Israël élections avril 2019
LA MAUVAISE
OPÉRATION DE L’EXTRÊME-DROITE
Par Jacques
BENILLOUCHE
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Netanyahou et les leaders d'extrême-droite |
Il n’est pas sûr que l’introduction des Kahanistes dans la liste conjointe,
Habayit Hayehudi (Foyer juif) et Ihoud Leumi (Union nationale) soit bénéfique
pour les clans d’extrême-droite. Otzma Yehudit (Force juive), invitée à les rejoindre et représentée par Itamar Ben-Gvir, est
un parti politique qualifié de sioniste religieux, kahaniste,
ultra-nationaliste, anti-arabe, d'extrême droite et descendant idéologique
du parti illégal Kach créé par le rabbin Kahane.
Rabbin Meir Kahane |
Ce parti exige l'annexion totale
de la Cisjordanie et l'instauration d'un régime israélien complet entre le
Jourdain et la mer Méditerranée. Il s’oppose donc bien sûr à la création d'un
État palestinien et plaide en faveur de l'annulation des accords d'Oslo ainsi
que de l'imposition de la souveraineté israélienne sur le Mont du Temple. Il n’a
jamais réussi à atteindre, seul, le seuil minimum de 3,25% des voix pour entrer à la Knesset.
Liste d'union sans Otzma |
Le partenariat proposé, qui a
pratiquement été négocié, sinon imposé par Benjamin Netanyahou, ne fait pas l’unanimité
au sein de Habayit Hayehudi. C’est d’ailleurs ce rapprochement éventuel qui
avait conduit Naftali Bennett et Ayelet Shaked à le quitter car ils ne
pouvaient pas accepter cette radicalisation. Le leader Nir Orbach, et
le candidat Yifat Ehrlich font pression sur leur direction pour ne
pas approuver cette union avec les Kahanistes.
De leur côté les députés Moti
Yogev et Nissan Slominsky s'opposent à leur président Rafi Peretz qui a négocié
avec Netanyahou cet accord. Ils sont convaincus de laisser des plumes aux
élections car les Kahanistes ont une réputation sulfureuse qui peut braquer les
électeurs. Après le choc du départ de Bennett, le parti est convalescent et il
risque de replonger dans les sondages après une petite éclaircie. D’ailleurs
Yifat Ehrlich a expliqué sa position à la radio de l’armée : «Il faut
regarder toute la carte. Le Foyer Juif refait son identité après le coup
terrible qu’il a reçu. Il y a quelques joueurs dans l'arène, Bennett et Shaked,
qui veulent que nous soyons aussi radicaux que possible afin qu'ils puissent
dire qu'ils ont créé une nouvelle droite, amorphe et dépourvue d'une telle
identité». Mais le comité central du Foyer Juif a approuvé l'accord visant à faire bloc avec Otzma Yehoudit.
Leaders d'Otzma |
Benjamin Netanyahou poursuit un
double objectif en arbitrant cette fusion. D’une part, il veut absolument créer
une force à droite pour servir d’appoint à son nouveau gouvernement. Il sait que si l’extrême
droite se présente désunie, aucun groupuscule ne franchira le seuil minimum. Par
ailleurs il veut affaiblir le parti de la Nouvelle Droite de Naftali Bennett pour minimiser éventuellement
son poids dans une prochaine coalition. Mais pour une fois le calcul risque d’être
faux car 2 + 1 ne fera pas trois dans les résultats électoraux. En contrepartie des efforts déployés
par les trois micro-partis, le premier ministre a proposé la place numéro 28 sur la
liste du Likoud à un représentant de ce groupe uni qui, une fois élu, réintégrerait
son parti d’origine. C’est une assurance pour l’extrême-droite de
disposer d'au moins un député si par malheur elle n’atteignait les 3,25% de
voix minimum pour entrer à la Knesset.
Mais les Kahanistes
feront certainement fuir les électeurs «modérés» qui veulent bien se
fourvoyer à l’extrême-droite, mais certainement pas en compagnie de ces extrémistes racistes. Alors, déçus, ils rejoindront la Nouvelle Droite qui vient d’offrir
la place de 11ème à Yomtov Kalfon dans le but de capter les voix francophones
orphelines et totalement négligées par les autres partis. L'idée d'être candidat est un cadeau qu'on ne peut pas refuser même s'il n'y avait aucune concrétisation. Kalfon n'a pas compris qu'il détenait une carte maîtresse à exploiter pour être mieux placé. Il débute en politique.
Bennett, Kalfon et Shaked |
Bennett n’a pas fait
preuve d’une grande générosité en attribuant ce rang non éligible au vu des
derniers sondages, qui lui attribuent 8 sièges aux élections. Mais à voir la
mobilisation des militants francophones religieux, excités à l'idée d'envoyer enfin un des leurs à la Knesset, il pense qu’il a visé juste en se servant d’un
alibi.
Il manque trois députés à Yomtov Kalfon pour être élu mais un calcul facile rend la démarche impossible. Un député nécessite entre 33.000 et 35.000 voix face à des électeurs
francophones, qui boudent souvent les urnes, et qui ne dépassent jamais les 10.000 votants. Mais les soutiens de
Kalfon doivent ignorer ce calcul. Au pire, il obtiendra une meilleur place aux
prochaines élections.
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