BILAN D’UNE CAMPAGNE ÉLECTORALE TERNE
Par Jacques BENILLOUCHE
Leaders des partis en compétition |
Et pendant ce temps, Netanyahou bat le pavé, ne
laissant rien au hasard, distribuant des promesses à qui veut l’entendre, aux
orthodoxes d’abord qui constituent l’ossature de sa coalition, aux Arabes ensuite
dont on sait qu’ils sont 30% à voter Likoud, et enfin aux Bédouins qui ont reçu
des promesses de dons du gouvernement. Il ne laisse rien au hasard en
s’exposant auprès des Francophones qui ne pèsent pourtant pas lourd et même
auprès d’un couple de jeunes mariés pris sur le vif pour montrer sa proximité
avec le «peuple». Il est sur tous les fronts, de manière quotidienne
pour s’affirmer sur la scène politique comme un jeune débutant qui veut se
faire connaitre. Sa communication est huilée et les vingt gardes du corps qui
l’entourent en permanence lui permettent d’éviter le débordement de ses
militants. C’est une bête de pub et un expert des campagnes électorales, qui ne
laisse rien au hasard.
Il sait qu’à présent sa plus grande menace vient de
la droite, en particulier de ses adversaires Gideon Saar et Naftali Bennett,
dont les états de service en font des alternatives viables auprès de ceux des électeurs
de droite désenchantés par la gestion de la pandémie et de la durée du premier ministre à son poste. Netanyahou garde sous le coude
son arme ultime et favorite qui l’a sauvé en 2015 et qu’il utilisera en dernier
ressort si les sondages restent négatifs pour lui. Il manipulera alors les peurs,
réelles et fondées, ou fabriquées et attisées, pour obtenir la soumission et le
consensus de la population hésitante devant l’aventure : peur du terrorisme,
peur des Arabes, peur du nucléaire iranien, peur du Hezbollah ou tout simplement peur d'un avenir incertain.
Gideon Saar a fait
illusion. Il est parti très tôt en flèche, avec un crédit de 18 sièges qui ont
fondu au fil de la campagne. Il s’est effondré pour se positionner à présent après
son concurrent le plus sérieux de Yamina. Il a tout faux dans sa stratégie trop
discrète pour marquer les esprits et pour convaincre les idolâtres du Likoud.
Il a raté sa cible car il n’a pas compris que depuis 1977, la base du Likoud
est constituée des Séfarades, et des Marocains en particulier, qui avaient été
brimés par les Travaillistes dominateurs. Au lieu de labourer ces terres du
Likoud, il a préféré s’engager dans une campagne élitiste, s’éloignant du populisme
de Netanyahou. Cela ne paie pas face à un électorat fidèle de gens fanatisés et
peu politisés.
Naftali Bennett fait une campagne à l’américaine, en
s’affichant à la télé et dans tous les réseaux sociaux à coup d’interventions
ciblées. Mais sa position est ambiguë car il évite de se positionner vis-à-vis
de Netanyahou pour ménager l’avenir et s’assurer dans tous les cas un
portefeuille ministériel. Il reste lisse pour tenter de grignoter, en vain des
voix au Likoud. Alors il tourne en rond autour de ses mêmes soutiens de droite
et d’extrême-droite. Il paie la tactique de Netanyahou qui a tout fait pour
imposer un rassemblement des nationalistes et des kahanistes, agissant en
mercenaires, qui lui seront utiles pour constituer sa coalition.
Yaïr Lapid a choisi une campagne discrète en
privilégiant le silence pour éviter tout dérapage verbal. Il monte lentement
dans les sondages pour atteindre la deuxième place dans les sondages à 8 à 10
sièges du Likoud. Il devance largement les deux autres rivaux de droite forçant
le premier ministre à faire évoluer son discours de la recherche d’unité à une
stratégie plus floue et moins amicale. Mais Lapid n’arrive pas à personnifier
une stature de premier ministre ce qui rend l’alternance compromise.
Leaders opposition |
L’opposition a du mal à convaincre avec trois leaders
aux égos démesurés qui leur font oublier que l’éviction de Netanyahou passe par
des compromis de programmes et un refus d’exclusive sur les personnes. Certes
il n’existe pas actuellement de personnalité charismatique capable de remplacer
Netanyahou mais une fois le verrou sauté, alors l’émergence d’un nouveau leader
s’imposera comme au lendemain du départ du général de Gaulle que l’on croyait
irremplaçable.
La gauche est laminée tandis que les Travaillistes, convalescents, sortent à peine du trou où les leaders précédents les avaient ensevelis. Meretz et Avoda luttent pour leur survie au point de ménager le Likoud pour attaquer leurs alliés afin de récupérer quelques sièges d’électeurs transfuges ou des abstentionnistes. Alors leurs méthodes deviennent discutables car les attaques intestines sont contreproductives. L’un des chefs va jusqu’à justifier la décision du tribunal de la Haye d'ouvrir une enquête sur les crimes de guerre israéliens présumés comme s’il était à la recherche des voix arabes pour sauver les meubles. À cette allure, Meretz et Avoda entreront bientôt au musée des ancêtres disparus alors qu’il existe en Israël de nombreux électeurs progressistes qui, à défaut d’être représentés, finissent par se blottir dans l’abstention.
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Mais cette multitude de clans ne favorise pas l’émergence d’un
renouveau politique ainsi que l’installation au pouvoir de jeunes têtes
politiques et de femmes méritantes en particulier. On refait la même soupe dans les vieilles marmites. Et pourtant
Israël est le pays du hightech et des jeunes généraux. Mais le changement n’a
pas encore atteint les États-majors politiques où les «vieux»
s’accrochent toujours à leurs privilèges. Persiste encore la réminiscence de
l’ère des sionistes historiques, imbibés des thèses et des travers soviétiques,
créateurs d’un pays qui finira par devenir un État de jeunes dirigé par des
séniles.
Très bon article comme d habitude .Si cela avait été dans un des pays européens ,on pourrait en rire ,car ,la gauche ,comme la droite n'ont fait que la politique de l'U.E avec ses 65% de lois votées au Parlement .Mais en Israël ,avec tous les défis à l horizon l'alyah ou ,comme un des plus grands ,annexer ou pas les 2.7 millions d'arabes Les juifs candidats à l alyah dans le monde ,veulent savoir ,si ils peuvent venir avec leurs familles ,vivre dans un pays pour les juifs ,ou avec encore plus d'arabes .Et sans l'alyah ,plus de sionisme ,des pères fondateurs ,un pays comme un autre .
RépondreSupprimerIl existe, pour moi, encore de graves carences au niveau des institutions notamment d une part celle des lois sur l administration des programmes de l Éducation nationale israelienne que le pays n impose pas aux enfants ds ultras orthodoxes et d autre part.-non exhaustive-leur main mise sur les sentences iniques qui régissent la vie du couple et la famille. Tout cela alimentant ds le monde l antisémitisme et les autres "fous de Dieu" https://youtu.be/qZyDIRDM8BI
RépondreSupprimerBravo « un État de jeunes dirigé par des séniles « Benett , Sàar, Lapid sont jeunes seul Netanyahou a 70 ans mais c’est bien moins que le nouveau Président américain . Il faut changer le mode de scrutin et mettre une dose de proportionnelle sinon les citoyens divorceront de leurs représentants !
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