Qualifier le régime politique
français de dictature est une aberration. Les opposants politiques ne sont pas
assassinés ni emprisonnés, un espace de liberté d’information et de réflexion
est préservé (Figarovox, Atlantico, Marianne, Valeurs actuelles) ; le droit
de manifester et de se réunir est une réalité. Quelques intellectuels
s’expriment avec virulence sans être persécutés. Parler de dictature, au sens
des dictatures du XXe siècle, est pure imbécillité.
Affirmer que la France est une
démocratie est tout aussi absurde. Le soi-disant «pouvoir du peuple» est
de fait soigneusement canalisé, comme les élections nationales de 2017 l’ont
montré. De fait, grosso modo, le sauveur providentiel, élyséen, est pressenti
par le pouvoir médiatique qui s’entiche d’un personnage, le valorise et lui
ouvre ses émissions et ses studios plus qu’à d’autres, modèle son image dans
l’opinion, fabrique ainsi le président dont l’élection conditionne par la
suite, automatiquement, les législatives.
Ni dictature, ni démocratie, le
régime politique français est d’un genre nouveau : la mégalocratie. Le pouvoir
politique se concentre tout entier dans l’image médiatique d’un personnage,
absorbant à elle seule l’essentiel de toutes les sources traditionnelles de la
puissance publique : gouvernement, parlement, administration, collectivités…
L’exercice de l’autorité politique consiste, non plus à mobiliser, à décider, à
choisir, à fixer un cap, mais à incarner, c’est-à-dire à paraître, à
communiquer, à rayonner, focaliser l’attention, à n’importe quel prix. L’omniprésence
médiatique du visage élyséen n’a donc rien de fortuit ou d’accidentel : elle
est l’essence même d’un système.
Le phénomène traduit l’idéologie
du monde occidental, telle qu’elle s’est développée depuis la «chute du Mur»,
en 1989. Il donne le sentiment d’accomplir la prophétie de Francis Fukuyama, (la
fin de l’histoire et le dernier homme) : les marchés doivent imposer leur
suprématie par-delà les frontières, l’uniformisation des cultures, des nations
et des États sur le modèle occidental et l’émergence du dernier homme,
l’individu-roi, sans racine et sans culture. Dès lors, dans cette optique, le
politique, au sens du choix d’un destin par les peuples perd l’essentiel de sa
raison d’être. Il devient avant tout une affaire de maniement des émotions
collectives, des chimères, de manipulation de la foule médiatique. La mission
de l’occupant de l’Élysée, dans cette logique, est d’incarner au mieux ce
dernier homme.
La mégalocratie a des avantages
et des inconvénients.
Elle tend à enfermer le pays
dans une bulle de rêve autour d’une légende, d’un personnage héroïque, et ainsi
apaiser ses angoisses ou ses souffrances. Tel est le sens de la mythologie du
combat entre le bien progressiste et la peste nationaliste. À cet égard, elle a
besoin pour se maintenir de l’ennemi «d’extrême droite» qui fait partie
de son essence même, à la source de sa légitimité. Comme le bien n’existe que
par le mal, «En Marche» se nourrit du lepénisme au niveau national, de
sa contre-présence médiatique, et des régimes dits populistes sur le plan
international qui lui servent de faire-valoir (nonobstant la réalité des
persécutions – la Chine ou l’Arabie Saoudite ne figurent pas au rang de ses
bêtes noires).
Mais les dégâts de ce système
sont aussi considérables. Le culte de l’image élyséenne devient la fin en soi
du système politique, au détriment du bien commun. La réélection est son
principal horizon. Le régime repose sur une formidable mystification : derrière
le voile de la propagande sur la «transformation de la France», une
transformation largement illusoire, les difficultés et les drames potentiels
s’accumulent sans que la moindre esquisse de réponse ne leur soit apportée :
dette publique, écrasement fiscal, déclin scolaire, désindustrialisation,
pauvreté, chômage, communautarisme, violence quotidienne, migrations non
maîtrisées…
Pire : la mégalocratie se
développe sur la crédulité des faiseurs d’opinion (experts, politistes…)
l’anéantissement de l’esprit critique. Elle déchire le pays, aggrave la
fracture entre les élites influentes ou dirigeantes qui globalement, jouent le
jeu du conformisme, et la majorité de la population sur laquelle la
mystification ne prend pas, ou inégalement : la majorité silencieuse est
beaucoup plus lucide que ne le pense la classe dirigeante. D’où l’impopularité
structurelle et le climat de révolte larvée, permanent, qui ronge le pays.
Aujourd’hui, la question essentielle n’est pas de changer de président de la
République en 2022. Beaucoup plus : il est de briser un système et de restaurer
la démocratie française.
On a quand même eu droit à une utilisation de la force démesurée sur des manifestations, un homme s’est noyé à Nantes suite à une charge de crs, des centaines et des centaines de blessés graves. Des jugements de manifestants accélérés alors qu’on connaît la lenteur habituelle de la justice française.
RépondreSupprimerAlors oui en comparaison à la Corée du Nord on peut pas appeler la France de dictature, mais ça ressemble drôlement à une forme de dictature molle.
Et maintenant le Président de la République surfe en plus sur la vague écologiste en instillant la peur du lendemain et sa capacité à y faire face avec de beaux coups de menton. On rentre dans un régime de terreur de la pensée. Oui il faut revenir à la démocratie. Mais qui en France l’incarne, quelles personnalités, quels partis, quels mouvements ?
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