Le premier Ministre australien Scott Morrison lors de sa rencontre avec le président Macron à Paris |
Domaine maritime de la France |
Ce qui nous conduit à
deux autres sujets d’envergure, le rôle de la France et de l’UE dans l’Otan et
l’UE, hors de l’Otan et une Europe souveraine en matière de défense et de
sécurité. Deux pays en Europe disposent de la dissuasion nucléaire, la France
et la Grande Bretagne. Exit de cette dernière et rapprochement avec Washington.
Ce qui se confirme dans l’affaire australienne. La France outragée, trompée,
trahie, qui veut s’affirmer comme grande puissance, n’était pas au courant que depuis
des mois se négociait l’achat de sous-marins nucléaires, découvre soudain
que dans son dos on ourdissait un complot transatlantique entre Américains,
Australiens et Anglais.
Les services de renseignements
et le quai d’Orsay, étaient aux abonnés absents. Extravagant, quand on sait que
le Premier Ministre australien Scott Morrison a déclaré il y a peu, avoir
évoqué il y a trois mois, la possibilité d’annuler le contrat de 2016 lors d’une
conversation avec le président français : «Au cours d’un diner prolongé
à Paris j’ai clairement indiqué notre préoccupation sur les capacités des
sous-marins conventionnels à faire face au nouvel environnement stratégique
auquel nous sommes confrontés. C’est un sujet pour lequel l’Australie devra
prendre une décision conforme à son intérêt national». Donc l’annulation
était dans les tuyaux. En 2016 la France du président Hollande, son ministre de
la Défense Jean-Yves le Drian et son ministre de l’Économie Emmanuel Macron -
en concurrence avec l’Allemagne - sous la pression du président Obama et de son
vice-président Joe Biden renonçait à vendre à l’Australie des sous-marins
nucléaires.
On confond l’importance
de la zone économique maritime, qui classe la France seconde derrière les États-Unis
et la puissance navale militaire où elle est sixième après les États-Unis, la
Russie, la Chine, le Japon et le Royaume Uni. Ce qui relativise la compréhension
du dossier. La France, bien que
distancée, a des atouts à faire valoir. Paris peut, avec le Charles-de-Gaulle,
compter sur le seul porte-avions à propulsion nucléaire d'Europe ; la Marine
nationale opère également quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins
(SNLE), dont un est en permanence en mission dans les eaux internationales. Au-delà, son vaste domaine maritime constitue
un maillage majeur dans toute la zone indopacifique. C’est là que la France dispose
d’une carte maitresse.
Pendant ce temps, l’Allemagne après l’Afghanistan,
pousse à la création d’une «force d’intervention rapide» et à un projet commun de défense de l’UE. Qui dit commun, pense
partage et qui dit partage comprend que ça se passe à plusieurs. C’est là que
le bât blesse. La France, puissance nucléaire, se voit peut-être à la tête
d’une organisation commune mais sous son autorité. Serait-ce une variante de
l’Otan mais sans Washington ? Au même moment Washington,
Canberra et Londres concluent un accord à trois sans la France et collaboreront
aussi dans le cyberespace et l'intelligence artificielle. Cela
montre à quel point les tensions peuvent s'intensifier rapidement dans la zone
dans laquelle l'UE entend opérer à l'avenir. Reste à voir comment la France
digérera l’échec subi et s’intègrera dans ce nouveau dispositif clairement
tourné contre la Chine. Joe Biden va certainement le proposer à la France en «lot
de consolation».
Quels
enseignements peut-on tirer de la débâcle afghane ? Il faut renforcer la
souveraineté de l'UE en matière de sécurité et de défense. Rendre l’UE capable d'agir dans des missions
d'évacuation. À Kaboul, les États membres ont mis 24.000 de leurs nationaux
et de leur personnel local en sécurité en l'espace de deux semaines. Les
États-Unis ont réussi à évacuer plus de 120.000 personnes grâce à leurs gros
porteurs, alors que de nombreux avions de l'UE n'ont pas été utilisés à pleine
capacité. Seuls certains États membres étaient prêts à embarquer le
personnel local des autres. De plus, chaque pays a mobilisé ses propres
ressources et a choisi des liaisons différentes. L'Allemagne a évacué via
l'Ouzbékistan, la France via sa base militaire à Abu Dhabi. La Belgique,
le Luxembourg, les Pays-Bas et la Roumanie via le Pakistan, l'Italie via le
Koweït. L'insuffisance de la mise en commun des ressources a rendu
difficile la coordination à Kaboul.
Sous marin nucléaire d'attaque le Suffren |
L'UE devrait
disposer d'un centre intégré de réaction aux crises. Actuellement l’UE dispose
au moins de 27 services de renseignements dont la coopération est à géométrie très
variable. L’UE gagnerait à disposer d’un service extérieur commun. La France
avait signalé les faiblesses des forces de sécurité afghanes à ses partenaires
en juin et avait entamé le rapatriement de ses nationaux. On sait qu’il y a un
désaccord profond tant sur la création d’une force de réaction rapide qu’en
faveur d’une politique militaire commune. La sacro-sainte règle de l’unanimité empêchera
toute avancée, sauf à être modifiée. De plus la France n’est pas prête à
partager le commandement de sa dissuasion nucléaire. Autant dire que le projet
de défense risque de ne jamais décoller d’autant que les deux pays, France et Allemagne,
seront en période politiquement électorale pendant les mois qui viennent.
Resterait à
définir des objectifs militaires communs, deux tentatives en 1999 et 2003 ont
échoué. Les résultats des élections allemandes détermineront la politique de la
nouvelle coalition et on ne peut ignorer la relation spéciale entre Washington
et Berlin, qui stocke des ogives nucléaires sur son sol. Le changement
pourrait venir après les périodes électorales. Bruxelles propose maintenant aux
États membres une nouvelle stratégie dite indopacifique qui emboite le pas aux
États-Unis et leur accord avec l’Australie et le Royaume Uni, clairement conçue
contre la Chine. Elle exhorte les États de l'UE à avoir une présence
militaire dans les océans Indien et Pacifique, les territoires ultra marins
contrôlés par la France, qui joueraient un rôle essentiel. Certains sont
désignés par l’ONU comme «zones à décoloniser» Dans plusieurs
territoires, les mouvements indépendantistes luttent contre la «domination
coloniale française». Selon le document stratégique, la Chine entend coopérer
selon ses propres intérêts.
Cependant l’Allemagne tient à développer une relation durable avec la Chine, grand client de son industrie. La France n’a pas les mêmes possibilités. L’objectif européen reste étonnant quand on connaît les profondes divergences au sein de l’UE. À défaut de forces navales, on est en passe de mettre les charrues avant les bœufs. De temps en temps les hommes politiques devraient relire leurs classiques, dont voici deux extraits : «L’Angleterre n’a pas d’amis ou d’ennemis permanents ; elle n’a que des intérêts permanents» [1]. En 1967 Charles de Gaulle n’en pensait pas moins : «Un grand pays n’a pas d’amis. Les hommes peuvent avoir des amis, pas les hommes d’État».
[1]
Discours de Lord Palmerston aux Communes en 1848
Je viens de lire que l'Administration americaine avait repousse la demande d'Israel de leur fournir des missiles anti-aeriens a Israel.
RépondreSupprimerFake-news?
Bonjour Mr Kabi, je pense que vous faites reference à ce qui suit, seul dossier actuellement objet de report ou de financement différé, à ma très humble connaissance , je cite :
RépondreSupprimer"Les démocrates de la Chambre retirent le financement du système de défense aérienne d'Israël
Après la pression des démocrates progressistes, le financement a été retiré (ABC) d'un projet de loi visant à empêcher un lock down budgétaire, que la Chambre des représentants des États-Unis a adoptée hier soir. Le Sénat devrait bloquer le projet de loi. Le chef de la majorité à la Chambre, Steny Hoyer (D-MD), a déclaré qu'il présenterait un projet de loi distinct (CNN) pour financer le système israélien Iron Dome"
Bien cordialement,