Pages

mercredi 17 avril 2019

Les axes socio-économiques 2/ Santé



LES AXES SOCIO-ÉCONOMIQUES DU GOUVERNEMENT ISRAÉLIEN

2/ Santé

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps

Yaakov Litzman au centre

Pour analyser les problèmes de santé en Israël, il suffit de se référer aux données de l’OCDE sur la santé des pays membres et de comparer Israël à ces pays au moyen d'un grand nombre d'indices. Plus de 40 indicateurs classent Israël parmi les pays de l'organisation. Les conclusions sont souvent négatives ce qui donne une idée de la tâche qui attend le nouveau ministre israélien de la santé. Il est probable que l’orthodoxe Yaakov Litzman sera reconduit alors qu’il n’a aucune formation scientifique, encore moins médicale, mais uniquement talmudique. Sa seule qualité est d’être indispensable à la coalition gouvernementale.



Hôpital Soroka de Beer-Sheva

L’OCDE a tiré plusieurs conclusions :
- Le taux de dépenses de santé du PIB en Israël est un taux stable de 7,3%. Il reste inférieur à celui de la plupart des pays de l'OCDE dont la moyenne est de 8,9%.
- Le taux des dépenses publiques de santé par rapport aux dépenses totales, compte parmi les plus faibles dans l'OCDE et s'élève à 63% contre 74% en moyenne dans l'OCDE, ce qui situe Israël 30ème pays sur 35.
- Le nombre de lits pour une hospitalisation générale en Israël est faible et classe Israël cinquième à partir du bas de la liste avec 2,3 lits pour 1.000 personnes, contre 3,6 dans les pays de l'OCDE. Le taux d'occupation des lits en Israël est le deuxième plus élevé dans l'OCDE avec 93.8%.
Irm 

- Le taux de dispositifs d'IRM par million d'habitants en Israël a légèrement varié pour atteindre 4,9. Malgré l'augmentation significative du nombre d'instruments, Israël est dans une position basse par rapport à la moyenne de l'OCDE qui s'élève à 15,8. Seuls le Mexique et la Hongrie ont un taux inférieur à celui d'Israël. En Israël, 36 tests IRM sont effectués pour 1.000 personnes, contre 64 dans l'OCDE.
- L'espérance de vie en Israël est supérieure à la moyenne dans les pays de l'OCDE. Celle d'un Israélien a augmenté l'année dernière et est supérieure de deux ans et demi à la moyenne, 80,7 contre 78,1 en moyenne). L'espérance de vie des hommes est la quatrième plus élevée dans tous les pays de l'organisation. Chez les femmes, l'écart est plus faible et se situe à environ un an (84,2 par rapport à 83,4). L'espérance de vie des femmes en Israël se situe au douzième rang des pays de l'OCDE. L'espérance de vie générale de la population est de 82,5 ans, au sixième rang des pays de l'OCDE.
- Le taux de mortalité infantile en Israël est inférieur à la moyenne dans les pays membres de l'organisation et en Israël, il était de 3,1 décès pour 1.000 naissances en 2015, contre une moyenne de 3,8 dans les pays de l'OCDE.
- Le taux de suicide en Israël est de 4,1 pour 100.000 habitants, contre 12,4 dans l'OCDE, et il est le deuxième plus faible de tous les pays de l'OCDE.


- Le taux de fécondité en Israël est le plus élevé de l'OCDE et se situe à 3,1 naissances par femme, contre 2,2 au Mexique en deuxième place et 1,7 en moyenne dans l'OCDE.
- En ce qui concerne l’assurance maladie volontaire, Israël se situe au troisième rang des pays de l'OCDE en termes de pourcentage de titulaires d'assurance maladie volontaire.
Moshe Bar Siman Tov

Le rapport de l’OCDE s’explique par le verre à moitié plein ou à moitié vide. Le ministre ne veut retenir que l'aspect positif : «L'OCDE montre une fois de plus que l'espérance de vie en Israël est l'une des plus élevées du monde ». Mais le directeur général du ministère, Moshe Bar Siman Tov, est plus réservé « Les données de l'OCDE présentent une image complexe du système de santé. Les résultats en matière de santé se situent au sommet de l'OCDE, mais les problèmes d'infrastructure et de ressources nécessitent des améliorations significatives au-delà des améliorations que nous avons apportées ces dernières années. Les défis du système de santé requièrent une attention particulière à la lumière du vieillissement accéléré de la population».
Le ministre de la Santé aura besoin de plusieurs milliards de shekels pour maintenir au moins la situation actuelle. La population vieillit tandis que les budgets du système de santé ne répondent pas aux besoins et sont même réduits. Il faudra beaucoup de persuasion pour que le ministre obtienne un changement dans le système de santé car le gouvernement devra modifier ses priorités. Le système de santé israélien est à la limite de l’explosion bien que le budget actuel soit de 60 milliards de shekels. Trois à sept milliards de plus seront nécessaires si l’on veut doter les hôpitaux de programmes supplémentaires.
Orly Levy-Abecassis

La seule candidate qui ait abordé ce sujet durant la campagne a été Orly Lévy-Abecassis dont le programme était axé sur le plan social et économique. Elle s’est toujours battue pour les problèmes médicaux en mettant en avant les défaillances du système de santé mais les électeurs ont décidé autrement car ils ont voulu voter «utile» en l’éliminant de la Knesset. Elle avait surtout pointé du doigt les écarts importants entre les villes de la «périphérie» et du centre. Elle savait de quoi elle parlait car elle avait été présidente de commission à la Knesset. Pour elle l’espérance de vie des habitants de la périphérie est de quatre fois inférieure à celle des habitants du centre car il existe peu d’hôpitaux et que les temps d’attente sont trop longs pour consulter un spécialiste médical. Elle avance le chiffre de 5.000 décès par an en raison d’un manque de soins. Certaines villes sont situées à des heures de trajet d’un hôpital ce qui fait désordre pour un pays spécialiste du hightech.
Le ministre devra par ailleurs régler définitivement la question de l’équivalence de tous les diplômes médicaux français, reconnus internationalement, alors qu’Israël manque de médecins, de spécialistes, d’infirmières et de paramédicaux.
Certaines règles sont dépassées : la règle de la limitation pour un médecin de traiter un patient en privé ; les remboursements des frais médicaux d’un chirurgien ne sont autorisés que dans le cadre d’une liste approuvée de praticiens ; les délais d’attente sont trop longs pour des actes de chirurgie ou pour des IRM. Les dépenses des Israéliens en assurance maladie privée ont triplé dans les vingt dernières années pour atteindre 14 milliards de shekels en 2017 ce qui rend le système de santé de plus en plus dépendants des assurances privées.
Haute Galilée

Pour renforcer le système de santé public, il faut consacrer plus de budget qui pourrait être prélevé sur les ressources du gaz dont on ignore finalement la destination. Il faudra trouver un système d’encouragement matériel, financier et fiscal pour les médecins qui acceptent de s’installer dans des zones périphériques.


Bref, en raison de la tâche qui attend le ministre de la santé, il devrait être désigné non pas en fonction des impératifs de coalition mais en fonction de sa compétence médicale et de sa capacité à convaincre le premier ministre d’un programme de santé amélioré. Certes la sonde Berechit est importante pour l’image de marque d’Israël mais ce budget de 100 millions de dollars dépensé représente le coût d’un nouvel hôpital à Kyriat Shemona, au bout du monde à gauche.

1 commentaire:

  1. Bref – malgré le poids des populations religieuses et arabes l’espérance de vie en Israël est exceptionnelle. La crise des services de santé est un phénomène qui touche tout l’occident . Lisez un peu la presse française et le problème des déserts médicaux. Et eux n’ont pas un budget militaire démesuré. Certes il y a encore beaucoup à faire, mais il faudrait des sommes fabuleuses… ou augmenter la taxe santé et les assurances. Ce que personne ne veut.

    RépondreSupprimer