Alexandre Loukachenko et Vladimir Poutine scellent l'Union entre les deux pays |
L’UE sous la houlette
des Américains et au fil ininterrompu des gesticulations allemandes et
françaises, n’a eu de cesse que de vouloir ajouter des sanctions aux sanctions.
Dans le même temps l’Allemagne fille ainée de l’Amérique en Europe, a obtenu la
poursuite de la construction du gazoduc Nordstream-2 que les États Unis
affirmaient vouloir stopper. Las ! il n’en fut rien. L’Ukraine qui
attendait beaucoup, n’a obtenu que des encouragements de l’UE. Elle perdra
jusqu’à un milliard d’euros lorsque ce gazoduc russe sera mis en service. A Washington, Zelenski son président
accueilli avec tous les honneurs est reparti amer, pendant que les habitants
russes du Donbass voteront pour les élections russes.
Pendant ce temps,
l'intégration de la Russie et de la Biélorussie a pris fin avec la signature du
traité de l'Union à Minsk. Il recouvre «les grandes orientations de la
construction de l'Union». Cet accord représente le changement qualitatif le plus important
dans l'équation de la sécurité sur le flanc oriental de l'OTAN depuis
l'annexion de la Crimée par Moscou en 2014 et l'intervention armée dans la
région ukrainienne du Donbass. Il constitue une escalade de la militarisation de la Biélorussie et l'expansion de la
présence militaire russe jusqu’aux frontières de l’UE. Les Occidentaux n’ont
toujours pas compris que Vladimir Poutine a une seule obsession, redonner à son
pays le lustre et le pouvoir du passé. Ukraine, Crimée, Biélorussie, sont
toujours dans la sphère russe. Sauf à déclarer la guerre, on n’y changera rien,
mais on ne cessera d’y laisser des plumes. Tous les autres sujets sont abordés
dans les 28 chapitres de l’accord dont un prix d’ami fixe du gaz, un contrat de
fournitures d’armement de plus d’un milliard de dollars. Il s’agit d’un document complet dans
lequel les parties coordonnent, harmonisent, normalisent et intègrent leurs
lois et systèmes. Peut-être que l’UE, qui cherche sa voie, devrait-elle s’en
inspirer ?
Cette intégration menace
directement la sécurité de la Lettonie, de la Lituanie et de la
Pologne. Elle renforce également la capacité de Moscou à fermer le Suwałki
Gap, un tronçon d'environ 100 kilomètres de la frontière polono-lituanienne
coincé entre la Biélorussie et la région russe fortement militarisée de
Kaliningrad, ce qui couperait effectivement les États baltes du reste de l'OTAN
déjà empêtré dans des choix qu’elle ne peut faire. La Biélorussie ressemble de
plus en plus à une extension du secteur militaire occidental de la Russie. Ce
nouveau rideau de fer provoquera une aggravation des divisions dans l’UE alors
que la Pologne, la Lituanie et la Lettonie ont commencé à construire des
clôtures de barbelés à leurs frontières qui sont aussi celle de l’UE avec la
Biélorussie, en réponse à une crise que le dictateur Loukachenko organise l’importation
de migrants de tout le Moyen-Orient à Minsk, puis en facilite l’entrée illégale
dans L'Europe.
Pose de barbelés à la frontière entre Pologne et Biélorussie |
On mesure ici que la
question migratoire pèsera d’un poids croissant. Le parlement polonais a voté
le 6 septembre la poursuite de l’état d'urgence le long de sa frontière
orientale avec la Biélorussie. Citant la crise des migrants illégaux, les
manœuvres russes Zapad-2021 et la militarisation de la Biélorussie, le Premier
ministre polonais a déclaré qu’à Moscou et à Minsk, des scénarios sont en cours
d'élaboration «qui menacent la sécurité et la souveraineté de la Pologne».
Les Premiers ministres
russe et biélorusse ont signé les 28 chapitres de l'Union et les
dispositions les plus importantes du traité sur l'État de l’Union pour
les années 2021-2023. Le dirigeant biélorusse, a déclaré que son pays recevrait
bientôt d’énormes fournitures de matériel militaire russe. Ce qui confirme le
soutien continu de Moscou, au milieu d'un tollé international mais inefficace
contre sa répression de la dissidence. Le décret formel qui officialisera l’union sera signé par les deux
présidents, le 4 novembre.
S'exprimant dans la
ville biélorusse orientale de Babruysk le 1er septembre, le dictateur
de Minsk a déclaré que la Russie enverrait des avions de combat, des hélicoptères et des
systèmes de missiles de défense aérienne, y compris, peut-être, des systèmes de
missiles S-400, «dans un avenir proche». L'importance de faire une telle
annonce à Babruysk est claire pour quiconque a suivi le jeu du chat et de la
souris qu’ont été les relations russo-biélorusses ces dernières
années. Depuis 2013, le Kremlin tentait de forcer Loukachenko à accepter
une nouvelle base aérienne russe. Ce n’est que très récemment, qu’il a indiqué être
prêt à revoir son opposition à cette base, qui accueillerait des avions de combat
SU-27 pilotés par des pilotes russes. L'annonce par Loukachenko des
fournitures militaires n'était que le dernier volet du plan d'intensification
de la militarisation de la Biélorussie et l'accélération de l'intégration des
forces armées russes et biélorusses.
Gardes frontière polonais face aux migrants à la frontiere Biélorusse |
Le jour où Loukachenko a
pris la parole, des troupes russes équipées de missiles antiaériens arrivaient dans la ville biélorusse occidentale
de Hrodna, près de la frontière avec la Pologne et la Lituanie, pour mettre en
place un centre d'entraînement militaire commun. Quelques jours plus tard,
une flotte d'avions de combat SU-30SM est arrivée à la base aérienne de
Baranovichi, également dans l'ouest de la Biélorussie. Du 10 au 16 septembre
ont lieu des manœuvres conjointes de très grande ampleur, qui font suite à
un nombre record de manœuvres cette année. La rotation constante des forces russes se
traduit de fait par une présence permanente en Biélorussie.
Alors se repose la
sempiternelle question de l’ingérence démocratique dans ses multiples
versions : L’Amérique qui prétend imposer sa démocratie tous azimuts, tout
en ayant sa plus grande base au Moyen Orient au Qatar dont on connaît les liens
avec les Frères Musulmans, la France qui accueille depuis des décennies les
investissements de ce même pays, l’ONU qui finalement maintiendra des relations
avec les Talibans et poursuivra ses prochains versements pour plus de 600
millions de dollars. Les vols commerciaux vers Kaboul semblent reprendre. La France qui n’a pas de difficulté à
reconnaître le coup d’État au Tchad mais renâcle à accepter celui du Mali, ou ne
reconnaît pas le président-dictateur, mais parlera avec les Talibans. Bref, en
politique, c’est la faillite de l’ingérence démocratique, business as
usual !
La Biélorussie a compris qu'il vaut mieux s'allier avec son grand voisin plutôt que d'aller chercher un parapluie en Europe ou de l'autre côté de l'Atlantique !
RépondreSupprimerMonsieur Moritz,
Voilà déjà deux jours que je lisais et relisais votre article en tournant dans ma tête tout ce qu’il m’inspirait qui allait de : "Poutine, ce Russe qu’on aime détester » à : « Selon que vous serez Américain ou Russe les jugements vous feront blanc ou noir » en passant par ce constat paradoxal que les relations entre la France et l’URSS étaient bien meilleures, du temps du communisme, que celles de la France de Macron (soumise aux États-Unis) avec la Russie de Poutine, quand je suis tombée ce matin sur cet article incroyable :
https://www.lemonde.fr/international/article/2021/09/16/l-australie-rompt-le-contrat-du-siecle-avec-la-france-sur-les-sous-marins-au-profit-de-technologies-americaines-et-britanniques_6094854_3210.html
Qui donc disait que les États-Unis n’avaient pas d’alliés, qu’ils n’avaient que des intérêts ?
A bon entendeur …
Cordialement.
oui oui macron c'est ça deuxième gifle en 3 mois
RépondreSupprimerLaa Russie a toujours ete obsedee par ses frontieres bien definies et surtout bien defendables. Elle en a 3 qui sont telles: l'est ou la Russie est baignee par l'Ocean Pacifique, le Nord ou elle est baignee par l'Ocean Arctique et le Sud par le Caucsses et les deserts des "Stan" infeodees a Moscou depuis des siecles. Il reste l'Ouest et la il y a un probleme enorme: rien n'arreterait une attaque occidentale. Deux fois elle a ete tentee, 2 fois elle a echoue, mais comme on dit en France: jamais 2 sans 3. Si bien que la Russie pousse ses pions vers l'Ouest. L'accord avec la Bielorussie sera suivi d'un accord avec la Pologne, la Hongrie et la Roumanie qui savent tres bien ce que valent les promesses de l'Occident.
RépondreSupprimerBref tant que les Russes n'auront pas une frontiere occidentale baignee par l'Atlantique on n'aura que des inquietudes a se faire