LES ÉMIRATS N’ABANDONNENT PAS LES PALESTINIENS
Par Jacques BENILLOUCHE
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Benyamin Netanyahou a précisé vouloir annexer les implantations juives de la vallée du Jourdain, |
Cette information, peu relayée par les médias et surtout par les médias de droite, est restée confidentielle car elle allait à l’encontre des projets du gouvernement Netanyahou. Il ne fallait éveiller le sentiment anti gouvernemental en pleine période électorale. Cette vallée d’Al-Qaoun
était considérée comme une source de vie pour des centaines de familles
palestiniennes qui vivaient dans la région avant 1967 et qui y résident encore
aujourd’hui. La région est importante pour Israël, non pas en raison de sa
richesse en ressources naturelles, mais parce que son emplacement stratégique, à
côté de la Ligne verte, impose une attention particulière de la part de
Tsahal. Il ne s’agit que d’une zone de 180 hectares agricoles. Les terres avaient été provisoirement confiées
aux kibboutzim Maaleh Bilboa et Maaraf pour être cultivées. En 2019, Netanyahou
avait promis d’annexer cette vallée s’il était élu mais rien n’a été concrétisé
depuis.
Oliviers dans le village de Bardala vallée du jourdain |
En revanche le 29
décembre 2020, l’Autorité palestinienne a annoncé que pour la première fois
depuis 1974, les propriétaires des terres de la plaine d'Al-Qaa dans le nord de
la vallée du Jourdain pourront entrer sur leurs terres pour les cultiver après l’évacuation
des Israéliens. Une autorisation a été donnée aux propriétaires arabes pour récupérer
leurs terres. Les Israéliens ont par ailleurs décidé de réhabiliter une route
entre le village de Bardala et Sahl al-Qaoun à l'usage des agriculteurs.
On ignore les
clauses secrètes de l’accord de normalisation entre Israël et les Émirats mais
il est pratiquement certain que l’une d’entre elles imposait de modifier l’état
de zone militaire fermée à cette partie de la vallée du Jourdain. Certains attribuent
cependant à la Cour suprême israélienne la décision d’expulser les agriculteurs
israéliens et la restitution des terres aux 300 propriétaires légaux
palestiniens. Mais cette décision n’a jamais été appliquée à l’exception de l’autorisation
à l'entrée de 20 fermiers arabes pour cultiver leurs terres de 10 heures à 15 heures.
L’accès aux terres, considérées zones militaires, était soumis à une
autorisation israélienne.
Un travailleur palestinien récolte des dattes dans le village de Jiftlik, dans la vallée du Jourdain |
Malgré la décision
de justice, la restauration des terres à ses propriétaires palestiniens était
difficile à obtenir mais c’était sans compter sur le dirigeant palestinien
Mohammed Dahlan, expulsé par Mahmoud Abbas, et devenu conseiller de l’émir des Émirats.
Il avait exigé que l’accord de normalisation soit signé sous condition d’une suspension
des projets d’annexion de la vallée du Jourdain. Dahlan était l'ancien homme fort de Gaza et l'ancien chef sécuritaire de Yasser Arafat. Tombé en disgrâce, il n’a jamais renoncé à remplacer Abbas à
Ramallah. Malgré son exil, il avance ses pions et pour cela il persiste à agir
dans l’intérêt de ses concitoyens.
Dahlan avec l'émir MbZ |
L'accord de
normalisation a permis, le 17 novembre, le rétablissement de la coordination
sécuritaire avec Israël et le retour de l’ambassadeur palestinien aux Émirats
arabes unis après son rappel à la suite de la normalisation. Il s’agit ainsi de
la preuve que la normalisation ne s’est pas faite sur le dos des Palestiniens
et que les Israéliens étaient prêts à des concessions si elles débouchaient sur
une situation pacifique. Netanyahou semble avoir fait une croix sur l’annexion
de la vallée du Jourdain tout en contrôlant sa sécurité. On ignore la teneur
des autres clauses secrètes mais il certain qu’elles sont dans l’intérêt des
Palestiniens qui ont d’ailleurs repris la coopération sécuritaire avec les
Israéliens et annoncé qu’ils étaient à présent favorables à des discussions sur
la reprise des pourparlers de paix. La normalisation avec Israël était du donnant donnant.
Bibi n'agit jamais en conformité de ses discours de droite lorsqu'il est sous pression de nature à menacer son idee de statu quo dans sa globalité . Ce pourquoi lorsqu'il sera mis en cause sur ce point par des leaders plus à droite il tentera de minimiser la portée de cet abandon territorial passé en catimini. Nous verrons bien comment il s'en sortira, mais dialectiquement parlant il en a l'habitude . La parole est.. au porte parole des juifs dit des implantations" qui ne sont pas à leur premier coup de couteau dans le dos sur l'autel sacré du grand 'équilibre du statu quo "toujours sacrifié au profit des autres , la puissance militaire n'étant exercée qu'à usage extérieur\ . La vérité est que la majorité des électeurs israéliens-y compris du Likoud- se satisfont de cette situation tant que leurs intérets ne sont pas bousculés . Ceci dit nous verrons dans quelle mesure se produira un lachage des palestiniens si nos "nouveaux amis" pétroliers du golfe arretent de financer l'UNWRA, créant une nouvelle donne , ce dont il n'a pas été parlé dans cet article .
RépondreSupprimerCeci dit pour ne pas se montrer entiérement négatif au sujet de Natanyahou, qui sait si derrière ces petits arrangements ne se cache pas un projet plus ambitieux replaçant Dahlan au Centre d'une nouvelle direction avec l'appui des pays du Golfe qui joueraient un role stabilisateur plus effectif, passant par des accords multiples où l'argent coulerait à flots au bénéfice de tous... les dirigeants bien sur -(pas trop pour le peuple faut pas rever, on reste dans la sphere moyen-orientale!!) et plus encore si affinnités?
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