Hier l’actualité nationale,
télévisions, radios, presse, était focalisée avec un impressionnant unanimisme
sur la performance exceptionnelle du chef de l’État au salon de l’agriculture
qui battait tous les records en y restant 14 heures. Les jours précédents,
depuis plusieurs semaines, les informations s’organisaient avec le même
unanimisme autour de sa participation au grand débat jugée dans l’ensemble
formidablement réussie. L’extase était à peu près universelle dans tous les
commentaires entendus sur les plateaux de télévision.
D’ailleurs, le parti du
président LREM a le vent en poupe dans les sondages qui le donnent désormais
largement en tête des élections européennes. Cette sublimation totémique d’un
personnage me paraît avoir une signification évidente : elle sert à recouvrir
les maux profonds de la France : vertigineuse dette publique, violence
endémique qui se répand dans la rue, incapacité de l’État à restaurer l’ordre
public, aggravation du matraquage fiscal, de la pauvreté, de l’exclusion, du
communautarisme, capacités d’accueil débordées par la hausse des flux
migratoires, déclin du niveau scolaire, désindustrialisation, affaiblissement
de la France en Europe et dans le monde…
Elle permet également de jeter
un voile pudique sur la quasi disparition du gouvernement et du parlement (sauf
le Sénat), sur la faillite de la puissance publique à régler les problèmes des
Français, sur l’échec de la République exemplaire. Mais au-delà du constat, il
faut bien reconnaître une profonde perplexité et des interrogations qui
l’emportent (chez moi) largement sur les certitudes. Une telle mise en scène
quotidienne de la personnalisation du pouvoir a-t-elle jamais existé depuis la
Libération ?
Jusqu’où peut aller cette fuite en avant dans la personnalisation sans
porter atteinte aux principes de la démocratie libérale, traditionnellement
fondée sur l’intérêt général plutôt que l’exaltation d’un leader ? Quel
pourcentage de la population est-il sensible à la mise en scène médiatique ? Pourquoi cet unanimisme des commentateurs et
absence de toute réflexion critique ? Signe du déclin de la culture politique,
de triomphe du conformisme, de courtisanerie ou de peur ? Pourquoi cette
incapacité tragique du monde politique, plus généralement du pays, à faire
émerger une solution républicaine, alternative et crédible, même à moyen terme ?
La dérive de la politique en un grand spectacle narcissique et stérile est-elle
une fatalité liée à l’évolution du monde ou existe-t-il une fenêtre d’espoir à
l’avenir pour refonder la politique, la res publica, la démocratie, sur le seul
bien commun ? Sincèrement, modestement, tragiquement, je n’en sais plus rien…
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