NETANYAHOU-GANTZ :
UN DUO PAS FAIT POUR S’ENTENDRE
Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
Rien
ne pouvait les réunir et tout les séparait. Ce duo de choc ne pouvait pas s’entendre et pourtant les événements les ont réunis contre leur gré, quand la
politique l’impose. Leur profil politique était à l’opposé ; l’un
des personnages est résolument positionné à droite, voire à la droite radicale,
tandis que l’autre suscitait au début l’espoir et le rêve. L’union était de
façade. Benjamin Netanyahou et Benny Gantz n’ont jamais cessé de se disputer le
pouvoir. Seule la crise du covid et la lassitude de la population contre de
nouvelles élections les ont poussés à s’entendre sur une base très
limitée, les points de convergence diminuant avec le temps.
Gantz avait au départ un a
priori favorable auprès des Israéliens orphelins d'un leader car il était un homme neuf et honnête. Il avait été adoubé par
une partie de la population qui voyait en lui la fin du tunnel politique. Mais il s’est trouvé face à une bête expérimentée,
un renard de la politique, prêt à tout pour garder le pouvoir, à n’importe quel
prix, même le temps d’une illusion d’une unité retrouvée. Et au lieu de cogner pour s'imposer, Gantz s'est comporté en gentleman. Il a trop attendu son heure.
Chez Bleu-Blanc ils
restent convaincus à présent que Netanyahou ne respectera pas l’accord de
rotation et que jamais Gantz n’occupera le poste de premier ministre en 2021. L’épisode
du vote du budget est d’ailleurs une dramatisation voulue par la droite,
convaincue que de nouvelles élections rebattraient les cartes à son profit. Mais
rien n’est moins sûr si elle part au combat en ordre dispersé. Naftali Bennett
attend sa revanche et il ne fera jamais la courte échelle à celui qui l’a
toujours mésestimé.
Nous avions eu des réserves au
moment de la constitution d’un gouvernement d’unité, suffisamment pour le
qualifier de gouvernement d’inertie nationale. Mais le covid a aggravé la
situation avec 800.000 salariés au chômage. Les manifestations massives et
populaires dans tout Israël pour réclamer, d’abord du gouvernement une aide plus
conséquente pour les plus démunis, et ensuite, rêve sublime, pour exiger la
démission de Netanyahou, s’avèrent être stériles car Netanyahou ne veut rien
entendre. Sauf à marquer sa présence face au premier ministre, il n'y a rien à attendre de cette mauvaise humeur exprimée devant un mur d'incompréhension. Le premier ministre tient bien ses troupes; le Likoud, opposants internes compris, est vent debout contre ceux qui veulent les remplacer.
L’échec
du gouvernement est acté et pour s’en défendre, il laisse planer le doute sur
de nouvelles élections qui ne résoudront certainement rien. Au contraire, les
économistes considèrent que dans ce cas la situation empirera. Certes les
sondages, qui se sont toujours trompés, mettent la droite au firmament mais
l’électeur est tellement volatil que rien n’est acquis. En tout état de cause, le duo est accusé à
tour de rôle de faire passer ses intérêts politiques avant ceux du peuple
israélien.
De nouvelles élections sonneront
comme le tocsin pour Benny Gantz qui a trop tempéré pour éviter les vagues, qui
ne s’est pas montré incisif pour ne pas être qualifié de diviseur et qui a subi
sans réagir, sauf durant ces dernières semaines insuffisantes, pour obtenir la
légitimité qui lui manquait. Bien sûr le risque d’élections est reporté mais il
plane toujours au dessus des têtes des dirigeants comme une menace permanente
qui annihile les initiatives.
La confiance n’existe pas au
sein du gouvernement. Gantz a été écarté des discussions avec les États-Unis pendant
les négociations sur l’accord de normalisation avec les Émirats et sur la vente
des F-35. Il est inconcevable qu’un premier ministre contourne son ministre de
la défense et celui des affaires étrangères sur une question aussi sensible sous
prétexte qu’il risque d’y avoir des fuites. Les deux clans divergent aussi sur
plusieurs questions fondamentales, en particulier sur les nominations
judiciaires et sur l'annexion de la Cisjordanie. Des postes d’ambassadeurs, celui de la France en particulier, sont en suspens car le gouvernement est soumis à des luttes intestines. La confiance n’a jamais
régné.
Mais la crise a des racines plus
profondes : l’épidémie du coronavirus qui n’arrive pas à être endiguée et
surtout le procès de corruption intenté au premier ministre. L’opposition
estime que Netanyahou cherche par tous les moyens à forcer de nouvelles
élections dans l'espoir d'obtenir un parlement plus soumis à ses thèses, prêt à
l'aider à résoudre ses problèmes juridiques. Rien n’est moins sûr. Le couple ne s’entend plus mais il refuse de recourir au divorce car nul ne veut
prendre cette ultime décision.
Benny Gantz s’est rebiffé et a prononcé
un discours cinglant au cours de la séance plénière de la Knesset : «les
menaces ne fonctionneront pas. Mes 100 jours de silence sont terminées et je ne
resterais plus silencieux face à la
moquerie et au ridicule des hauts dirigeants du Likoud. Menacer des
élections n'est pas une menace personnelle qui pèse sur moi, c'est une menace
qui pèse sur le peuple israélien. Je ne permettrai à personne de mettre ce pays
à genoux. Je protégerai la sécurité de cette nation à l'intérieur et à
l'extérieur, et sous ma surveillance, personne ne nuira à la primauté du droit.
Je ne participerai jamais à des tentatives de démantèlement de la démocratie ou
de nomination de marionnettes favorables à des autorités ou à des partis
particuliers».
Cependant ce réveil risque
d’arriver trop tard car pendant trois mois de silence, Gantz a perdu son
costume d’opposant irréductible à Netanyahou : «J'ai donné à mes partenaires
politiques au gouvernement cent jours pour comprendre que mes intentions sont
pacifiques, que ma main est tendue vers la collaboration et que mon cœur est
ouvert à une seule préoccupation: une réelle préoccupation pour la sécurité,
les moyens de subsistance et le bien-être des citoyens israéliens».
Par ailleurs, l’opposition est encore
faible, 37 opposants contre 67 ont voté le report de l’approbation du budget. Il
est difficile d’imaginer combien de temps pourra encore durer un gouvernement
qui suscite tant de dissension en son sein. Trois motions de censure devraient
être discutées à la Knesset, pour le principe car elles n’ont aucune chance
d’être adoptées.
Zandberg |
La présidente de la faction du Meretz, la député Tamar
Zandberg n’a pas mâché pas ses mots : «Au lieu de faire des affaires avec un
escroc, les députés Bleu-Blanc peuvent choisir un meilleur gouvernement
alternatif pour le peuple d'Israël et les citoyens d'Israël. Ils peuvent
choisir le bon choix, renverser Netanyahou et former un gouvernement
alternatif».
Le chef de l'opposition, Yair
Lapid, a répondu en écho : «La question qui se pose est la reddition
sans fin de Kahol-Lavan à Netanyahou dans tout. Aujourd'hui, les citoyens de
l'État d'Israël nous regardent avec les yeux déchirés, et essaient de
comprendre ce que fait cette maison - seulement dans le but de reporter le
budget de 120 jours supplémentaires afin qu'ils puissent continuer à ne rien
faire et à rien».
Mais, à organiser des manifestations anonymes, sans leader incontestable, la question fondamentale
reste l’émergence d’un véritable chef de l’opposition qui arrivera à canaliser
toute l’aigreur d’un pan important de la population. C’est la bonne question. Toutefois,
on ne voit rien venir et certainement pas le dirigeant miraculeux, sorti de
nulle part. Le Likoud a encore de beaux jours devant lui. Seule une révolution interne au parti pourra changer les choses mais il ne faut pas trop rêver, pas une seule tête ne dépasse.
Suicide de la démocratie, de l'Etat, il faut sauver le Pays et son peuple.
RépondreSupprimerGantz a décidé de cette union pour protéger le peuple et éviter une guerre civile. Il ne faut pas oublier qu'aucune majorité au parlement ne s'était dégagée. Des 4° élections auraient laissé Bibi au pouvoir sine die du fait de l'épidémie et sans aucune possibilité de vote d'un budget. Il n'a pas accepté cette union pour la mettre lui même en péril. Il a accepté ce qui était acceptable dans l'intérêt de la Nation, faisant fi de son ego. Il a travaillé pour mettre une stratégie en place pour lutter contre l'épidémie et il s'est levé pour défendre la démocratie. Il a tendu la main et refusé une guerre fratricide. Il a aussi précisé ses lignes rouges. Pour moi, il a l'étoffe d'un chef d'Etat. Bibi, comme prévu, ne respecte aucune règle, ni l'accord qu'il a signé avec Bleu Blanc. Mais sa côte diminue et il finira peut-être par comprendre qu'il a tout à perdre avec ses manigances. Peut-être même que le Likoud va se réveiller et réaliser que leur chef les entraîne au fond ! Gantz n'est pas du genre à accepter une reddition. Il a encore 120 jours de travail pour gagner sa "guerre froide" ! Les chiens aboient, la caravane passe...
RépondreSupprimertoujours la thèse d'un renversement au sein du Likoud mais pour ça il faut en plus du courage et surtout quelque chose à dire. C'est l'idéologie du Likoud qui souffre d'être "has been", leur patriotisme est une farce quand on voit l'impuissance de l'état à contenir le vampirisme des tycoon et la sécurité de l'état est bradée pour faire la une. Pour la petite histoire, c'est seulement un an après mai 68 que De Gaulle a perdu son référendum. Comme le dit Eldad Yaniv, la contestation ne change pas le régime, elle fait prendre conscience. Et pour être proche de certains leaders de la mehaa, il n'y a pas de volonté de pointer un leader car 2011 est passé par là. Depuis deux semaines j'assiste à des réunions professionnelles (sous-traitants, municipalités, ...) et en quelques minutes le sujet est sur la table. Du jamais vu!! Notre job c'est préparer les consciences aux changements de paradigme et avec un peu de patience, le leadership politique va nous surprendre. Il y a selon moi deux dates : 15 octobre et 4 novembre...en fonction les choses vont s'accélérer. Nétanyahou va inéluctablement vers la sortie.
RépondreSupprimerQue cela plaise ou non, le likoud est sorti vainqueur des 3 dernières élections, d'une manière générale le camp de la droite est sorti vainqueur...
RépondreSupprimerBenjamin Natanyaou est toujours le candidat désigné du likoud...
Donc arrêtez tous de rêver, à vouloir faire réaliser dans la rue par la violence ce qui n'a pas été réalisé dans les urnes...
Israël est une démocratie et le peuple a choisi.
Cette méthode de diabolisation d 'un concurrent pourtant élue démocratiquement et une méthode effroyable de dictature que certains réseaux de gauche "pseudo humaniste" (mais en fait assoiffé de pouvoir) essayent aussi de mettre en place aux USA avec Trump... Mais cela ne marchera pas.
Le peuple d'israel veut un gouvernement de droite avec Netanyahu à sa tête, le peuple US veut un gouvernement Républicain avec Trump à sa tête.
Il n'y a plus corrompu que la gauche israelienne (abus de position dominante partout absence de concurrence dans l'économie ect...) et le peuple d'israel le sait très bien malgré les quelques manifestations orchestrés maladroitement par la gauche...
Et je ne parle pas des questions sécuritaires... Qui malgré tout ont tout leur sens dans un pays minuscule comme Israël.
Les israéliens pleurent encore les leurs sauvagement assassinés suite aux accords d'Oslo.
Il n'y aura pas de paix avec les Arabes Palestiniens... La paix se fera avec les arabes sunnites partout.. Sauf avec eux.
Cordialement.
Maurice "DAHAN