RADIO-J journal du 14 juin 2021
FIN DE L’ÉPOPÉE NETANYAHOU, UN
NOUVEAU GOUVERNEMENT STABLE
J.BENILLOUCHE au micro de Steve NADJAR
Il y a quelques semaines,
personne n’aurait parié un shekel sur le départ de Benjamin Netanyahou. On
connaissait le personnage capable de sortir toujours un nouveau lapin de son
chapeau pour se maintenir au pouvoir car il misait sur la faiblesse humaine des
hommes politiques, toujours à la recherche d’honneurs. Mais malgré ses efforts
de dernière minute, il n’a pas réussi. Malgré les ouvertures offertes par
l’ancien premier ministre, plus personne n’a voulu croire dans ses promesses
jamais respectées. La déception de Netanyahou était grande au point qu’il n'est pas intervenu lors du désordre organisé par ses fidèles au moment du discours d'investiture de Bennett à
la Knesset. Un seul mot, un seul geste de sa part face à ses amis du Likoud
aurait été digne pour mettre fin au brouhaha inadmissible et anti démocratique
des députés vaincus.
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Il attendait l’incident, le méchant mot lâché par
celui qui devait le remplacer ou une dernière prise de position d’un «traitre»
pour modifier la finalité du scrutin. Bennett est resté digne face aux
accusations «d’idiot utile» de Bezalel Smotrich et au discours assassin de
Netanyahou qui espérait encore le miracle. Il s’en est fallu de peu, d’une voix
pour que tout s’effondre. A la dernière minute, le député Saeed Alharomi du
parti de Mansour Abbas s’est abstenu contrairement aux autres membres de sa liste
Raam. Par ailleurs la député francophone Émilie Moatti, hospitalisée, a exigé
de se rendre en brancard à la Knesset pour voter et offrir la courte majorité à
Lapid et Bennett. Elle souffre d'une maladie de la colonne vertébrale,
une infection rare après un examen médical de routine qu'elle a subi la semaine
dernière, et qui l’empêche de se tenir debout. Mauvais perdant, le chef de l'opposition
Benjamin Netanyahu a annoncé qu’il refusait toute cérémonie d'inauguration
officielle et qu’il se contenterait d’une «réunion de transition». Il
est triste que toutes les vies politiques se terminent toujours par un échec.
L’autre déception est
venue des députés Arabes qui ne ratent jamais l’occasion de rater une occasion. L’occasion leur avait été donnée par
le chef de Raam, Mansour Abbas, non pas de participer à un gouvernement mais de
le soutenir. Il n’y avait aucune commune mesure entre le Likoud et ses alliés de
l’extrême-droite et les partis modérés de Lapid et de Bennett. Le chef de la
liste arabe unie Ayman Odeh et son ami Ahmed Tibi auraient pu saisir la perche
qui leur était tendue, non pas en entrant au gouvernement mais en votant pour
lui, en le soutenant sans être actif à ses côtés. Pourtant Netanyahou avait dit
«Bibi ou Tibi». Tibi peut se glorifier d’être toujours là. On croyait Odeh revenu à de meilleurs
sentiments quand il avait déclaré que le nouveau gouvernement laissait «place
à la joie, mais pas à la complaisance». Il aurait pu amorcer un virage fondamental
pour faire partie progressivement de l’espace politique israélien. Il restera
dans une opposition stérile en n’apportant rien de concret à sa communauté.
La nouvelle majorité a mis
fin aux 12 années de règne sans partage de Netanyahou qui a dû souffrir de voir
le spectacle de ses amis quitter les sièges de la table du gouvernement et de
devoir lui-même quitter le siège de premier ministre. Il a tenu à entacher son
départ par une attaque anti-américaine. Dans son dernier discours, il a voulu
mettre en difficulté son successeur en critiquant le retour
de Joe Biden à l'accord nucléaire iranien, et en assurant que Bennett serait incapable
à tenir tête à Washington. Un procès d’intention indigne d’une solidarité
nationale : «L'administration à Washington m'a demandé de ne pas
discuter publiquement de notre désaccord sur l'Iran, mais avec tout le respect
que je vous dois, je ne peux pas faire ça. Bennett n'a pas la stature
internationale, les connaissances, le gouvernement ou le public pour le prendre
au sérieux dans la lutte contre la menace iranienne. Un Premier ministre
israélien doit être capable de dire non au président des États-Unis sur des
questions qui mettent notre existence en danger. Je serai heureux si cela
ne se réalise pas, mais à partir du moment où les États-Unis reviendront à
l'accord iranien, ce gouvernement n'approuvera pas les opérations contre l'Iran
pour arrêter leur armement. Je me battrai quotidiennement contre ce
gouvernement de gauche terrible et dangereux afin de le renverser».
On ne pourra juger ce
gouvernement que sur ses actes sans lui faire de procès d’intention. Il existe
au sein de la nouvelle équipe de bonnes pointures politiques qui n’ont rien à
envier aux ministres passifs du Likoud, voire aux marionnettes du précédent
pouvoir. Le premier ministre sera bien épaulé. D’ailleurs le président Joe Biden
n’a pas attendu plusieurs jours, comme Netanyahou, pour rendre hommage à Naftali
Bennett : «Je félicite le Premier ministre Naftali Bennett, le Premier
ministre adjoint et ministre des Affaires étrangères Yaïr Lapid, et tous les
membres du nouveau cabinet israélien. J'ai hâte de travailler avec le premier
ministre Bennett pour renforcer tous les aspects des relations étroites et
durables entre nos deux nations. Israël n'a pas de meilleur ami que les
États-Unis».
Le nouveau
gouvernement doit se mettre au travail. Il y a urgence à débloquer certaines
situations volontairement laissées en suspens par Netanyahou. Une certitude
cependant, le changement de leadership en Israël s’est fait dans une totale
transparence et en toute démocratie.
RépondreSupprimerVoilà plusieurs jours qu'on entendait tout, et son contraire, sur Israël !
Ce matin quand, sur ma radio préférée, le sujet fut à nouveau à l'ordre du jour, j'avoue que je ne lui accordai qu'une écoute des plus flottantes quand, allez savoir pourquoi, cela se mit à chanter dans ma tête ?
"Rame, rame, rameurs ramez..." disait la chanson qui me ramena sur terre !
https://www.youtube.com/watch?v=RXEGevhCOqQ