Arabe de Nazareth avec une affiche électorale |
Les statistiques officielles sont faciles à établir pour les Arabes israéliens qui vivent en communauté dans leurs villes. Aux dernières élections, selon les statistiques officielles, ils ont voté à 35% pour le Likoud. C’est un paradoxe qui peut s’expliquer difficilement mais c’est un fait avéré. Certains analystes imputent ce constat à une mauvaise humeur de l’électorat arabe qui n’a pas accepté la scission de la liste unique en deux entités concurrentes et qui a voté à l'extrême.
Députés arabes à la Knesset |
C’est
pourquoi, conscients de leur erreur de stratégie, les dirigeants arabes ont décidé à nouveau
de constituer une liste unique pour les élections du 17 septembre, créant ainsi
un souci pour Benjamin Netanyahou. Cette union va en effet pousser les Arabes à
augmenter leur participation au vote pour dépasser les 50% du 9 avril 2019.
L’électorat
arabe est délaissé par les partis politiques, à l’exception de Meretz qui
inclut d’ailleurs en position éligible un Arabe dans sa liste. Et pourtant les Arabes
représentent 20% du corps électoral mais sont considérés comme des citoyens à
part puisqu’aucun parti n’envisage de s’allier à eux sous prétexte qu’ils ont de la sympathie vis-à-vis des Palestiniens de Cisjordanie, voire de Gaza.
Diplômés arabes |
On accuse
les Arabes de faire du communautarisme en créant une liste qui leur est
réservée mais ils ont leurs raisons. On estime que leur intégration
politique passe par leur participation aux listes «sionistes». Or s’ils
sont de plus en plus impliqués dans la vie économique du pays, un Arabe vient
en effet de prendre la présidence de la plus grande banque israélienne, aucun
ne figure sur la liste Bleu-Blanc qui pourtant fait les yeux doux aux Druzes. Il
en est de même pour la liste Likoud qui ne peut pas accueillir d’Arabes sans
créer un conflit avec les nationalistes juifs.
La
nouvelle liste arabe comprend les partis Hadash, Ta’al, Ra’Am et Balad qui
espèrent gagner quelques députés grâce à cette union pour revenir aux 13 sièges
habituels de 2015 voire, 14 si les voix arabes du Likoud se reportent sur elle.
Encore faudrait-il que les partis arabes, comme tous les partis, se mettent
d’accord sur les noms des candidats et sur leur rang.
Netanyahou
n’est pas étranger à cette mise à l’écart d’une communauté qui est
systématiquement vouée aux gémonies. Il a accusé Benny Gantz de chercher à s’allier
avec les partis arabes. Il a érigé son slogan «Bibi ou Tibi» en
épouvantail contre «les Arabes qui se rendent aux urnes en hordes. Les
organisations gauchistes les amènent en bus !». Il a diffusé une fausse info prétendant
que Benny Gantz s’était allié au dirigeant Ahmed Tibi ce qui n’a jamais été
prouvé. Au contraire, ce dirigeant arabe avait joint sa voix au Likoud pour la
dissolution de la Knesset. Netanyahou a compris que tout ce qui est excessif
marquait et c’est pourquoi il n’a cessé de délégitimer Gantz en l’accusant
d’être gauchiste, pire d’être pro-arabe. La propagande du Likoud a été jusqu’à
affirmer que voter pour Gantz était synonyme d’un vote pour les Arabes.
Moins
de la moitié des Arabes ont voté le 9 avril 2019. Ils sont convaincus d’être
les laissés pour compte de la société israélienne et sont persuadés que leur
voix est peu audible à la Knesset. La prolongation du conflit israélo-palestinien
ne fait qu’aggraver une hostilité réciproque. Les Juifs considèrent les Arabes, restés dans les frontières de l’État juif, comme des Palestiniens faisant partie
du monde arabe. Les nationalistes vont plus loin en les assimilant à une cinquième
colonne en puissance, voire des ennemis déclarés d’Israël.
Malgré cela, sur la base de critères mesurables (revenu, éducation, infrastructures, emploi, justice, services sociaux), les Arabes israéliens ont comblé une grande partie du retard par rapport à leurs concitoyens juifs. Il est vrai qu’ils demeurent exclus des centres de pouvoir et sont fortement sous-représentés au sein des institutions gouvernementales et dans la vie publique en général.
Malgré cela, sur la base de critères mesurables (revenu, éducation, infrastructures, emploi, justice, services sociaux), les Arabes israéliens ont comblé une grande partie du retard par rapport à leurs concitoyens juifs. Il est vrai qu’ils demeurent exclus des centres de pouvoir et sont fortement sous-représentés au sein des institutions gouvernementales et dans la vie publique en général.
Mais Netanyahou sait qu’une
participation accrue des Arabes au scrutin le dessert et qu’il faut les
dissuader de se déplacer. Il fait tout pour les marginaliser sous prétexte de leur "impureté" politique et de la malédiction qui pèse sur eux. S’ils restent des
citoyens israéliens avec tous leurs droits, ils sont peu nombreux à exercer
leur devoir. D’une part, en raison de la constitution de la liste arabe qui fait
la part belle aux partis et rien aux représentants de la société civile arabe.
Les leaders filtrent les candidats en n’acceptant que ceux qui leur ont fait
allégeance. D’autre part, parce qu’ils ne sont pas admis dans les partis
sionistes.
Assad Ghanem |
Certains
hommes politiques arabes sont conscients du dilemme et ont été conduits à créer
une nouvelle liste, non un parti, Al-Wahada Al-Shabiya, (unité populaire),
dirigée par le professeur Assad Ghanem de l’université de Haïfa qui espère
attirer à lui tous ceux qui veulent voter sans pour autant vouloir s’affilier aux partis traditionnels
arabes qui font barrage. Mais c'est une mission impossible dans un monde politique verrouillé.
Quel que soit le nombre de députés arabes
élus, ils influeront de manière notable sur les possibilités de coalition gouvernementale et
seront les faiseurs de roi. Si les Arabes sont choyés en période électorale, ils sont
considérés avec suspicion parce qu’effectivement ils ne chantent pas l’Hatikva
à la Knesset.
Il est urgent de faire le maximum pour intégrer des Arabes dans les instances de partis "sionistes", mais le plus important pour notre pays, c'est de coopérer avec eux pour désamorcer une partie des problèmes qu'ils rencontrent. Il y a des vrais problèmes de communication entre Juifs et Arabes israéliens, mais ce sont souvent des problèmes que l'on rencontre entre Pratiquants et Laïcs/Hilonim ou entre Haredim et autres composantes de la société qui vivent en apartheid culturel et se voient rarement dans une interaction sociale. Pourtant, à la fac de Tel Aviv, je côtoie quotidennement des Arabes qui appartiennent souvent à tous les types physiques et culturels de la société israélienne et seule la langue qu'ils partent entre eux permet s'ils ne sont pas islamistes, de les distinguer. C'est donc qu'il y a une véritable possibilité de dialogue envisageable.
RépondreSupprimerCher monsieur Benillouche,
RépondreSupprimerNe croyez-vous pas que les "Arabes" comme vous les appelez - qu'ils soient israéliens, français, ou tout autre - se divisent en deux parties : ceux pour qui le Coran prime sur toute autre loi, et ceux qui sont laïcisés, qui acceptent donc d'être soumis aux lois du pays dans lequel ils vivent ?
Pour les premiers, pour qui le Coran est la parole inaltérée d'Allah qui efface les révélations précédentes - la Torah et les Évangiles qui ne seraient que des falsifications de la parole divine - ils considèreront toujours qu'ils doivent mener un combat contre les impies suppôts de Satan.
Quant aux autres, ils deviennent, directeurs de banque, professeurs d'universités ou même chefs de partis politiques.
Très cordialement.