Par Jacques BENILLOUCHE
Au Moyen-Orient, Emmanuel Macron voulait rester ouvert au dialogue avec tous et éviter de prendre parti. Son orientation en faveur du Hezbollah vient contredire cette ambition.
Article publié dans CAUSEUR.fr
Alors que l’influence française
au Moyen-Orient avait largement décliné, sous les mandats de Nicolas Sarkozy et
de François Hollande, il avait estimé que les Printemps arabes avaient
modifié la donne et qu’il devait peser dorénavant sur les événements de la
région. Il n’avait pas apprécié l’échec du Quai d’Orsay dans la gestion de la
crise syrienne. Il voulait que la France soit partie prenante dans le conflit alors
qu’elle avait été exclue des négociations d’Astana.
Il avait donc modulé sa position
en n’exigeant plus le départ de Bachar el-Assad comme condition préalable et en
ne prenant pas le parti de l’un des clans chiites ou sunnites. Il voulait
dorénavant agir en arbitre en parlant à tout le monde. Pour lui, il s’agissait
du meilleur moyen de tarir les sources de financement du terrorisme. Il se
distinguait ainsi de Nicolas Sarkozy qui avait des affinités avec le Qatar et
de François Hollande qui s’était engagé pour l’Arabie saoudite.
Fayez El-Sarraj et le maréchal Haftar |
Malgré
une position nette adoptée par les Occidentaux, Macron dialoguait en Libye à la
fois avec le premier ministre Fayez El-Sarraj et son opposant le maréchal
Haftar. Il voulait s’inspirer de la politique gaullienne, qui avait été d’ailleurs
suivie par François Mitterrand, en maintenant la lutte contre le terrorisme
islamiste comme fondement de sa doctrine. C’est pourquoi il a financé l’Irak et
le Liban, deux pays confrontés à la terreur des militants islamistes afin de s’insérer
parmi les acteurs locaux et de tenter de résoudre les différentes crises.
Mais
face à cette volonté légitime d’arbitrage, on ne comprend plus la position
d’Emmanuel Macron qui a décidé de prendre fait et cause pour le Hezbollah, qui personnifie
un État dans l’État au Liban, après
avoir infiltré tous les rouages de l’administration et mis le pays en coupe réglée après avoir acquis à sa cause le président libanais chrétien Michel Aoun. Le
Hezbollah est l’une des causes du malheur libanais. D’ailleurs, les
manifestants de la mini-révolution ne se sont pas trompés en pendant l’effigie
d’Hassan Nasrallah dans la rue.
On
ne comprend donc pas pourquoi le président français a demandé officiellement à
Donald Trump de suspendre les sanctions américaines qui visent le groupe chiite
soutenu par l’Iran car, selon le Quai d’Orsay, elles sont contre-productives. A
la suite d’un appel téléphoné avec le président américain, Emmanuel Macron a
accusé les Américains de chercher à étouffer le financement du Hezbollah au
lieu de l’aider car il doit être partie prenante dans la reconstruction du
Liban. Ce coup de téléphone n’est pas une rumeur puisqu’il a été confirmé par
le Quai qui a précisé que «Macron lui a dit que dans le cas du Liban, le
fait est que la politique de pression ou d'abstention des États-Unis et de
certains pays du Golfe pourrait effectivement faire le jeu de ceux qu'ils
visent, l'Iran et le Hezbollah. C'était donc une invitation au président Trump
à réinvestir la question libanaise, car la situation est grave et nous ne
devons pas abandonner le Liban à ceux que les États-Unis sont censés cibler par
leur politique de sanctions».
La
conférence, qui a eu lieu ce 9 août, a réuni le Premier ministre britannique
Boris Johnson, le roi de Jordanie, les représentants de la Chine et de la
Russie et de la Banque mondiale, pour envisager le financement du Liban. Israël
et l'Iran ont été exclus de cette réunion alors que le Hezbollah intervient en
tant que membre du gouvernement libanais. La France, qui sait que le Hezbollah
phagocyte tout le pays grâce à la puissance de ses milices face à une armée
libanaise mal équipée, justifie sa position : «Le Liban est en train de
couler. Nous avons touché le fond, de nombreux Libanais le pensent. Nous sommes
là pour aider le Liban à remonter à la surface». L'aide d'urgence collectée
par la France et l'ONU pour le Liban s’élève à un peu plus de 250 millions
d'euros, a annoncé l'Élysée.
Au
moment où la population libanaise a ciblé son ennemi parmi le Hezbollah, il est
étonnant que le président Macron, sur les conseils du Quai d’Orsay
historiquement pro-arabe, défende une milice qui a généré le chaos dans le pays
en le mettant en coupes réglées. Drôle de position d’arbitre que celle de la
France.
En ce qui me concerne, je ne suis pas étonné par la collaboration de Micron,pardon Macron avec le hezbollah reconnu comme groupe terroriste, c'est dans la continuité de ce pays qui nie la réalité, le déni depuis 1945 et un tas de film sur la soi disant résistance des Français surtout ceux de la dernière heure..
RépondreSupprimerAlors le Liban, on s'en fou quand on vit au seuil de pauvreté et si on demandait l'avis du peuple par referendum, je pense qu'envoyer de l'argent à un groupe terroriste :ma réponse est: NON !RIEN DU TOUT , ASSEZ du grand n'importe quoi !
Cher monsieur Benillouche,
RépondreSupprimerJe peux vous assurer que même les Français qui avaient apprécié le happening de Macron à Beyrouth, l'ont déjà oublié.
En revanche, et puisque vous faites référence au Hezbollah, je vous propose cet article de Atlantico où il me semble que Philippe Bilger et Guillaume Bigot font une analyse de l'état de la société française livrée à un déchaînement de violences, que le pouvoir est devenu incapable de juguler, ce qui laisse augurer des lendemains difficiles :
https://www.atlantico.fr/decryptage/3591612/explosion-de-la-violence-en-france--comment-expliquer-la-faillite-de-l-etat-puisque-le-hezbollah-n-y-est-pour-rien-ici----philippe-bilger-guillaume-bigot
Très cordialement.
Le Quai d’Orsay, historiquement, n’est pas seulement pro-arabe mais il est aussi et surtout anti-Israël et ce depuis de Gaule. Le fait que le hezbollah (sans majuscule) veut effacer Israël de la carte du monde ne leur fait ni chaud ni froid et Macron, bien évidemment, suit les conseils du quai.
RépondreSupprimerMaurice - Israël