UN GOUVERNEMENT ISRAÉLIEN DISCRET ET PROFESSIONNEL
Par Jacques BENILLOUCHE
Gouvernement Bennett |
Le jugement sur le
nouveau gouvernement dépend bien sûr des sensibilités politiques mais il est un
fait que la méthode a changé. Pendant douze années, Israël a eu un gouvernement
croupion dirigé par un premier ministre qui concentrait tous les pouvoirs entre
ses mains, mais aujourd’hui le gouvernement gouverne. Les résultats ne sont pas
encore probants mais chaque ministre a un rôle effectif dans son domaine sans
faire de l’ombre à ses collègues. Loin est le temps où Netanyahou cumulait
jusqu’à cinq portefeuilles ministériels face à des ministres alibis, le doigt
sur la couture du pantalon, chargés de faire de la figuration aux ordres d’un
chef omniprésent. Les grands postes ont été répartis, non pas en fonction des
intérêts politiques des partis, mais selon de la compétence et les désidératas du
titulaire du poste.
Lapid au Maroc |
De son côté Naftali
Bennett s’est forgé en trois mois une stature d’homme d’État. Il était
conscient des réserves de ses adversaires qui le considéraient fragile, inconsistant
et dénué de charisme pour le poste auquel il a été imposé. Pour consolider sa
stature, il a multiplié les voyages auprès des dirigeants internationaux. Son
premier voyage officiel du 25 août, pollué par les évènements d’Afghanistan, a
été bien sûr auprès de l’allié américain, Joe Biden, avec qui il a renoué des
relations israélo-américaines troublées après les épisodes du gouvernement
Netanyahou. Bennett voulait créer un lien positif et sans intermédiaire entre
lui-même et le président américain. Les deux parties tendaient à prouver que la
relation américano-israélienne est sur la bonne voie après l'ère Netanyahou et
surtout l’ère Trump. Ils ont tenu une réunion en tête-à-tête de 50 minutes,
certes courte en raison des évènements et sans conséquence politique, mais elle
s’est exceptionnellement déroulée autour d'un thé dans la salle à manger privée
de Biden à côté du bureau ovale, signe d’une amitié restaurée.
Gantz à Paris avec Florence Parly |
Benny Gantz
s’est révélé dans son nouveau poste en ajoutant à ses compétences militaires une
réussite diplomatique. Il a compris qu’il fallait renouer avec l’Autorité
palestinienne car rien ne peut fonctionner s’il n’y a pas une collaboration
totale avec elle, en particulier pour des considérations sécuritaires. Il a su
être ferme quand il le fallait mais pas menaçant en faisant comprendre que la
sécurité d’Israël n’était pas négociable tout en restant ouvert à tous les
arrangements politiques et sécuritaires. En refusant des relations unilatérales
avec le Hamas, il s’est ouvert à tous les clans palestiniens sans jamais
renoncer à une parcelle de sécurité. Ses nombreux voyages à l’étranger, en
France en particulier, l’ont fait connaitre des chancelleries qui ont découvert
en lui un véritable homme d’État.
Avigdor Lieberman
que ses adversaires traitent constamment de videur de boite sous prétexte qu’en
tant qu’étudiant, il travaillait pour payer ses études. Il a fait partie des
gouvernements d’Ariel Sharon, d’Ehud Olmert et de Benjamin Netanyahou, a été
plusieurs fois ministre (Infrastructures, Transports, vice-Premier ministre et
Affaires stratégiques, Affaires étrangères, Défense), c’est dire s’il a acquis une
certaine expérience. Il a été le tombeur de Netanyahou et ne l’a jamais
regretté. Il a évolué depuis son vocabulaire violent et ses positions
anti-arabes. Il a compris qu’il devait mettre de l’eau dans sa vodka s’il
voulait durer. Contrairement aux critiques qui lui sont faites, ce n’est pas un
illettré bourru. En Moldavie soviétique, il avait étudié à l'Institut
agronomique de Kichinev avant de partir pour Israël en 1978. Après avoir fait
son service militaire, il a obtenu un B.A, baccalauréat universitaire en arts,
en relations internationales et en sciences politiques à l'université hébraïque
de Jérusalem. Au ministère des finances il a su s’entourer de hauts
techniciens, israéliens et américains, qui lui ont concocté un programme
économique que certains jugent déjà révolutionnaire.
Tous ces ministres
restent autonomes dans leur ministère mais répondent comme il se doit au
premier ministre qui arbitre avec pondération. L’absence de rivalités au sein
de la coalition est un gage de réussite et de durée. On avait prédit une courte
vie à cette coalition de «bric et de broc» mais elle semble vouloir
durer car, en échouant, elle redonnait les clefs du pays à Netanyahou. Novembre
sera le test final car il s’agit de l’échéance du budget
qui n’a pas été voté pendant deux ans. Il est déjà passé en première lecture à
la Knesset et il n’y a aucune raison pour que cela ne soit pas le cas pour les
deux autres. Une fois ce vote acquis, le gouvernement pourra enfin s’occuper
des problèmes du pays laissés à l’abandon par la volonté d’un seul homme
préoccupé plus par son sort judiciaire que par l’avenir d’Israël.
Bien sûr le
gouvernement n’est pas monochrome et il existe des divergences au sein des
groupes mais douze années de pouvoir de Netanyahou ont fait comprendre qu’il
fallait parer au plus pressé et s’unir pour résoudre les questions vitales de
la pauvreté, de la crise du logement et de l’augmentation du coût de la vie. L’opposition
a peu de chance de prendre le pouvoir dans les mois à venir, voire dans les
années à venir. Même Mansour Abbas est rentré dans le rang en supprimant toute
menace dans ses discours : «Raam ne nuira pas directement ou
indirectement à la sécurité de l'État. Nous avons un dialogue responsable avec
le Premier ministre et le Premier ministre suppléant. Qu'ils répondent ou non à
Gaza est à la discrétion du Premier ministre et des responsables. Je n'ai pas
parlé au Premier ministre de cette question - je me concentre sur l'avancement
des problèmes civils auxquels la société arabe est confrontée». Il a
compris que le nouveau gouvernement allait prendre en mains sérieusement les
demandes sociales arabes.
Netanyahou en visite à Bat Yam |
Dans l’opposition, la
domination de Netanyahou sur le Likoud reste totale malgré les velléités
de certains hauts responsables qui se sont portés candidats à la direction du
parti. Face à un gouvernement qui tient après avoir surmonté les obstacles, des
voix au Likoud critiquent à présent le rôle que Netanyahou a joué dans la chute
de leur parti. Mais ils ne l’attaquent pas de front de crainte de le payer lors
des futures primaires. Netanyahou résiste car il a investi dans le soutien du
public sans tenir compte des dirigeants du parti. Depuis la formation du
nouveau gouvernement et la conviction qu’il ne tombera pas de sitôt, les hauts
responsables du Likoud sont résignés mais l’unanimité est brisée. Cela bouge au
parti à l’instar de Miri Regev qui a affirmé que le Likoud discriminait les
Juifs orientaux et séfarades, une façon détournée d’attaquer le leader issu d'une
famille clairement identifiée avec les élites ashkénazes.
Barkat et Edelstein |
L'ancien maire de Jérusalem Nir Barakat et l'ancien
ministre de la Santé Yuli Edelstein sont sur les rangs pour briguer la
direction du Likoud. Ils ont été rejoints par l'ancien chef du Shin Bet, Avi
Dichter, pour faire avancer leurs propres campagnes. Hostiles à Netanyahou, ils
ne cachent pas leurs opinions sévères à son égard à l’instar des fidèles qui
font leur mea culpa. Ainsi, l’ancien président de la coalition, Miki Zohar, le
fidèle parmi les fidèles, qui a toujours utilisé un langage agressif au point
d’être traité de «dogue de Netanyahou», a exprimé ses regrets pour ses
attaques verbales. Il va jusqu’à affirmer que le Likoud a été éliminé du
pouvoir en raison de son style agressif.
Le nouveau gouvernement semble stable pour l'instant
parce que ses membres sont unis autour de l'objectif d'empêcher le retour de
Netanyahou. Mais l’ancien premier ministre ne désarme pas. Il occupe en
permanence les médias et reste la figure politique la plus populaire du pays selon les sondages. Le risque pour lui est qu’une longue période dans
l’opposition le fasse tomber de son piédestal. En tout état de cause, il s’est
fourvoyé en misant sur une chute rapide du gouvernement.
Effctivement, l'echeance est en Novembre, et le premier tour d'approbation ne presage strictement rien. Car les deux autres tours sont les plus importants.L'opposition presentera un budget alternatif ou meme des amendements que le present gourbenebt ne pourra accepter et on se retrouve devant un scrutin ou il manquera une voix a la majorite actuelle, exactement comme au premier tour. Le 3e tour est, lui, ceremonial et clot le budget, modifie ou pas.
RépondreSupprimerIl suffit a ce que Bibi reussisse a bloquer une voix de la majorite pour que le present gouvernement (tres bon a mon avis) tombera. Le probleme, ce sont les sondages truques, car il suffit de preter l'oreille et on entend pas mal de critiques acerbrs envers Bibi et sa maniere d'agir.
Et puis, il y a le fameux proces qui continue, quoique se soit.
donc si j'ai bien compris l'article le nouveau gouvernement
RépondreSupprimerpeut s'exprimer et agir librement chacun a sa place dans la
fonction qui a été confier ce qui s'appelle une démocratie
pourvu que ça dur dans cette direction alors ......
Je ne partage pas votre enthousiasme CONCERNE CE GOUVERNEMENT QUI N'A PAS ETE DEMOCRATIQUEMENT ELU. Est-il normal selon vous, que Benett dont le parti a obtenu 7 sièges aux dernières élections soit premier ministre ? Ce gouvernement hétéroclyte est anti démocratique et ne durera pas longtemps :
RépondreSupprimervoici un article recopié de DE INFO LPH :
Cela fait deux semaines que le cabinet du Corona n’a pas été convoqué par le Premier ministre, en dépit des appels des milieux professionnels du ministère de la Santé. Dans quelques jours, Naftali Benett s’envolera pour New York afin de prononcer un discours devant l’Assemblée générale de l’Onu et rien dans son entourage ne donne signe que ce cabinet se réunira d’ici là. Selon Moriah Assaf-Wolberg, spécialiste de santé sur Galei Tsahal, cette attitude du Premier ministre est due à son refus d’accéder à la demande des spécialistes du ministère de la Santé qui l’exhortent à décréter une limitation des rassemblements humains. Faisant référence à la fameuse petite phrase d’Ayelet Shaked, elle estime également qu’il s’agit de la mise en oeuvre de la philosophie de ce ce gouvernement : maintenir à tout prix l’économie ouverte même au prix de nombreux morts. Et aussi pour se démarquer de la politique menée par le gouvernement Netanyahou.
Mercredi matin, le député Sim’ha Rotman (Hatziyonout Hadtit) a sévèrement dénoncé la politique du gouvernement sur la Corona : « Les chiffres des décès grimpent mais le gouvernement Benett a trouvé la solution : « Faire disparaître le nombre quotidien de décès de la page du ministère de la Santé. De plus, il y a cinq commissions différentes qui s’occupent du Corona, chacune dans son domaine. Résultat : l’incurie totale »!
Michaël De Santa, blogueur, résume ainsi : « …Beaucoup de blagues ont déjà été écrites à propos du livre qu’a écrit Naftali Benett, ‘Comment vaincre le Corona !’ Mais depuis quelques temps, il ne s’agit plus d’une blague. Cet homme a mené une campagne entièrement centrée sur la question du Corona, il a expliqué devant chaque micro possible que ‘tout ce qui n’est pas Corona n’est pas intéressant’, il ne s’est pas contenté de cela et a écrit un livre qui s’avère être une vaste fumisterie car aucune des solutions qu’il y proposait n’est mise en oeuvre et au moment de vérité, cet homme se démarque de tout ce qu’il a harangué (…) Cet homme feint d’ignorer ce qui se passe sur le terrain, il feint d’ignorer les cadavres qui s’amoncellent, il feint d’ignorer les recommandations des spécialistes professionnels, et malgré les centaines de morts chaque mois il ne convoque pas le cabinet du Corona depuis deux semaines et surtout…il occulte tout ce qu’il a écrit dans son livre…! »
INFO LPH Shraga Blum