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vendredi 9 avril 2021

RadioJ du 7 avril : La situation politique en Israël

 

RADIO-J : JOURNAL DU 7 AVRIL 2021

LA SITUATION POLITIQUE EN ISRAËL


Jacques Benillouche au micro de Christophe Dard



Le cordon ombilical n’a jamais été rompu entre Benjamin Netanyahou, Gideon Saar et Naftali Bennett. Ils ont donné l’impression d’en être partis mais en réalité ils sont attachés au Likoud qu’ils ont quitté malgré eux, parce qu’ils n’avaient pas reçu la place qu’ils estimaient devoir occuper. Gideon Saar et Naftali Bennett ont fait illusion dans une mise en scène d’opposants irréductibles à Netanyahou. Ils ont renoncé dès que les difficultés sont apparus. D'une part leur faible résultat aux élections et d'autre part, le rejet de certaines alliances contre nature. Ils ont cru faire peur au leader indéboulonnable mais se sont heurtés à un mur d’inconditionnels qui gardaient la maison et qui protégeaient leur leader.


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Ils savaient qu’ils n’avaient rien de commun avec les Travaillistes et Meretz, aucune affinité avec Yaïr Lapid, aucune concordance d’idées avec Avigdor Lieberman mais aucune animosité contre Benny Gantz. Ils ne se voyaient pas travailler sous leur contrôle après avoir rompu avec les Juifs orthodoxes exclus du clan qu'ils devaient rejoindre. Ils ne sont pas du même monde politique, celui de la droite pure et dure, celui des implantations définitivement acquises et de leur annexion. Alors ils ont organisé un théâtre d’ombres mettant en scène le gentil et le méchant, chacun jouant le rôle qui lui était assigné, pour faire croire qu’ils pouvaient rassembler deux mondes conflictuels.

En fait ils ont joué leurs cartes personnelles pour faire monter les enchères et pour se rendre indispensables auprès de Netanyahou. Et plus ils obtenaient des concessions de Lapid qui les a mis au pied mur et plus ils esquivaient leur décision finale. Ils n’ont pas recommandé Netanyahou, en revanche l’un s’est autoproclamé candidat au poste de premier ministre tandis que l’autre est resté dans le vague pour décider de ne pas décider, pour attendre que l’orage des élections passe et ne pas s'engager vers une impasse.

            Le seul qui ait compris leur manège a été le président Réouven Rivlin qui s’est trouvé face à deux imposteurs qui lui ont joué une musique qu’il connait parfaitement, lui l’avocat expert en politique, entré au Likoud à 31 ans et qui a trainé dans tous les gouvernements et sous toutes les mandatures de la Knesset. Il a vite compris que Saar n’était pas prêt à prendre le risque de constituer un gouvernement sans l’appui de Netanyahou. Il avait cherché à prendre le leadership du Likoud mais face à la décision suprême il a reculé. C'était uniquement un bon second.



Pourtant Réouven Rivlin était libre de son choix. Il avait annoncé que «d’autres considérations pourraient entrer en jeu comme la stature morale du candidat à la tête du parti qui a recueilli le plus de voix», sous-entendu qu’il refusait l'option Netanyahou mais ne croyait pas à la candidature de Bennett. En revanche, celle de Saar cochait toutes les cases. Donc, il y a eu d’une part les discours devant les caméras et d’autre part les négociations dans les alcôves du pouvoir. Il savait qu’un gouvernement de droite était la seule solution pour combler les désidératas des Israéliens mais encore fallait-il que les impétrants s'engagent.

Alors il avait cité une phrase d’Abraham Lincoln, repise en 1977 par Menahem Begin son mentor : «Avec méchanceté contre personne, avec charité pour tous, avec fermeté à droite, efforçons-nous de terminer le travail dans lequel nous sommes engagés, pour panser les blessures de la nation». En vieux renard, il avait compris que l’unité du peuple reviendrait avec le départ de Netanyahou qui avait fait son temps. Mais personne n’a voulu tuer le père par manque de courage, par opportunisme, par conscience légitimiste et donc c’est un euphémisme de dire que Rivlin ne voulait pas désigner Netanyahou sauf si aucune autre solution de recours à droite n’était envisageable.

 Il a été surtout meurtri d’avoir été berné et pris pour un vieux benêt, un naïf, alors que les jeux étaient déjà faits avant d’avoir commencé. Des négociations secrètes avaient été entamées car il était persuadé que l’intérêt du pays exigeait le départ consenti de Netanyahou, empêtré dans ses réunions avec ses juges, trois fois par semaine. Il avait parlé de morale dans son choix mais il a constaté que l’on n’a pas tenu compte de ses souhaits de moraliser la vie politique. Cela explique qu’il ait refusé de poser pour la photo officielle à la Knesset pour ne pas figurer aux côtés d’un premier ministre superstar et de deux comédiens de série B. Il a voulu finir son mandat la tête haute après avoir tenté de réconcilier les extrêmes, lui le «faucon» du Likoud avait évolué dans l’intérêt du pays.  Il part sur une déception pour ne pas dire un échec. Mais l’Histoire retiendra de lui qu’il a été un président digne, neutre, ouvert, et que ses convictions ancrées à droite n’ont jamais influencé décisions.

 

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