Pages

lundi 16 août 2021

Pass sanitaire, un étrange silence par Maxime TANDONNET

 

PASS SANITAIRE, UN ÉTRANGE SILENCE


Par Maxime TANDONNET



Chacun a bien sûr le droit d’être pour ou d’être contre le pass sanitaire mais il est difficile d’y être indifférent. Son caractère désormais obligatoire pour les actes de la vie courante comme se rendre dans un restaurant ou prendre le train bouleverse bel et bien l’ordre des choses. Pour la première fois dans la France contemporaine, la nouvelle règle opère une discrimination (hors sanction pénale) entre des citoyens de plein droit et des citoyens privés de certains droits en rapport avec le quotidien, officialisant une forme d’exclusion.





Elle viole de plein fouet les promesses réitérées des plus hauts personnages de l’État ayant formellement promis à maintes reprises que jamais («jamais») une telle mesure – discriminante – ne serait mise en œuvre. Elle procède d’un climat de peur soigneusement entretenu et dont les fondements sont plus que douteux (les victimes déclarées du covid19, en ce moment 45 par jour, sont 7 fois moins nombreuses que celles de l’alcool et du tabac : 323). Elle engendre un monde de contrôle numérique ou chacun se fait le gendarme de tout le monde. Elle sacrifie la liberté individuelle en soumettant nombre d’activités à la détention de ce pass. Son utilité dans la lutte contre l’épidémie est profondément contestable à l’image de l’interdiction aux personnes qui en sont démunies de fréquenter les terrasses en plein air. Elle déchire une fois de plus le pays et divise les Français en ravivant un climat de guerre civile.

Tout cela devrait passionner, que dis-je, fasciner les intellectuels français prompts à s’enflammer pour toute sorte de micro-polémiques. Or, nous assistons à un silence absolu des grands noms de la littérature, de la philosophie, des médias et autres maîtres-penseurs. Où sont passés les intellectuels ? Il en est de même dans le champ politique. Les médias surexposent en ce moment une personnalité isolée et caricaturale (manière de discréditer une sensibilité). Mais pour le reste, les politiques supposés respectables se taisent ou se terrent face à un enjeu de société. Où sont passés les politiques ? Leur silence semble d’ailleurs proportionnel à leur ambition : éviter de se compromettre.

Alors, comment expliquer cette démission du monde intellectuel comme du monde politique ? D’abord, hélas par l’aveuglement, l’incompréhension de ce qui est en train de se passer : il ne suffit pas de se proclamer «intellectuel», d’être invité sur les plateaux de télévision, de disposer de tribunes multiples pour être lucide. Ensuite, par l’opportunisme : attendre de voir comment tout cela va tourner avant de prendre position. De même, par le conformisme : puisque cela vient d’un pouvoir supposé «progressiste», ce ne peut être que bien (que ne dirait-on des mêmes décisions prises par un pouvoir «populiste» ou juste droitier !). Enfin, par une forme de lâcheté, la frousse d’être catalogué «antivax» la nouvelle formule de diabolisation désormais pire que populiste ou complotiste (et mensongère car on peut rejeter le pass discriminant et liberticide tout en étant favorable au vaccin sur une base éclairée et volontaire).

On sent bien que le pays bouge dans ses profondeurs et qu’une grave explosion se prépare. En revanche, une fois encore, les supposées élites, politiques et intellectuelles ou la France dite «d’en haut», censées représenter les Français et apporter un éclairage à l’opinion, sont aux abonnés absents et largement à côté de la plaque. Et quand elles se réveilleront, il sera trop tard.

6 commentaires:

  1. Bonsoir Mr Tandonnet, toujours lucide face au silence de certain, en ce qui me concerne, je suis vacciné mais je suis contre tout control avec un "pass" d'autant que chez nous ce sont des arabes et des africains qui vont être à la sécurité et ça c'est totalement insupportable, demander une pièce d'identité est du ressort d'un officier de police judiciaire et non pas d'un serveur ou d'une caissière et j'en passe donc je cris LIBERTé et Résistance!! 2 nids Sabrié Stiller Goldenberg/Maury

    RépondreSupprimer
  2. Véronique Allouche7 août 2021 à 21:39

    @2 nids
    Les restaurateurs les cafetiers et les caissières n’auront pas à vérifier l’identité de leurs clients mais seulement leurs pass sanitaire. Par ailleurs j’ignorais que le service d’ordre était uniquement constitué d’Arabes et d’africains. Un peu de nuance dans vos propos serait bienvenu.

    RépondreSupprimer
  3. Vous avez raison en ce qui concerne la dangerosité du tabac et de l’alcool, qui coûtent cher en vies humaines et à l’économie comme à la solidarité nationale via les dépenses de santé remboursées par l’assurance maladie. Il faudrait taxer beaucoup plus tabac et alcool.
    Pour autant, ces comportements à risque ne sont pas immédiatement contagieux par aérosol.
    D’autre part nous sommes légitimement indignés lorsqu’un ivrogne au volant fauche des vies, ou lorsqu’une femme enceinte fume au détriment de la santé de son bébé à naître.
    Pourquoi ne pas être « le gardien de nos frères » en évitant qu’ils soient contaminés ? Se restreindre lorsqu’on n’est pas vacciné pour protéger autrui ? Ou bien faire passer l’individualisme pour une bataille pour la liberté ?

    RépondreSupprimer
  4. 200.000, peut-etre 300.000 personnes, voici les protestataires actifs contre le pass sanitaire, c’est à dire 0,0045% de la population française. C’est à dire rien. Ou plus exactement des idiots, purs égoïstes qui disent que l’on est en dictature, mais bien-sur ! Et qui veulent que l’on continue à être privé de vraie liberté et nous entraîner dans un confinement sans fin, des restrictions, etc... qui n’en ont pas marre de ce virus et de ces vies brisées. Mr TANDONNET, les victimes du Covid ce ne sont pas que des morts, votre comparaison avec d’autres fléaux n’a aucun sens. Le Covid, ce sont des milliers de gens à l’hôpital (et j’en suis sorti moi-même, en décembre, guéri par miracle, mais avec des séquelles). Pourquoi dans quasiment tous les autres pays, l’instauration du pass sanitaires est une chose naturelle, ne provoque pas autant de débats (montés évidemment en épingle par les médias), pourquoi une frange très étroite de Français sont toujours present à râler, protester, comploter... voilà une vraie question. Mais je pense que les intellectuels sont las de ce débat.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Faire descendre dans la rue, en plein été, 200 à 300 000 personnes (chiffres officiels, mieux que les samedis précédents), ce n'est pas rien, surtout à une époque où les citoyens, désabusés, se mobilisent assez peu, et préfèrent rester chez eux ou "manifester" derrière leur écran.

      Supprimer
  5. Ces gens feraient mieux de mettre leur énergie à manifester pour de vrais mesures contre le réchauffement climatique avant qu'on atteigne le point de non retour. C'est autrement plus angoissant qu'un vaccin ou un pass sanitaire. Et aller visiter quelques pays de vraie dictature, ils auront l'embarras du choix.

    RépondreSupprimer