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jeudi 27 mai 2021

Guerre Hamas-Israël, réactions pavloviennes et politiques par Dr Gérard ZEITOUN

 


GUERRE HAMAS-ISRAËL, RÉACTIONS PAVLOVIENNES ET POLITIQUES


Par le Dr Gérard ZEITOUN

Gastro-entérologue

 

Ivan Pavlov

          Une réaction pavlovienne est une réaction tout à fait normale du corps des animaux (et des êtres humains bien entendu) réagissant automatiquement à une stimulation. Par exemple, l'estomac du chien sécrétera de l'acide gastrique avant même de commencer son repas. Or, cette réaction pavlovienne peut être conditionnée. Ainsi, si on provoque un petit choc électrique aux chiens d’expérimentation à chaque fois avant de leur donner leur repas, ils finiront, à la longue, à avoir une sécrétion d’acide gastrique au simple choc électrique avant même que le repas ne leur soit présenté. Y-at-il des réactions pavloviennes conditionnées chez les êtres humains ? Oui. On pourrait même dire que les humains sont les plus conditionnables de tous les animaux. Comment ? L’exemple des parents, l’éducation qu’ils en reçoivent, et aussi la religion qui leur est, ou non, inculquée. Ainsi, on a des réactions stéréotypées de génération en génération, propres à chaque peuple.



Manifestations Mont du Temple mai 2021


          Il est évident que la guerre qui vient de se terminer entre l'État d'Israël et le Hamas de la bande de Gaza est consécutive aux manifestations contre les Palestiniens d'Israël et de Cisjordanie qui ont été empêchés d'aller prier sur le Mont du Temple (ou esplanade des Mosquées) comme ils le font tous les vendredis, d’autant que ce vendredi-là était le dernier vendredi du mois du Ramadan. Il y a eu des manifestations de colère des Palestiniens, et évidemment, le Hamas a réagi en envoyant le premier sa salve de roquettes sur Israël, provoquant la réaction attendue de l'État d'Israël.

          Alors, il est classique de dire que c'est le Hamas qui a commencé cette guerre. Il n'en n'est rien. Ce sont les provocations d'Israël qui en sont à l'origine. Tout comme ont été les provocations répétées de Nasser avant la guerre des Six-Jours qui ont entrainé l'attaque préventive de l'Etat hébreu. La force des grands hommes d’État est de pouvoir sortir de ces réactions conditionnées. J’en vois deux exemples majeurs : le Mahatma Gandhi et Nelson Mandela. A noter que tous les deux étaient en faveur de la création d’un État palestinien à côté d’Israël, alors même que Gandhi avait un grand ami juif lorsqu’il était en Afrique du Sud.

Mandela - Gandhi


          Quelle était la méthode de l’avocat Gandhi pour vaincre l’Angleterre ? La résistance passive, et l’application de la loi anglaise.  Les Palestiniens devraient s’en inspirer s’ils veulent vraiment créer leur État dans la paix et la bonne entente avec leur voisin de palier. Comment aurait agi Israël si les Palestiniens s’étaient contentés à faire un sitting sans violence autour de l’Esplanade des Mosquées ?

          Moi-même j’ai été victime d’un conditionnement : ainsi, lorsque les Noirs d’Afrique du Sud avaient recouvré leur dignité grâce à la force de caractère du Noir Mandela, en collaboration avec le Blanc De Klerk, j’étais sûr qu’il y aurait eu un bain de sang vengeur des Noirs contre les Blancs. Mon conditionnement ? Les massacres de la guerre du Biafra. Il n’en a rien été et des commissions ont été mises en place pour purger, par l’échange de paroles, l’Afrique du Sud de cette période sombre de leur histoire. Mandela est arrivé à ce résultat après un long et douloureux cheminement auquel il a su faire face.     

          La question qui se pose est de savoir pourquoi Israël a provoqué cette crise. La raison en est simple, et en un sens, le premier ministre israélien a réussi dans son projet (grâce, en particulier à la réaction du Hamas, qui avait d’autres intérêts dans cet affrontement) : torpiller l’alliance qui allait se créer, d’où il en serait exclu, dans la mesure où il n’a pas réussi à former un gouvernement viable au décours des quatre dernières élections. 

          Il y a eu des morts des deux côtés, beaucoup plus du côté palestinien, mais plus que le nombre de morts, c’est la façon de mourir qui marque les esprits. Les Palestiniens meurent pour une bonne cause : la création d’un État indépendant et libre, ce qui n’est pas le cas du côté israélien qui l’ont depuis 1948. Il faut, bien entendu, que cet État d’Israël soit reconnu formellement par tous les Palestiniens. Qu’il y ait échange de paroles entre les deux peuples, comme il en existe déjà, et non échange de coups de feu.  Le nombre des morts pour certains hommes politiques n’est, hélas, rien qu’une variable d’ajustement à des fins politiques.     

3 commentaires:

  1. « Les Palestiniens meurent pour une bonne cause ». On entend souvent, de leur part, que leur première cause est la disparition d’Israël. Est-ce une bonne cause ? Ils ont également eu à de nombreuses reprises, à commencer par le partage de 48, l’occasion d’avoir une État. Pourquoi l’ont-ils refusé ?
    Peut-être que des hommes politiques israéliens jouent des jeux dangereux condamnables, mais votre absence de doute et votre façon d’argumenter ne m’encourageront pas à vous consulter comme médecin.

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  2. Jacques BENILLOUCHE24 mai 2021 à 05:11

    @V.Jabeau
    Cela devient une constante chez les Francophones qui, en manque d’arguments, attaquent personnellement les chroniqueurs au lieu de critiquer les idées. Pourtant l’article 4 de nos règles de commentaires stipule bien : «Comme les chroniqueurs ne sont pas là pour se faire insulter, les commentaires agressifs et injurieux seront éliminés».

    Nous avons passé votre commentaire pour mettre en évidence, auprès de nos lecteurs, l’inanité de votre comportement peu courtois à l’égard de quelqu’un qui, contrairement à vous, a pris le temps de la réflexion et de l’écriture. Vous n’en êtes pas capable. Vous avez l’honneur d’une réponse mais vous ne la méritez pas.

    La rédaction

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  3. Marianne ARNAUD24 mai 2021 à 14:50

    En préambule, il ne me paraît pas inutile - au moment où une polémique qui, selon moi, n'a pas lieu d'être, a l'air de se mettre en place sur le site Temps et Contretemps - de préciser que je n'ai aucune expertise particulière, et ne dispose d'aucune légitimité autre à m'exprimer, que celle que veut bien m'accorder Jacques Benillouche.

    Docteur Zeitoun,

    Loin de moi l'idée de contester votre analyse qui me semble frappée au sceau du bon sens.
    Mais néanmoins, je continue à m'interroger : est-ce que les conflits régionaux quels qu'ils soient, ne s'inscrivent pas aussi et peut-être avant tout, dans des conflits de dimension planétaire qui les dépassent ?
    Le conflit israélo-palestinien n'est-il pas partie de la guerre civilisationnelle que se livrent l'Occident et l'Islam ?
    Quant aux deux héros - Gandhi et Mandela - que vous nous proposez - loin de dénier leur mérite - ne font-ils pas cependant partie de ces héros que l'Histoire met en lumière au moment où elle en a besoin ?
    C'est en tous les cas, l'idée qui m'est venue en me rappelant une autre héroïne de notre histoire : Jeanne d'Arc.
    Souvenez-vous : la Guerre de Cent Ans, qui a débuté en 1337 quand le roi d'Angleterre Édouard III prétend s'emparer de la couronne de France, s'est terminée en 1453 par la victoire de Castillon où le roi de France Charles VII, boute définitivement le roi Henry VI hors de France.
    C'est entre ces deux dates que s'inscrit la geste de Jeanne d'Arc (1412-1431).
    Or comment ne pas remarquer que c'est après la défaite de 1870, qu'en France, on se met à implorer Jeanne d'Arc ?
    Ce n'est qu'en 1874 que le pape Léon XIII, veut bien introduire son procès en vue de sa béatification par l'Église.
    Mais ce n'est qu'en 1920, au lendemain de la Première Guerre mondiale, que Jeanne d'Arc sera enfin canonisée, et qu'elle sera consacrée, après la Vierge Marie, la deuxième patronne de la France !

    Cordialement.

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