LE BLOCUS PASSOIRE
DE GAZA
Par Jacques
BENILLOUCHE
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Défilé à Gaza |
Le blocus de Gaza est censé couper,
par la force, le ravitaillement en armes de Gaza. Il a pris place sur mer avec
un blocage du commerce maritime et sur terre par un contrôle des transports
terrestres. Il est légitime de se demander si ce blocus est efficace car la
frontière avec Gaza est une passoire qui laisse traverser toutes sortes d’armes
de guerre depuis les simples roquettes Kassam et les mortiers jusqu’aux
missiles et les roquettes iraniennes Fajr-5.
Il
s’agit véritablement d’un mystère car ni les satellites et ni les drones
n’arrivent à détecter ces transferts entre Gaza et le monde extérieur. Les
nombreuses frappes israéliennes ne parviennent pas à détruire un arsenal qui
est en constant remplacement. Il faut se rendre à l’évidence que le Hamas et
le Djihad islamique font preuve d’ingéniosité pour échapper à la surveillance
de l’Égypte et bien sûr d’Israël.
Les centaines de tirs de roquettes
n’épuisent pas le stock alors que les puissances des armes sont en évolution
constante. Israël est à présent convaincu que, en plus de la contrebande par
les tunnels, des usines locales travaillent à plein rendement pour équiper les
milices islamiques. On a dépassé les petites roquettes artisanales faite de
bric et de broc pour utiliser des roquettes capables de parcourir 120 kms et
frapper le centre du pays.
Tunnel de Gaza |
Quand on voit le matériel dont dispose Gaza, on
reste convaincu que le blocus est une véritable passoire. Bien que l’Égypte ait
détruit la majorité des tunnels en 2013, un nouveau réseau de tunnels le long
de la frontière égyptienne a été reconstruit permettant l’importation d’armes
de pointe. Le chef du Hamas Yahya Sinwar a confirmé que toutes les armes
détruites pendant la guerre de 2014 avaient entièrement été reconstituées.
Les services de renseignement confirment
que le Hamas détient à présent des armes sophistiquées plus précises, à savoir
des missiles antichars guidés et des missiles anti-aériens lancés à l’épaule,
d’origine russe, et même certains drones. Nous sommes loin des roquettes artisanales
de type Kassam dont on ne contrôle pas la trajectoire. Le Hamas dispose à
présent de la fusée R-160 (Rantissi-160)
qu’il a utilisée pour la première fois lors de la guerre de 2014 pour frapper
Haïfa. Mais il produit aussi la J-80 (Jabari-80) qui vient de frapper le centre
d’Israël.
Des
techniciens iraniens introduits à Gaza ont aidé le Hamas à créer une usine
locale de fabrication d’une copie de la fusée Farj-5 baptisée M-75, basée sur
la technologie chinoise. Par ailleurs les Iraniens ont réussi à fournir à Gaza
de nombreuses fusées russes Grad d’une portée de 20kms. Tout ce matériel est
inaccessible à l’aviation israélienne car il est stocké dans de nombreux
tunnels défensifs qui sont construits en permanence et qui transforment Gaza en
un véritable gruyère.
Des
centaines de mortiers à courte portée en provenance de l’arsenal libyen
traversent tous les jours la frontière égyptienne, ainsi que des missiles antichars à guidage
laser, Kornet, d’origine russe que le Hezbollah détient en grande quantité.
Mohamed Zouari |
Enfin
les techniciens du Hamas ne cessent de se perfectionner en drones pour
l’instant au stade primaire. On se souvient de l’élimination en Tunisie de l’expert
en drones, Mohamed Zouari, de l’aile militaire du Hamas. Zouari d’origine
tunisienne s’était rapproché des Palestiniens lorsqu’ils ont vécu en exil en
Tunisie avec Yasser Arafat. Il s’est mis à leur service et à celui du Hezbollah
depuis les années 1990, après avoir quitté sa Tunisie natale. Il avait
progressé dans l’organisation du Hamas jusqu’à devenir le chef du programme de
fabrication des drones après avoir perfectionné sa formation à Damas où il a
vécu jusqu'en 2013. Cette élimination en décembre 2016 a totalement ralenti le
projet des drones du Hamas.
Point de passage de Gaza |
Les différents cessez-le-feu entre Israël et
le Hamas permettent de rétablir le calme et de fournir à Gaza, via les points
de passage israéliens, toutes les denrées alimentaires dont il a besoin. Mais
cette accalmie est l'occasion pour le Hamas de renforcer son
approvisionnement militaire. C’est pourquoi de nombreux ministres ne sont pas
favorables à un accord de cessez-le-feu avec le Hamas arguant que Tsahal ne
peut évaluer la situation qu’en se déplaçant sur place avec ses forces spéciales déguisées
qui prennent tous les risques.
Il faut constater que le blocus de Gaza
par Israël, l’Égypte et l’Autorité palestinienne a échoué. Le blocus n’a pas
empêché le Djihad islamique, le Hamas et d’autres groupes d’acquérir un plus
grand nombre de missiles et de nouvelles capacités d’armement. Il faudrait donc
trouver de nouvelles solutions pour éviter la propagation de l’armement de mort
à Gaza.
Soit une solution militaire faisant entrer
les chars et l’infanterie israéliens pour aller à la recherche des arsenaux du
Hamas en neutralisant, voire en éliminant, les dirigeants islamistes. Mais ce
n’est pas dans les plans actuels du gouvernement qui veut maintenir une entité
autonome à Gaza pour contrer Mahmoud Abbas et empêcher tout regroupement de
Gaza et de la Cisjordanie en vue d’un nouvel État palestinien.
Projet d'île à Gaza |
Soit une solution politique qui a été
prônée par le pragmatique nationaliste Avigdor Lieberman, qui a mis de l’eau dans sa vodka et qui ne peut être accusé de "gauchisme". Il propose d'ouvrir la frontière pour admettre en Israël des ouvriers de Gaza,
pour diffuser la production agricole de l’enclave vers l’étranger, pour créer
un port maritime et un aéroport contrôlés par les forces israéliennes, bref
pour redonner vie à une enclave soumise à la détresse économique. Pour cela il
faudrait changer la politique sécuritaire du pays.
Quelques liens complémentaires :
"Réponse sans doute dans les urnes le 9 avril."
RépondreSupprimerMazel tov ! Comme on dit chez vous, je crois.