Israéliens rapatriés du Pérou |
La
crise du coronavirus a mis en évidence un fait qui dérange parce qu’il s’agit
d’un tri entre Israéliens et Juifs. Le principe même de ce tri est inadmissible; il rappelle de mauvais souvenirs. Israël a été conçu pour être le havre de
tous les Juifs du monde en cas de problème, un refuge pour tous ceux qui ont besoin
d’être sauvés. Or Israël, pour des raisons sanitaires certes évidentes, a
choisi de privilégier ses nationaux. La frontière est hermétiquement fermée
pour tous sauf pour les Israéliens qui vivaient ou séjournaient temporairement
à l’étranger. Des avions ont été affrétés par l’État ou par des organisations
juives pour rapatrier les Israéliens d’Amérique du sud et parfois d’Europe pour
les mettre à l’abri, loin d’une contamination éventuelle. Des mesures ont été prises pour les contrôler
sur le plan sanitaire ou pour les mettre en quarantaine chez eux mais au moins
ils sont à l’abri.
Dan hôtel |
Mais
les Juifs de l’étranger n’ont plus le droit d’entrer dans le pays et ceux qui
vivaient en Israël dans les hôtels, alors qu’ils étaient en vacances, ont été priés
instamment de quitter le pays.
On
a poussé à l’extrême la sécurité au détriment de l’intérêt des familles. Les
Français, qui ont des proches ou des enfants à Ra’ananna,
Ashdod, ou Netanya, sont considérés comme des pestiférés interdits de rejoindre
leurs familles car l’objectif reste de se protéger du coronavirus qui prend
cependant moins d’ampleur en Israël. Demain, les Anglophones de Jérusalem ou de
Modiin ne pourront pas fêter Pessah avec leurs parents ou leurs enfants venus de
l’étranger. Les Juifs non israéliens n’ont pas le droit de se rendre en Israël,
sauf après l'obtention d'une autorisation du consulat israélien prouvant
l'existence d'un lieu de résidence en Israël : du jamais vu !
Pourtant
la déclaration d’indépendance est formelle : «l'État juif dans le pays
d'Israël, ouvrirait ses portes à tous les Juifs et conférerait au peuple juif
l'égalité des droits au sein de la famille des nations… l'État d'Israël sera
ouvert à l'immigration des Juifs de tous les pays où ils sont dispersés».
Certes on y parle d’immigration mais la sauvegarde des Juifs du monde est mise
en filigrane.
Nous
constatons de nombreux décès parmi les Juifs du monde, des rabbins même sont
parmi les victimes, souvent parce qu’ils n’ont pas eu droit à des soins
appropriés, pourtant disponibles en Israël. Des parents qui ont d’abord envoyé
tous leurs enfants, avant de les rejoindre ensuite, voient leur droit de visite
ou de protection sévèrement restreint parce qu’ils ne sont pas israéliens. Verra-t-on
comme en 2015, non pas une alyah fiscale mais cette fois une alyah sanitaire,
l’alyah de ceux qui veulent se protéger de la maladie. Nous avons eu droit à
l’alyah des escrocs mais l’alyah de secours est devenue très compliquée. Les
parents ou les enfants à l’étranger n’ont pas le droit de se retrouver avec leurs
proches pour les fêtes, les fêtes qui sont le symbole de la liberté retrouvée
et de la réunion des familles.
On
a prétendu que si Israël avait été créé pendant la Shoah, de nombreux Juifs
auraient été sauvés mais n’aurait-on pas pratiqué le tri comme
aujourd’hui ? Bien sûr Israël a accueilli des centaines de milliers
d'immigrants du monde libre animés principalement par l'idéalisme mais de très
loin les chiffres d'immigration les plus importants concernent des pays que les
Israéliens qualifient de «pays en détresse».
Au début des années 1990,
Israël a réalisé des opérations de sauvetage de moindre envergure, mais non
moins audacieuses, pour évacuer les communautés juives de la Géorgie ravagée
par la guerre, de Moldavie, du Tadjikistan, de l'ex-Yougoslavie et de
Tchétchénie. Quand un Juif est en danger en diaspora, il peut compter sur Israël qui a ramené sains et saufs au pays la quasi-totalité
des derniers membres des communautés juives de Syrie et du Yémen.
Alyah juive |
La
solidarité juive impose de recevoir aujourd’hui parmi leurs familles tous ceux
qui s’estiment en détresse sanitaire ou morale dans les pays d’Europe, quitte à leur imposer des mesures drastiques de confinement. Mais au moins on aura fait le
geste de considérer les Juifs de la diaspora comme nos frères, au moins comme nos égaux, et pas uniquement comme des soutiens politiques ou financiers.
Cela me semble logique, et souhaitable.
RépondreSupprimerEt Israël ne peut pas abandonner le sionisme, et les liens charnels qui existent entre la diaspora juive et Israël ne peuvent pas être supprimés.
Le pays a l'obligation morale d'être fidèle à sa déclaration d'indépendance, et devrait avoir la sagesse d'éviter le tribalisme, le développement séparé, et toutes ces divisions qui font le malheur du tiers monde.
Le pays est le pays de tous ses habitants, et les partis ethniques sont dangereux pour l'unité nationale.
J'avoue ne pas comprendre ce billet d'humeur. Israël est le pays de ses citoyens. Il est normal qu'il les protège comme le fait tout autre pays. Je ne sais pas quel est le degré de confinement en Israël, mais il me semble dangereux de fêter Pessah comme s'il n'y avait pas un danger de contamination. Et de plus je ne vois en quoi ces juifs de la diaspora n'auraient pas droit à des mesures appropriées dans leur pays, au même titre que les autres citoyens.
RépondreSupprimerLa peur s'infiltre partout, pourtant, un illustre prédécesseur nous a dit : N'ayez pas peur" que penser d'une telle situation pour ISRAEL..?, c'est vraie Mr Benillouche, ISRAEL ne devrait pas fermer ses portes aux Juifs de ce monde mais mettre ses frères ou ses soeurs en quarantaine, es ce un bon accueil?
RépondreSupprimerSituation bien difficile..