L’EFFET DES SANCTIONS
AMÉRICAINES SUR LE HEZBOLLAH
Par Jacques
BENILLOUCHE
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Les sanctions américaines ont beaucoup d’effet sur
l’économie iranienne qui est au bord de l’asphyxie. C’est le but recherché pour
mettre à genoux les dirigeants iraniens afin qu’ils acceptent de modérer leurs
exigences en matière de nucléaire. En
droit international il est un principe de base des relations internationales :
la souveraineté de tous les États, qui implique le droit exclusif d’exercer
certaines compétences. Les États-Unis peuvent donc tout à fait décider
d’interdire à leurs entreprises de commercer avec l’Iran. Mais ils ne peuvent
pas interdire unilatéralement aux autres entreprises d’autres États de le
faire. Hassan Rohani dénonce la «guerre économique» menée par Washington.
Mais les répercussions sur les satellites de l’Iran
n’avaient pas été prévues. Les sanctions ont pénalisé de manière sensible le
Hezbollah, inscrit sur la liste des organisations terroristes, dans la mesure
où il reçoit moins de financement de la part de Téhéran. La milice libanaise,
qui a toujours été la favorite des mollahs, a été forcée de faire des coupes
importantes dans ses dépenses car l’argent ne rentre plus. Cela se traduit par
la mise en congés de nombreux combattants transférés dans le cadre de réserve.
De
nombreux miliciens ont même été retirés de Syrie pour raison budgétaire ce qui
a dégarni les soutiens au régime de Bachar Al Assad. Pour ceux qui restent, et
les cadres en particulier, de nombreux privilèges leur ont été supprimés, tels
que les avantages en nature.
Les médias, comme Al Manar, ont été contraints de réduire
la voilure et de mettre au chômage technique plusieurs équipes. Les programmes
sociaux ont aussi subi un coup avec la baisse des distributions gratuites de médicaments et la réduction de l’aide alimentaire aux familles des combattants. Le moral
est au plus bas au sein du Hezbollah. Les Américains eux-mêmes n’avaient pas
mesuré l’ampleur des conséquences de leurs sanctions qui obligent le Hezbollah à
tailler dans ses dépenses.
La milice libanaise n’est pas désespérée car elle a
espoir de compenser ses sources de revenus par une campagne de dons et par la recherche d’autres sources de revenus. Il est question à nouveau de
s’orienter vers le trafic de drogue depuis le sud Liban vers les pays
européens. Conscients des difficulté, Hassan Nasrallah a décrété le Djihad
financier en organisant des collectes a travers tous les villages libanais ou
en déposant chez les commerçants de petites tirelires de plastique, à l’instar
des boîtes bleues du KKL. De grands panneaux érigés le long de la route de
l’aéroport sensibilisent les citoyens pour les pousser à des dons.
Cela explique la politique plus agressive de l’Iran contre
les États-Unis qui ont révoqué les dérogations accordées à un certain nombre de
pays pour importer du pétrole d'Iran, qui ont sanctionné l'industrie de la
sidérurgie iranienne et classé le corps des Gardiens de la révolution comme une
organisation terroriste étrangère.
Cela risque de pousser l’Iran vers des décisions extrêmes en
particulier le sabotage de quatre navires de commerce dans le golfe Persique,
des attaques contre les forces américaines dans la région par l’intermédiaire
de milices chiites loyales à l’Iran, des attaques à l'aide de véhicules aériens
sans pilote (UAV) contre des installations pétrolières saoudiennes et enfin
l’escalade dans la bande de Gaza orchestrée par le Djihad islamique palestinien.
Le commandant de la force Al Qods des Gardiens de la
révolution, Qasem Soleimani, vient de rencontrer des milices irakiennes à
Bagdad pour leur demander «de se préparer à la guerre par procuration». Il s'est fait photographier avec Abu Mahdi al-Muhandis, commandant des unités de mobilisation
populaire (milices chiites en Irak), et avec Shibl al-Zaidi, commandant du
parti Shi, les milices des bataillons de l'imam Ali.
Avec le Hezbollah, tout est imprévisible, Il pourrait choisir
la course en avant et se lancer dans une aventure de provocation ou de guerre pour raviver la flamme de ses militants. Mais ce serait un
suicide.
RépondreSupprimerCher monsieur Benillouche,
Ne serait-il pas plus simple de dire que les États-Unis peuvent TOUT se permettre, et par TOUS les moyens, quittes à déclencher une nouvelle guerre asymétrique meurtrière dans la région, où Israël serait aux premières loges ?
Très cordialement.
les USA ne peuvent pas interdire à une entreprise autre qu'américaine de commercer avec l'Iran!
RépondreSupprimerMais ils peuvent interdire le marché américain à ces entreprises!