
et Austin discuteraient d'exercices militaires conjoints pour se préparer à une
future frappe potentielle. L'attaché de presse du Pentagone, John Kirby, a
refusé de nier ou de confirmer l'information : «Nous menons
régulièrement des exercices et des entraînements avec nos homologues
israéliens». La visite de Gantz fait suite à un voyage de deux hauts
responsables de Tsahal au siège du CENTCOM à Tampa, où ils «ont discuté de
la coopération opérationnelle dans la région, discuté des défis communs
auxquels les deux armées sont confrontées et approfondi leur préparation
opérationnelle».
Boeing pétrolier KC-46 |
Bien qu’Israël soit déjà habitué à lancer des frappes aériennes, en Irak en
1981 et en Syrie en 2007, l’Iran pose d’autres problèmes. D’une part les sites
nucléaires sont disséminés dans tout le pays et protégés de manière naturelle en
sous-sol. D’autre part, les avions de Tsahal n’ont pas la portée nécessaire
pour atteindre les installations nucléaires souterraines. Israël a donc besoin du soutien américain pour
une telle frappe prolongée. Israël va acheter
deux Boeing pétroliers KC-46, plus de F-35, plus d'hélicoptères, plus de
munitions avancées et d'autres systèmes d'armes. D’ailleurs Gantz «salue les
progrès du plan d'approvisionnement, qui est critique à ce stade. C'est la
pierre angulaire du concept de sécurité de Tsahal. Dans la prochaine phase,
deux avions ravitailleurs supplémentaires seront acquis sur un total de huit au
maximum qui composeront la future flotte». Les KC-46 seront équipés de
systèmes israéliens, à l’instar de tous les avions acquis aux États-Unis.
Cependant, on se
demande si les experts israéliens ne parlent pas d’une action militaire par
bravade ou pour convaincre leurs alliés américains dans une action
d’intoxication. On ne voit pas l'administration Biden s’engager rapidement dans
une telle opération. Les Iraniens le savent et c’est pourquoi ils font monter
la pression et multiplient les exigences. Ils n’abordent pas sérieusement les
pourparlers et lambinent.
Benny Gantz continue de sensibiliser la communauté juive américaine. Il a ainsi pris la parole le 10 décembre lors de la conférence annuelle de l'organisation communautaire israélo-américaine IAC en Floride :
«L'allié le plus puissant et le plus important d'Israël depuis sa création en 1948 est les États-Unis. Chaque président, et chaque administration américaine, a toujours soutenu Israël et c'est toujours le cas aujourd'hui. Nous vous en sommes reconnaissants. Ce n'est pas un hasard si je suis venu ici après des réunions à Washington avec le secrétaire à la Défense et le secrétaire d'État, où nous avons discuté de nos relations de sécurité et du partage d'informations militaires entre les États. L'engagement des États-Unis en matière de sécurité envers Israël est très important aujourd'hui. L'ensemble des dirigeants israéliens et moi-même ne considérerons jamais ce soutien comme acquis, et nous ne cesserons jamais de travailler avec nos partenaires aux États-Unis, et apprécions le soutien bipartite à Israël. Lors de mes réunions à Washington, nous avons discuté de l'Iran, qui est avant tout un défi international et régional, mais aussi une menace pour Israël. L'Iran représente non seulement une menace physique pour Israël, mais également une menace concrète pour notre mode de vie et les valeurs communes d'Israël et des États-Unis. Israël est le seul pays au monde que l'Iran cherche à détruire, et il se donne actuellement les moyens de le faire. Mon rôle en tant que ministre de la Défense est de veiller à ce que cela n'arrive jamais, c'est pourquoi je dis à la communauté internationale dirigée par les États-Unis - nous devons nous unir et agir vigoureusement contre les aspirations de l'Iran à devenir un Etat doté de l'arme nucléaire. Israël doit maintenir sa supériorité sécuritaire dans la région. Seul un Israël fort, sûr et moral peut parvenir à la paix et étendre la normalisation avec de nouveaux et anciens partenaires - de l'Égypte et de la Jordanie, en passant par le Maroc, les Émirats arabes unis, Bahreïn et aussi avec nos voisins palestiniens».
Joe Biden n'est pas tres sur que Bibi ne revienne a la barre. Pour lui, notre ex-Premier Ministre equivaut au Premier Ministre iranien, meme si Trump vient de lui donner une raclee.
RépondreSupprimerLes Democrates americains n'oubleront pas de si tot, l'slignement de Bibi sur les Republicains, d'autant plus que la tre grande majorite des minorites ethnico-religieuses sont est acquise au Democrates. Quant aux Juifs americains, on les a vu durant la Shoah et si la minorite ar@be venait a augmenter aux USA, nos coreligionnaires seraient menaces.
Joe Biden, apres la fuite de l'Afghanistan n'ira pas se meler avec l'Iran. Et il n'est meme pas sur qu'il ne voit en Israel qu'une gene aux USA, gene qu'on peut laisser tomber facilement avec l'appui tacite de l'Europe.
Et meme si on s'eloigne un peu du sujet, on pourrait rappeler le terme d'"annihilation" que Trump a evoque a propos des actions irreflechies de notre Guide invincible.