LE BATAILLON AYIT,
L’ŒIL D’ISRAËL À LA FRONTIÈRE SYRIENNE
Par Jacques
BENILLOUCHE
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Photo: Meir Azulay |
La 210ème division de Tsahal, connue sous le nom de Bashan, dépendant du commandement Nord, responsable de la sécurité vis-à-vis de la Syrie et du
Hezbollah, est actuellement commandée depuis 2019 par le général Amir Baram. Compte
tenu de sa responsabilité sécuritaire, elle a connu à sa tête de prestigieux
généraux qui ont fait partie ensuite de l’État-major de Tsahal : Gabi
Ashkenazi (1998-2002), Benny Gantz (2002-2005), Udi Adam (2005-2006), Gadi
Eizenkot (2006-2011), Yaïr Golan (2011-2014), Aviv Kohavi (2014-2017) et Yoël
Strick (2017-2019).
Commandement nord |
Au sein de cette division, le 595ème bataillon de renseignement
de campagne «Ayit (Eagle)», en majorité constitué de soldates, est
responsable de la surveillance de la zone qui s’étend du mont Hermon au
triangle frontalier Syrie-Jordanie-Israël, d’où l’importance actuelle de cette
unité, commandée par le lieutenant-colonel Yuval Litvin. Ce corps du
renseignement de campagne, créé en avril 2000, est chargé de collecter des informations
visuelles sur le champ de bataille et de les transférer rapidement à d'autres
forces. En raison de la nécessité croissante de recueillir des informations de
combat et de maintenir des réseaux d'observation, le corps d'armée est en
pleine expansion. Les soldats du corps du renseignement de terrain portent des
bérets beiges et des bottes noires.
La situation à la frontière nord s’est stabilisée depuis que les Syriens
ont réoccupé la majeure partie du sud de la Syrie à la suite de combats
intenses conduits avec l’aide de la Russie. Les brigades syriennes qui occupaient la région
avant la rébellion, se sont à nouveau installées sur la ligne de front, comme
avant 2012. Elles ont reconstruit leurs bases et leurs postes en y
installant des soldats bien équipés, aguerris à la guerre, et dotés d’un esprit
combatif. Il s’agit d’une force militaire solide qui a expérimenté six années
de guerre, après avoir beaucoup appris à la fois des Russes et du Hezbollah
expert en tactique de guérilla.
Depuis la fin de la guerre de Kippour en 1974, jusqu’en 2012, aucun coup de
feu n’a été tiré à la travers la frontière, nécessitant ainsi la présence de
faibles troupes israéliennes. La frontière est devenue chaude en 2013 impliquant
ainsi la création l’installation de ressources de surveillance. Le bataillon Ayit est donc devenu responsable de la
surveillance et du renseignement de combat ainsi que de la direction des tirs
du mont Hermon.
Le bataillon compte plusieurs
centaines de conscrits et de réservistes chargés de surveiller l’intensité des
combats en Syrie. Dans cette région, Daesh était déployé sous plusieurs noms :
au centre Jabhat al-Nosra et au nord l'axe radical Iran/Hezbollah. Très
souvent, des unités de l’armée syrienne et des officiers originaires de villages
locaux avaient fait défection pour rejoindre Daesh en créant des unités de
combat qui ont contrôlé de vastes zones au sud. Tsahal avait donc besoin d’affiner
ses connaissances sur ces combattants en créant une unité indépendante de
renseignements constituée de soldates à haut niveau de classification.
Ce bataillon a fourni les renseignements pour l’évacuation des blessés
syriens. Si Israël n’est certes pas intervenu dans la guerre civile, il a fourni une
aide humanitaire pour évacuer près de 5.000 blessés vers les hôpitaux israéliens.
Mais les services de renseignement devaient s’assurer qu’aucun blessé ne
pourrait mettre Tsahal en danger grâce à une collecte sérieuse d’informations
précises.
Mais l’armée syrienne étant redevable auprès du Hezbollah pour son aide
dans le combat de la rébellion, elle a incorporé en son sein certains membres
de la milice pour établir un système de collecte de renseignements auprès
d'Israël le long de la frontière syrienne, en s’inspirant de ce qui était fait
au Liban. Les forces du Hezbollah peuvent à tout moment reprendre leur liberté en
Syrie en cas d’une guerre avec le Liban. Elles ont même les moyens d’organiser des
attaques depuis le territoire syrien. Les opératrices qualifiées d’Ayit ont été chargées de surveiller les
opérations clandestines du Hezbollah à la frontière syrienne. Le renseignement
est devenu la base de la défense de Tsahal. Elles connaissent parfaitement la
région pour aider les officiers d’artillerie à organiser leurs tirs et à
mesurer les dégâts éventuels.
Les centres de surveillance sont installés dans des bâtiments en béton.
Chaque opératrice dispose d’un système informatisé qui mesure l’importance de chaque
événement à rapporter au quartier général. Elle dispose de trente secondes pour
juger si un événement est irrégulier à transmettre au décisionnaire militaire. En
tout état de cause, les informations sont enregistrées sur des bases de données
pouvant servir ultérieurement.
Les opératrices vivent en permanence
à proximité de leur lieu de travail, travaillant quatre heures suivies de huit
heures de repos. Tsahal leur a construit une sorte d’hôtel confortable dans le centre de
surveillance pour leur assurer les meilleures conditions de vie sachant qu’elles
sont sous pression pendant quatre heures durant lesquelles elles doivent maintenir
leur niveau intellectuel d’alerte.
Ces centres fournissent simultanément au commandant de brigade et aux
officiers d’État-major toutes les informations visualisables sur écran de tout
événement irrégulier. Ainsi le 24 juillet 2018, un avion de chasse Sukhoï
Su-22/24 de l’armée de l’air syrienne était entré en territoire israélien sur 2
km puis a été abattu après que Tsahal ait tiré deux missiles Patriot. L'avion
de combat était tombé en Syrie. Tsahal avait surveillé la trajectoire de
l’avion avant qu'il ne soit abattu. Le Sukhoï avait décollé de la base aérienne
T-4 en Syrie et a ensuite volé vers Israël à grande vitesse. Israël avait diffusé
des avertissements et des messages de différentes manières, en différentes
langues, pour éviter tout malentendu ou toute violation de l'espace aérien
israélien.
Le 13 juillet, un drone syrien avait été abattu par un missile Patriot
après avoir volé dans la zone démilitarisée. Plus tôt, le 10 février, Tsahal avait
intercepté un drone iranien, lancé depuis la Syrie. En réponse, Tsahal avait
frappé plusieurs cibles militaires syriennes et iraniennes en Syrie.
L'armée israélienne est en état d'alerte permanente et continuera à remplir sa mission
de défense des civils israéliens et de souveraineté israélienne. D’où l’importance de ces «petites mains»
féminines qui détiennent une grande part de la sécurité du pays.
C’était un Su-22 ou un Su-24? Surement pas les deux, car même si deux missiles Patriot à un bon million de Dollars pièce ont été lancés pour l'intercepter, ils n'en ont abattu qu'un seul!
RépondreSupprimerIl existe un doute sur le modèle d'avion abattu SU22 ou SU24 d'où l'annonce israélienne du modèle SU22/24
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