UNE DÉFAITE DE SAAR SOUS FORME DE LEÇON
Par
Jacques BENILLOUCHE
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La
victoire de Netanyahou était marquée dans le marbre ; nous l’avions prévue
et écrit. Mais la défaite sévère de Gideon Saar laissera des traces en raison
de la violence de la campagne électorale interne. Les partisans de Netanyahou n’avaient
pas voulu insulter l’avenir en espérant que 60% serait une belle victoire mais
les résultats ont été au-delà de leurs espérances. 72,5% contre 27,5%. Près d’un
tiers du parti a choisi le changement mais n’a pas été suivi. Saar ne pouvait
que reconnaitre sa défaite avec une pointe de déception envers les membres de
son parti : «Je suis satisfait de ma décision de me lever. Ceux qui ne
veulent pas prendre de risques pour ce en quoi ils croient ne réussiront
jamais. Mes collègues et moi allons soutenir Netanyahou dans la campagne pour
le succès du Likoud aux élections générales». Fermez les bans. Plusieurs
explications peuvent être soulevés face à cette attitude des militants.
Ils
n’ont pas voulu abandonner en rase campagne leur leader aux mains des juges. C’est
dans le malheur que l’on découvre les vrais amis. Ils persistent à le croire
innocent des accusations portées par le procureur Mandelblit. Pour eux, il s’agit
d’une chasse aux sorcières politique orchestrée par les médias et tous les
autres partis classés en vrac comme «gauchistes».
Par ailleurs, Gideon Saar a subitement montré un
nouveau visage que l’on connaissait certes mais qui a été mis en évidence ces
derniers jours. Il est en fait plus proche des extrémistes de droite que de la
majorité du Likoud. Il peut être assimilé aux idées de Bezalel Smotrich, Naftali
Bennett et Rafi Peretz, hormis la pratique de la religion.
Saar
a trop joué sur la discipline au sein son parti, pendant de longues années,
sans vraiment s’afficher en opposant irréductible. Contre Netanyahou il voulait
se montrer opposant, mais pas trop ; il voulait occuper sa place à
condition que le Lider Maximo la lui laisse de bon gré ; il voulait bien
tuer le père mais à petit feu. Or en politique, il n’existe pas de demi-mesure,
c’est le poignard dans le dos ou la carpette.
En
fait, Saar a raté sa campagne car elle a été trop personnalisée contre le
leader de son parti. Il ne l’a pas axée sur les lacunes du régime, sur les
améliorations à apporter à la population, sur une nouvelle politique sociale et
économique, sur la politique du logement, sur la lutte contre les inégalités.
Il a fait de sa campagne une question de personne, or dans ce domaine Netanyahou
excelle. Le premier ministre a certes été affaibli par des accusations de
corruption et par ses échecs consécutifs pour former un gouvernement, mais il a
tenu parce que ses partisans sont des idolâtres, un détail que n’a pas assimilé
Saar.
Chers passagers, nous décolerons aussitôt que nous déciderons qui sera le pilote. |
Cependant
la mini-insurrection naissante de Saar a révélé des fissures qui risquent de se
révéler négatives au cours de la campagne électorale pour les législatives. Le
mal est fait et il laissera des traces, mais pas au point de mener à une
scission. Même devant les difficultés, la manœuvre de Saar a été risquée dans
un parti qui valorise la loyauté puisque le Likoud n’a eu que quatre dirigeants
dans son histoire, en 70 années d’existence. Mais
nous abordons une décennie mouvementée à travers le monde où la protestation s’affirme
de plus en plus. Un parti doit avoir la liberté d'exprimer des opinions
divergentes sans être accusé de traitrise.
Les
partisans de Saar ont accusé les vents rugissants, les fortes pluies et la fête
de Hanouka, qui ont entrainé un taux de participation plus faible que prévu parce
que les militants sont restés chez eux. Un peu moins de 50% des électeurs ont voté. Peut-être étaient-ils désabusés par la victoire certaine de
Netanyahou. Ils n’ont pas cru à la possibilité de Saar de mettre fin à l’impasse
politique qui engloutit le pays. Saar, ancien avocat et journaliste qui a
occupé plusieurs postes de haut niveau au gouvernement, n’a pas suffisamment
convaincu. Sombre et têtu, il avait espéré influencer les électeurs
nostalgiques d'un homme d'État plus sobre, mais sa position à l'égard des
Palestiniens est considérée comme encore plus belliciste et nationaliste. On s’attendait
à ce qu’il se concentre sur les accusations de corruption et de fraude, mais il
les a pour la plupart ignorées lors de sa campagne. Cela a été perçu comme une
tentative de ne pas aliéner les électeurs du Likoud qui croyaient l'argument du
Premier ministre selon lequel les actes d'accusation étaient une «chasse aux
sorcières» menée par les médias et par un système judiciaire défaillant.
Netanyahu
a parlé de ses prouesses internationales, en particulier avec d'autres
dirigeants de droite tels que Trump, et ses informations de sécurité. Mais Saar
a refusé de dépeindre le Premier ministre comme indécis contre les militants de
Gaza. Il n’a pas exploité le fait que pour la deuxième fois, dans la ville
d'Ashkelon, après qu'une roquette ait été tirée depuis la bande de Gaza, il a
dû se réfugier dans un abri, preuve de l'échec de ses politiques de sécurité.
Benny Gantz pourtant n’avait pas hésité à le critiquer : «Cette
situation dans laquelle les citoyens israéliens vivent à la merci des terroristes
et le Premier ministre israélien n'est pas en mesure de visiter certaines
parties de son pays est un signe de honte pour la politique de sécurité dans le
sud».
La politique ne fait pas dans la dentelle. Tout est bon pour
attaquer l’adversaire. Saar a été trop pur. Il a cependant compris qu’il devra mieux
faire la prochaine fois si les autres challengers le laissent faire, ce qui ne
semble plus possible.
En fait la candidature de Saar a donné un formidable coup de pouce à Netanyahu en démontrant que sa popularité restait intacte. Il ne pouvait rêver de meilleur tremplin pour sa campagne.
RépondreSupprimerIl faut relativiser. 41000 likudnikim inconditionnels et idolatres se sont déplacés. Beaucoup n’en pensent pas moins et ne désiraient pas trop se montrer aux urnes ou des sorteurs bibistes filtraient les entrées.
RépondreSupprimerLes conséquences risquent d’etre comme Saar l’avait annoncé dans sa campagne. Pour 100000+ inscrits il y a plus de 1M de votants likud...pour 43000 inconditionnels 430000 votants automatiques? Combien voteront Cahol Lavan, degoutés par la violence et la moralité de l’equipe de tete du Likud? Just asking
Gideon Sà’ar a déçu les électeurs de Gantz qui espéraient un nouveau Brutus ! Et il lui est reproché d’être franchement de droite ce qui ramène au centre Netanyahu ! Sà’ar vous l’avez encensé et il a perdu sèchement . La décence voudrait que vous vous absteniez de le critiquer . En politique on peut toujours revenir dans le jeu !
RépondreSupprimerAndré Mamou Tribune Juive
Excellente nouvelle. Saar est vraiment a' droite et il aurait pu réussir a' monter une coalition. On va pouvoir respirer un peu tranquille jusqu'en mars.
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