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mardi 5 janvier 2021

Les Emirats n'abandonnent pas les Palestiniens

 

LES ÉMIRATS N’ABANDONNENT PAS LES PALESTINIENS

Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

           


          Si les Émirats ont normalisé leurs relations diplomatiques avec Israël, ils ne l’ont pas fait au détriment des Palestiniens qui restent toujours au cœur de leur préoccupation. Quand ils le peuvent, ils interviennent en leur faveur. Ainsi, pour la première fois en 46 ans, Israël a autorisé les Palestiniens à cultiver leurs terres situées dans la vallée d’Al-Qaoun, dans le nord de la vallée du Jourdain. La vallée du Jourdain s’étend sur 120 km le long du fleuve Jourdain, du lac de Tibériade au nord à la mer Morte au sud. Elle est en majorité occupée par des Bédouins.


Benyamin Netanyahou a précisé vouloir annexer les implantations juives de la vallée du Jourdain, 

Cette information, peu relayée par les médias et surtout par les médias de droite, est restée confidentielle car elle allait à l’encontre des projets du gouvernement Netanyahou. Il ne fallait éveiller le sentiment anti gouvernemental en pleine période électorale. Cette vallée d’Al-Qaoun était considérée comme une source de vie pour des centaines de familles palestiniennes qui vivaient dans la région avant 1967 et qui y résident encore aujourd’hui. La région est importante pour Israël, non pas en raison de sa richesse en ressources naturelles, mais parce que son emplacement stratégique, à côté de la Ligne verte, impose une attention particulière de la part de Tsahal. Il ne s’agit que d’une zone de 180 hectares agricoles. Les terres avaient été provisoirement confiées aux kibboutzim Maaleh Bilboa et Maaraf pour être cultivées. En 2019, Netanyahou avait promis d’annexer cette vallée s’il était élu mais rien n’a été concrétisé depuis.

Oliviers dans le village de Bardala vallée du jourdain

En revanche le 29 décembre 2020, l’Autorité palestinienne a annoncé que pour la première fois depuis 1974, les propriétaires des terres de la plaine d'Al-Qaa dans le nord de la vallée du Jourdain pourront entrer sur leurs terres pour les cultiver après l’évacuation des Israéliens. Une autorisation a été donnée aux propriétaires arabes pour récupérer leurs terres. Les Israéliens ont par ailleurs décidé de réhabiliter une route entre le village de Bardala et Sahl al-Qaoun à l'usage des agriculteurs.

Des moutons paissent dans le nord de la vallée du Jourdain, près d’un panneau « danger » avertissant les résidents palestiniens qu’ils vivent dans une zone de tir utilisée pour l’entraînement des militaires israéliens


On ignore les clauses secrètes de l’accord de normalisation entre Israël et les Émirats mais il est pratiquement certain que l’une d’entre elles imposait de modifier l’état de zone militaire fermée à cette partie de la vallée du Jourdain. Certains attribuent cependant à la Cour suprême israélienne la décision d’expulser les agriculteurs israéliens et la restitution des terres aux 300 propriétaires légaux palestiniens. Mais cette décision n’a jamais été appliquée à l’exception de l’autorisation à l'entrée de 20 fermiers arabes pour cultiver leurs terres de 10 heures à 15 heures. L’accès aux terres, considérées zones militaires, était soumis à une autorisation israélienne.

Un travailleur palestinien récolte des dattes dans le village de Jiftlik, dans la vallée du Jourdain

Malgré la décision de justice, la restauration des terres à ses propriétaires palestiniens était difficile à obtenir mais c’était sans compter sur le dirigeant palestinien Mohammed Dahlan, expulsé par Mahmoud Abbas, et devenu conseiller de l’émir des Émirats. Il avait exigé que l’accord de normalisation soit signé sous condition d’une suspension des projets d’annexion de la vallée du Jourdain.  Dahlan était l'ancien homme fort de Gaza et l'ancien chef sécuritaire de Yasser Arafat. Tombé en disgrâce, il n’a jamais renoncé à remplacer Abbas à Ramallah. Malgré son exil, il avance ses pions et pour cela il persiste à agir dans l’intérêt de ses concitoyens.

Dahlan avec l'émir MbZ

L'accord de normalisation a permis, le 17 novembre, le rétablissement de la coordination sécuritaire avec Israël et le retour de l’ambassadeur palestinien aux Émirats arabes unis après son rappel à la suite de la normalisation. Il s’agit ainsi de la preuve que la normalisation ne s’est pas faite sur le dos des Palestiniens et que les Israéliens étaient prêts à des concessions si elles débouchaient sur une situation pacifique. Netanyahou semble avoir fait une croix sur l’annexion de la vallée du Jourdain tout en contrôlant sa sécurité. On ignore la teneur des autres clauses secrètes mais il certain qu’elles sont dans l’intérêt des Palestiniens qui ont d’ailleurs repris la coopération sécuritaire avec les Israéliens et annoncé qu’ils étaient à présent favorables à des discussions sur la reprise des pourparlers de paix. La normalisation avec Israël était du donnant donnant.

2 commentaires:

  1. Bibi n'agit jamais en conformité de ses discours de droite lorsqu'il est sous pression de nature à menacer son idee de statu quo dans sa globalité . Ce pourquoi lorsqu'il sera mis en cause sur ce point par des leaders plus à droite il tentera de minimiser la portée de cet abandon territorial passé en catimini. Nous verrons bien comment il s'en sortira, mais dialectiquement parlant il en a l'habitude . La parole est.. au porte parole des juifs dit des implantations" qui ne sont pas à leur premier coup de couteau dans le dos sur l'autel sacré du grand 'équilibre du statu quo "toujours sacrifié au profit des autres , la puissance militaire n'étant exercée qu'à usage extérieur\ . La vérité est que la majorité des électeurs israéliens-y compris du Likoud- se satisfont de cette situation tant que leurs intérets ne sont pas bousculés . Ceci dit nous verrons dans quelle mesure se produira un lachage des palestiniens si nos "nouveaux amis" pétroliers du golfe arretent de financer l'UNWRA, créant une nouvelle donne , ce dont il n'a pas été parlé dans cet article .

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  2. Ceci dit pour ne pas se montrer entiérement négatif au sujet de Natanyahou, qui sait si derrière ces petits arrangements ne se cache pas un projet plus ambitieux replaçant Dahlan au Centre d'une nouvelle direction avec l'appui des pays du Golfe qui joueraient un role stabilisateur plus effectif, passant par des accords multiples où l'argent coulerait à flots au bénéfice de tous... les dirigeants bien sur -(pas trop pour le peuple faut pas rever, on reste dans la sphere moyen-orientale!!) et plus encore si affinnités?

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