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mercredi 14 juillet 2021

Lieberman expose son plan économique

 


LIEBERMAN EXPOSE SON PLAN ÉCONOMIQUE


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps


           


      Le test le plus important de la solidité du gouvernement hétéroclite sera à l'occasion du vote pour le budget. Selon la loi, un nouveau budget doit être adopté dans les trois mois, mais le gouvernement envisage de décaler l’approbation finale à 140 jours en raison des fêtes juives de septembre. A noter que si le budget n'obtient pas de majorité, la Knesset est automatiquement dissoute. Le gouvernement Bennett dispose d’une très courte majorité liée aux aléas et à l’humeur du moment de certains députés, ce qui rend le vote symbolique par une Knesset indépendante. Le ministre des finances Avigdor Lieberman a déjà annoncé la tendance : «Nous poursuivrons une politique d’État très responsable sans réductions, sans impôts, mais avant tout une politique responsable. Nous ne deviendrons pas fous avec toutes les pressions politiques. Ma politique est claire – croissance, emploi, efficacité économique et filet de sécurité».



Centrale solaire


En outre il prévoit d’investir massivement dans de grands projets d’infrastructure et d’adopter des normes internationales, telles qu’un taux d’imposition des sociétés de 15%. Il s’agit surtout de ne pas augmenter le déficit structurel (dépenses supérieures aux recettes). Le déficit budgétaire en 2020 s’élevait à 160 milliards de shekels (49 milliards de dollars), soit 11,6% du produit intérieur brut, en raison des aides aux ménages et aux entreprises pour faire face au covid-19. En 2019, le déficit était de 3,7% du PIB, au-dessus d'un objectif de 2,9%. Pendant deux ans les gouvernements intérimaires ont été dans l’impossibilité de voter un budget tenant compte de mesures fiscales appropriées. Actuellement le budget est géré sur la base de celui de 2018. La Banque d'Israël prévoit un déficit budgétaire de 8,2% en 2021 et 3,6% en 2022 avec une croissance économique de 6,3% cette année après une contraction de 2,6% en 2020.

Le budget préparé par Lieberman, conçu sur la base d’une attaque aux monopoles néfastes, est fondé sur trois piliers : l’encouragement à l’emploi et à l'investissement dans le capital humain pour aider les défavorisés, le développement des infrastructures et les mesures d'efficacité et de réforme de la règlementation.



Le gouvernement veut réduire le coût de la vie en libérant les importations bloquées par les monopoles qui imposent leurs prix et leurs marges. Dorénavant, tout produit vendu en Europe pourra être importé en Israël sachant que dans beaucoup de cas le prix à l'étranger est inférieur de 30% à celui pratiqué en Israël. L’ouverture officielle aux importations parallèles est enfin actée dans l’intérêt des consommateurs.

Pour stimuler l’emploi auprès des couches défavorisées, une réforme en profondeur de la formation professionnelle est prévue pour la rendre adaptée aux besoins de l'économie. Cette réforme favorisera l'emploi des religieux orthodoxes qui seront poussés de plus en plus au travail et de certaines communautés arabes.



La rareté des logements entraine actuellement un coût prohibitif. Pour combler la demande, l’État a besoin de 55.000 logements nouveaux tous les ans or seuls 45.000 sont mis en construction. Ce déficit s’accroit d’année en année. Dans l'urgence, Lieberman envisage donc de transformer de nombreux bureaux vides dans les périphéries en appartements.  Des zones uniquement réservées aux bureaux et aux espaces commerciaux deviendront mixtes grâce à des unités résidentielles en espérant que des milliers de logements par an seront disponibles pour les jeunes et les seniors au cœur de quartiers à forte demande.

Le gouvernement veut encourager les investissements dans la technologie pour maintenir le leadership d’Israël en simplifiant les procédures de création, en favorisant les fusions et acquisitions, en développant les investissements étrangers providentiels sur la base d’une exonération fiscale des intérêts sur un prêt étranger, en étendant les domaines d’activité  des entreprises technologiques en Israël, en favorisant la participation israélienne au programme européen de R&D et enfin en développant un plan pour stimuler le transfert de technologie des universités vers l'industrie.

Chercheurs au Technion


Lieberman veut limiter les obligations de licence d’entreprise indispensable pour la création de certaines sociétés. Le processus d'octroi d’une licence est donc coûteux et prend du temps. Un comité sera chargé de modifier les exigences d'obtention d'une licence et d’en réduire le coût pour développer le tissu industriel.

Le règlement des permis de construire, soumis à des longues procédures et souvent à de la corruption, sera modifié. Le Contrôleur de l'État avait déjà signalé que l'obtention d'un permis de construire en Israël était un processus très long qui limitait les efforts pour augmenter l'offre de logements. Pour l’instant il faut passer par le comité local du bâtiment. Selon les nouvelles normes, un architecte expérimenté et agréé pourra signer un permis de construire sans passer par le comité de construction et recevra à postériori l'approbation de la conformité de la construction.



Le gouvernement veut pratiquement faire disparaitre le papier dans l’administration par le développement des services numériques gouvernementaux. Le principe de «zéro papier» sera appliqué pour être dans les normes de l’ONU. Toutes les procédures seront développées par voie numérique pour économiser jusqu’à 200 millions de shekels par an.

Pour faciliter le passage à l’énergie verte, chaque résident d'un immeuble aura le droit d'installer une infrastructure pour une borne de recharge pour son véhicule électrique sans avoir besoin d'obtenir le consentement des autres occupants ou du Vaad. Tous les nouveaux bâtiments devront disposer d'une structure de base pour les points de recharge. Les bus électriques profiteront d’une procédure accélérée pour structurer leur recharge et d’une évolution fiscale plus adaptée.



Il restera au gouvernement à apporter des retouches au projet et ensuite à la Knesset de voter le budget en espérant que l’intérêt du pays primera sur le sectarisme des députés. Faire tomber le gouvernement ne doit pas être l’objectif permanent de l’opposition qui doit être digne, ne pas s’opposer pour le principe, sans cesse et sans raison politique valable. Une opposition doit être capable de concevoir des propositions de lois complémentaires à celles du gouvernement pour le bien des citoyens, avec l’espoir de voir un gouvernement ouvert les appliquer même si elles viennent de l’autre bord.

Et je vous dit merci pour avoir trouvé une autre utilisation des brouettes


L'opposition politique véritable est un attribut nécessaire de la démocratie, de la tolérance, et de la confiance dans la capacité des citoyens de résoudre leurs divergences pacifiquement. Il s’agit de favoriser également l'expression du droit à la dissidence exercé de manière civilisée. Elle doit calmer parfois les ardeurs du gouvernement, ses emportements, ses aveuglements parfois. L’opposition constitue certes un contre-pouvoir intelligent. Elle permet d’éviter que la majorité, une fois parvenue au pouvoir, n’ait pas la tentation de mener une politique portant atteinte aux droits et libertés. Elle dispose du droit de mettre en cause la responsabilité gouvernementale devant la Knesset par une motion de censure qui, adoptée par 61 députés fait tomber le gouvernement et entraine de nouvelles élections. Mais encore faut-il que cela ne soit pas systématique dans une atmosphère de revanche et pour des raisons injustifiées. Le gouvernement a trois mois pour convaincre.

3 commentaires:

  1. Voici un projet de budget qui donne le sentiment de se préoccuper, uni, de l'intérêt national.
    Effectivement, si les politiques sont capables de dépasser les clivages habituels ce sera une reele chance pour le pays.
    La diversité des mesures préconisées laissent à penser que ce budget ne doit rien au hasard mais semble s'inspirer d'une observation objective et d'une réflexion attentive.
    Personnellement, je vois dans la baisse de coût des logements un encouragement certain pour des gens comme moi qui ne sont pas assez riche pour acquérir un petit logement, et, surtout, pour tous ces jeunes qui caressent le même rêve.

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  2. Ne gâchons pas la fête des optimistes mais "le test le plus important de la solidité du gouvernement hétéroclite sera à l'occasion"(sic)... de la prochaine attaque en représaille obligée de Tsahal contre le Hamas puisque le représentant du parti arabe a déclaré publiquement qu'en cas d'attaque du Hamas par Israel il ferait tomber le gouvernement.(resic)
    A moins qu'il ne s'agisse de propos vains de politiciens pour endormir la rue arabe en disant une chose puis faire le contraire de ce qu'on dit en trouvant des prétextes.
    Mais s'il dit vrai la populaton israélienne peut-elle etre prise en otage par un vulgaire chantage qui lie pieds et poings une armée de défense sous les ordres dun gouvernement paralysé?
    Le gouvernement "hétéroclite" n'a plus qu'à prier-profitons en, on est en Israel!- pour que le Hamas reste calme "un certain temps" selon l'excellente formule de Fernand Raynaud.
    A suivre...

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  3. Lieberman propose un budget de forte tendance libérale en délivrant le pays de contraintes administratives , en attaquant les monopoles et oligopoles qui affament les consommateurs...rien de bien nouveau depuis Kahlon. Mais travaillistes et gauche extrême attendent un budget de redistribution sociale qui n’est en rien prévu par Lieberman! Il faudra trouver une majorité alternative que le
    «  minorité «  n’entend pas apporter!
    André Simon

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