IRAN, ÉTATS-UNIS,
CHINE, ISRAËL : DERNIERS DÉVELOPPEMENTS
Par Jacques
BENILLOUCHE
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Si l’on échappe à la guerre dans les prochaines semaines, c’est que les grands dirigeants internationaux ont mis de l’eau dans leur vin, dans leur thé ou dans leur saké. Le monde est en ébullition ; aucun continent n’est à l’abri d’une quelconque déflagration, ajouté à cela que l’économie est devenue une source de conflits. Les derniers développements politiques ne sont pas optimistes.
Des conteneurs chinois au port de Long Beach, en Californie |
La Chine et les États-Unis
ferraillent dans leurs négociations et s’orientent vers une escalade de la
guerre commerciale. L'administration
Trump veut absolument réduire l'immense déficit commercial des États-Unis
vis-à-vis de la Chine, qui s’est élevé en 2018 à plus de 378 milliards de
dollars. Pour cela, elle exige des «changements structurels» comme la
fin des transferts forcés de technologies, la protection de la propriété
intellectuelle américaine ainsi que la suppression des subventions chinoises
aux entreprises d'État.
La Chine refusé pour l’instant de modifier ses lois visant à limiter les
subventions gouvernementales car toute sa stratégie économique en dépend. Il
est vrai aussi que la quasi-totalité des marchandises américaines importées en
Chine est déjà surtaxée, soit 110 milliards de dollars sur un total annuel de
120 milliards en 2018.
Les États-Unis avaient donc décidé, le 10 mai, d’augmenter de 10% à 25% les
droits de douane sur certaines marchandises chinoises représentant 200
milliards de dollars d'importations annuelles. Donald Trump a d’ailleurs prévu
d’étendre l’augmentation des tarifs douaniers sur la quasi-totalité des
produits chinois. La réaction chinoise ne s’est pas faite attendre puisque les
Chinois ont décidé qu’à partir du 1er juin, les tarifs douaniers seront relevés à 10%, 20%,
voire jusqu'à 25% sur un ensemble de marchandises américaines représentant 60
milliards de dollars d'importations annuelles.
Chute de la bourse |
Les bourses mondiales n’ont pas apprécié et ont réagi
immédiatement dans le cadre d’une mini-tornade : le Dow Jones a perdu
2,48%, et le Nasdaq 3,46%. Il reste quelques jours pour que les deux pays parviennent
à un accord. D’ailleurs Trump et Xi Jinping devraient se rencontrer lors du
sommet du G20 en juin. Le président américain en fait une question de principe
tandis qu’on voit mal le président chinois se plier aux dictats américains. A
suivre…
Amirali Hajizadeh |
La rhétorique guerrière de l’Iran a atteint son paroxysme. le général Amirali Hajizadeh, chef de la division
aérospatiale des Gardes de la révolution, n’a pas apprécié l’augmentation des
moyens militaires américains dans le Golfe avec l’envoi sur zone du
porte-avions USS Abraham Lincoln dotés de bombardiers B-52. Il joue un peu à
l’esbrouffe bien que le monde ne soit pas à l’abri d’une provocation aux
conséquences dramatiques : «Un porte-avions doté d'au moins 40 à 50
avions et de 6 000 soldats réunis était une menace sérieuse pour nous dans le
passé, mais maintenant, les menaces ont basculé en opportunités. Si les Américains agissent, nous les frapperons
à la tête».
La rhétorique a en effet changé face au durcissement des sanctions américaines qui mettent à mal l’économie
iranienne à bout de souffle avec un rial qui s’effondre. Les conséquences des
sanctions sont dramatiques avec l’envolée des prix à la consommation, la dévaluation
vertigineuse du rial, et la pénurie de plus en plus visible des produits de la
vie courante. La vie des Iraniens, qui ont du mal à boucler leurs fins de mois,
est devenue tellement difficile que nombreux sont ceux qui sont contraints
d’émigrer, quand ils le peuvent. Trump veut forcer Rohani à négocier avec lui
sur le programme nucléaire même s’il doit recourir à une confrontation
militaire.
Les décisions de Trump ne sont pas dans la ligne des Européens qui veulent
sauver l’accord nucléaires à tout prix, même au prix du rétablissement des
exportations iraniennes de pétrole. Mais le président américain reste déterminé
grâce au soutien de l’Arabie saoudite qui a augmenté sa production tout en
restant dans les limites imposées par l’OPEP. L’Arabie trouve d’ailleurs son
compte car son pétrole est vendu plus cher à la Chine, à la Corée du Sud et à
l’Inde.
Youval Steinitz |
Dans ce bras de force, Israël joue le rôle d’observateur et compte les
points mais la prudence est de mise. Le ministre de l’Energie israélien, Youval
Steinitz, a averti que la montée des tensions entre les États-Unis et l’Iran
pourrait pousser la République islamique à impliquer Israël en lançant des
missiles à travers ses alliés, le Hezbollah libanais ou le Djihad islamique de
Gaza. Tsahal a déjà affronté les Iraniens en Syrie et au Liban mais il a évité une
guerre ouverte avec l’Iran sauf s’il est contraint à la suite d’une attaque de
missiles, improbable certes. Mais on ne peut imaginer les réactions d’un pays
aux abois.
D’ailleurs l’attaque de navires commerciaux au large des Émirats Arabes Unis est attribuée à l’Iran ou à ses mandataires. La liberté de navigation est un casus belli. On ignore s'il s'agit pour l'Iran de tester la réaction américaine et d'une volonté d'escalade dans le cadre d'une fuite en avant.
D’ailleurs l’attaque de navires commerciaux au large des Émirats Arabes Unis est attribuée à l’Iran ou à ses mandataires. La liberté de navigation est un casus belli. On ignore s'il s'agit pour l'Iran de tester la réaction américaine et d'une volonté d'escalade dans le cadre d'une fuite en avant.
Israël comptait sur la visite en Russie, le 13 mai, du secrétaire d'État
américain Mike Pompeo pour raisonner les Iraniens. Mais le chef de la diplomatie
américaine a annulé son voyage et rencontrera des responsables européens à
Bruxelles afin de discuter du dossier iranien. A suivre…
Pendant ce temps les primaires
démocrates se préparent aux États-Unis avec au moins neuf candidats dont la
plupart, excepté Joe Biden, sont des néophytes en politique internationale.
D’ailleurs la politique étrangère ne fait pas partie des débats, pour l’instant
ce qui pour un futur président risque d’être un gros handicap. Il est vrai que
Trump est arrivé au pouvoir avec une méconnaissance totale des enjeux
internationaux mais les menaces auxquelles étaient confrontés les États-Unis
n’étaient pas de la même nature. A suivre…
Pardonnez-moi, cher monsieur Benillouche, mais aujourd'hui, pour nous c'est pouce !
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