RT France
LES MESURES DE CONFINEMENT EN
ISRAËL
Jacques BENILLOUCHE au micro
de
Dora ABDEL RAZIK
Cette épidémie a mis en doute la
parole des scientifiques qui ne sont plus écoutés. La politique a pris le
dessus sur la logique médicale. Une panique s’est emparée des dirigeants
israéliens qui se trouvent dans l’impossibilité de stopper la propagation du
virus. Alors que nous tournions autour de 2.500 contaminations par jour, le
nombre est passé à 6.950. Le nombre de morts est à l’avenant, 40 pour la seule
journée du 23 septembre alors qu’il était de l’ordre de 10 par jour. Nous
comptons 1.335 morts depuis le début de l’épidémie et 685 de cas graves.
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On sent un certain flottement entre
les dirigeants politiques et les responsables sanitaires. Les recommandations
des instances médicales ne sont pas suivies tandis que les décisions
gouvernementales sont très politisées. Ainsi le responsable israélien de la
lutte contre le COVID, le professeur Ronni Gamzu, dont la qualification médicale
ne peut être mise en doute, ne préconisait pas un durcissement des restrictions.
Il a d’ailleurs confirmé son opposition aux nouvelles restrictions de
confinement mises en place par le gouvernement parce que, pour lui, le préjudice
économique sera «énorme». Le
gouvernement n’a pas tenu compte de son avis.
Les nouvelles mesures sévères entreront en vigueur aujourd’hui vendredi à partir de 14 heures jusqu’au 10 octobre, partout dans le pays, sans distinction. Tous les commerces seront fermés ainsi que les restaurants et cafés, sauf les pharmacies et les magasins d’alimentation. En cette période de fêtes, de Kippour le Grand pardon, et de Souccoth la fête des cabanes, où tous les Juifs même non pratiquants fréquentent d’habitude la synagogue, beaucoup ne pourront pas s’y rendre car il a été décidé une forte réduction des offices de prières. Le bouclage est total. Sous couvert de covid, le gouvernement a profité d'interdire les manifestations publiques et politiques, qui ont lieu presque chaque semaine devant le domicile du premier ministre. certains opposants y voient une atteinte à leur libertés politiques.
Ronni Gamzu |
Les Israéliens ne peuvent pas se déplacer à plus de un km de leur
domicile. Beaucoup d’entreprises ferment et mettent leur personnel au chômage tandis que peu sont aidées par le gouvernement. Seuls les lieux de travail définis
comme essentiels seront autorisés à rester ouverts. Des barrages policiers
bloquent les routes pour empêcher les déplacements inter villes.
Le professeur Gamzu avait «recommandé
un léger resserrement du bouclage, mais le gouvernement en a décidé autrement ».
Son analyse est opposée à celle du
gouvernement mais cette sommité médicale semble résignée : «Il est évident que lorsque vous confinez
plus étroitement, vous ralentissez le taux d’infection de manière plus
significative, mais le coût économique est énorme. Le gouvernement a pris la décision après mûre
réflexion, et s’il a décidé de resserrer le bouclage, c’est bon. Nous allons
faire avec. Cela aidera à stopper les infections».
Ces mesures drastiques ont été décidées par le Cabinet du coronavirus, et votées par le gouvernement en attendant l’approbation finale de la Knesset. Le professeur Gamzu ne pense pas qu’un bouclage complet de l’économie était justifié Il prônait une réduction de 50 % de l’activité économique qui réduirait considérablement les contacts sociaux tout en permettant au bouclage partiel de durer longtemps. Il avait recommandé «de renforcer le bouclage, et non pas de fermer le pays tout entier». En fait il est très préoccupé par la «génération perdue» des jeunes et des chômeurs.
Terrasse de café dans le 17° |
Il voulait qu’on maintienne un espace
de vie en autorisant les terrasses de cafés et de restaurants en plein air. Le moral de la population aurait été moins atteint. L’exemple de la France n’a pas été suivi qui a permis aux restaurateurs et à leur personnel de sortir
la tête de l’eau alors que les parkings de voitures ont été transformés en terrasses
par la Mairie. Par ailleurs, on ferme les petits commerces alors qu’il suffisait de limiter
le nombre de clients. Il n'est pas certain de l'efficacité de cloitrer une population qui ne peut plus se
déplacer dans des petits centres bien protégés.
Mais le Premier ministre a
choisi un bouclage complet et immédiat afin de réduire rapidement et de manière
significative les taux d’infection : «Tout
au long de ma carrière, il y a eu de nombreuses fois où je n’ai pas fait ce que
les professionnels exigeaient, et j’ai eu raison à 100 %». Mais qu’en
sera-t-il au lendemain de ces mesures ?
Cette décision de
blocage total est politique car on connait parfaitement les quartiers les plus
infectés dans certaines villes, souvent occupés par des Juifs orthodoxes qui refusent
les mesures de protection, Jérusalem, Ashdod, Bne Brak, Beth Shemech où la
majorité des habitants circule sans masque. Il aurait été plus judicieux et
plus efficace d’isoler ces zones infectées le temps nécessaire sans punir les villes disciplinées. Mais les
ministres religieux ont menacé de quitter la coalition si des mesures de
ségrégation étaient prises à l’encontre de leurs ouailles. Alors donc le
confinement est général.
En fait une enquête de la
télévision explique la hausse des contaminations. De nombreux Israéliens atteint
par le covid mentent ou refusent de révéler avec qui ils ont été en contact et dans
quel lieu, ce qui ne permet pas de rompre les chaines d’infection. C’est
pourquoi le ministre de la défense Benny Gantz a pris une décision ferme ;
l’armée sera chargée de la sécurité médicale du pays et de cerner, en
particulier, les contaminés après la période de blocage total.
Leader des implantations (Yesha) |
En plein drame du covid, cela
n’empêche pas cependant Netanyahou de prendre des mesures politiques au lieu de se concentrer sur le drame sanitaire. Il existait d'autres urgences pour un gouvernement qui doute. Il a
demandé au Conseil suprême de planification d’approuver la construction de 5.000
unités de logement en Cisjordanie. En effet, depuis février, il avait gelé la
construction pour ne pas compromettre les accords de paix avec les Émirats
arabes unis et Bahreïn. Les dirigeants des implantations, son électorat, n’avaient pas cessé de le mettre sous
pression. À présent que les accords sont signés, tout est ouvert.
Le chef du Conseil régional de
Samarie, Yossi Dagan, a déclaré que «Le
peuple d'Israël s'attend à ce que la pleine souveraineté soit appliquée comme
promis par le Premier ministre dans trois élections, mais tant que la
souveraineté n'est pas appliquée, un gouvernement national devrait prendre des
mesures pour renforcer la colonisation et prouver que le gouvernement national
est attaché à Israël et à la colonisation en Judée et Samarie». En fait le peuple d'Israël attend de meilleures mesures sanitaires mais le premier ministre est lié par sa coalition qui lui dicte ses décisions.
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