CONFLIT
RHÉTORIQUE ENTRE ISRAËL, LES ÉTATS-UNIS ET L'IRAN
Par Jacques BENILLOUCHE
La Maison Blanche a aussitôt utilisé des termes peu
diplomatiques à l’égard des Israéliens : «Taisez-vous ; arrêtez de
parler de l'Iran». Elle estime que ces déclarations intempestives gênent le
processus de négociation sur le dossier nucléaire rétabli à Vienne de manière
indirecte par l'intermédiaire des Européens. Il s’agit à la fois d'influencer
l'Iran dans les négociations et également d’exercer des pressions sur Israël
qui, semble-t-il, est responsable de l’explosion qui a endommagé sérieusement
la centrale nucléaire iranienne de Natanz. Les Israéliens et certains pays
arabes manifestent leur opposition à cette reprise des négociations et donc à
un éventuel nouvel accord.
L’administration Trump a causé une grave crise
économique en Iran mais avec la prise de fonctions de Joe Biden le 20 janvier, les
tensions, qui avaient atteint un pic à la suite de l’assassinat du général
Soleimani à Bagdad le 3 janvier 2020, ont nettement baissé. Par ailleurs l’équipe
de politique étrangère et de sécurité nationale du nouveau président américain,
issue en grande partie de la présidence Obama, connaît parfaitement l’accord de
Vienne (JCPoA, Joint Comprehensive Plan of Action) pour l’avoir négocié. Les
efforts diplomatiques de ces derniers jours prouvent la volonté de Joe Biden de
vite concrétiser dans le cadre des négociations indirectes à Vienne. L’Union
européenne, fidèle à sa politique de passivité, veut intervenir comme médiatrice
entre les deux parties.
Abbas Araghchi |
À Vienne, deux commissions planifient un agenda pour
la levée des sanctions américaines et pour le respect des engagements
nucléaires iraniens. La délégation iranienne est dirigée par Abbas Araghchi,
directeur politique du ministère des Affaires étrangères iranien, accompagné de
hauts responsables du ministère du Pétrole et de la Banque centrale iranienne.
Robert Malley représente les États-Unis, un rôle qu’il avait déjà tenu en 2015.
L’enjeu des négociations est important car, après la
sortie unilatérale américaine de l’accord du 8 mai 2018, l’Iran enrichit
actuellement son uranium à 20 %, niveau nettement supérieur à la limite fixé
par l’accord et limite l’accès des experts de l’AIEA. Si Israël est bien sûr
opposé aux négociations actuelles, les Républicains américains et certains pays
arabes, dont l’Arabie saoudite, ne veulent pas que les négociations
aboutissent. Ils ne veulent surtout pas la levée des sanctions économiques qui permettraient
à l’Iran de redresser son économie et de poursuivre ses ambitions régionales.
C’est dans ce contexte que s’insèrent les récentes actions israéliennes à
l’égard de l’Iran, en particulier l’attaque, le 6 avril, d’un navire iranien qui
transférait des armes pour les Houthis au Yémen et l’attaque du 11 avril du
complexe nucléaire de Natanz symbolisant le degré d’infiltration du Mossad. Une
explosion aurait mis hors service le système d’électricité et détruit plusieurs
centaines de centrifugeuses avec l’objectif de ralentir le programme nucléaire
iranien.
Par représailles, les Iraniens ont adopté une ligne plus dure. Abbas Araghchi a annoncé que l’Iran enrichirait l’uranium à 60 % à partir du 14 avril, date de la reprise des négociations à Vienne. Il semble que l’objectif des actions israéliennes consiste à ralentir le rapprochement entre Téhéran et Washington et à perturber les efforts diplomatiques en cours à Vienne. On ignore si les Américains étaient informés du plan israélien donnant l’impression qu’ils jouent la scène du gentil et du méchant flic ; les Israéliens faisant le sale boulot sachant que l’Iran n’a pas intérêt à entrer en conflit ouvert car sa priorité est la levée des sanctions, une reprise économique et la gestion de la crise sanitaire.
L’élection présidentielle
iranienne du 18 juin pourrait changer radicalement la situation d’autant plus
que la corruption, l’incompétence des fonctionnaires iraniens et l’absence de
liberté ont provoqué un très fort mécontentement au sein de la population
iranienne qui hésite à se rendre dans les bureaux de vote. En cas d’échec des
négociations, la stabilité du Moyen-Orient pourrait être davantage encore
menacée.
Une délégation israélienne de haut rang se rendra à Washington dans les semaines à venir pour rencontrer ses homologues américains et discuter de l'accord nucléaire de 2015 avec l'Iran.
Israël dispose de quelques jours pour réorienter la position américaine avec une forte délégation sécuritaire envoyée à Washington, comprenant le chef d’État-major de Tsahal Aviv Kohavi, le chef du Mossad Yossi Cohen et le chef de la sécurité nationale Meir Ben Shabbat. Mais en raison des troubles actuels avec Gaza, Aviv Kohavi sera remplacé à Washington par le chef du renseignement militaire, le général de division Tamir Heiman et le chef de la direction de la stratégie et du troisième cercle, le général de brigade Tal Kalman.
Ils aborderont ensemble les dangers de l'accord nucléaire et essayeront d'obtenir des garanties sécuritaires comme la cessation des constructions de missiles balistiques. Ils présenteront des preuves imagées que l'Iran avance dans ses projets de missiles nucléaires et balistiques militaires, visant à dominer la région. Israël veut convaincre les Américains qu’un assouplissement des sanctions, encouragerait Téhéran à renforcer ses pouvoirs contre les intérêts américains et occidentaux en général, et qu'il nuira à Israël et aux alliés arabes de Washington.
Rivlin et les chefs sécuritaires |
Cette visite, pour l'instant reportée
en raison des troubles à Jérusalem et des tirs depuis Gaza, est la preuve de
l’unanimité retrouvée des dirigeants sécuritaires israéliens qui ont adopté un
revirement politique sur l’Iran. Ils s’étaient en effet opposés à la position de
Benjamin Netanyahou, pendant plus de 12 ans, car ils refusaient d’envisager une
intervention militaire pour détruire le projet nucléaire iranien. Il le fait
savoir en organisant de nombreuses fuites médiatiques sur ses opérations
secrètes. Nombreux sont ceux qui sont convaincus que ces fuites sont volontaires car elles représentent un
message direct à l'intention de l’Iran, voire des États-Unis. Affaire à suivre…
Tout ce qu'a fait Trump ,c'est d'avoir encore plus rapproché l'Iran de la Russie et de la Chine .Tout le monde sait que l'Iran n'a pas abandonné ses recherches depuis plus de 30 ans pour arriver à ses fins et aucun pays ne pourra l'en empêcher .Mieux vaut alors le contrôler ,comme avec le Pakistan ,bien plus anti Israël
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RépondreSupprimerCher monsieur Benillouche,
Finalement la grande chance d'Israël est que nous ne sommes plus au temps où une simple dépêche mal interprétée pouvait mettre le feu aux poudres et enclencher une guerre des plus funestes.
https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9p%C3%AAche_d%27Ems
Donc et comme vous le dites, affaire à suivre !
Très cordialement.
D'autres pensaient aussi controler Hitler... "puisqu'on ne pouvait pas l'empecher." Jusqu'au jour où il a mis ses paroles en action parce qu'il en a eu les moyens. Les gauchistes pacifistes portent la responsabilité d'une cinquantaine de millions de morts. Ils sont prets à recommencer sur le dos d'Israel... qui pour sa survie dans la région doit envoyer paitre s'il le faut les occidentaux.
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