NETANYAHOU VEUT MORCELER ENCORE PLUS LA KNESSET
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Contretemps
La
majorité de la classe politique se plaint de la difficulté de gouverner le pays
parce qu’il est inextricable d’obtenir une majorité stable en Israël. Les gouvernants
sont forcés de constituer une coalition hétérogène, faite de bric et de broc,
très souvent instable parce qu’elle est soumise au chantage politique. Un petit
parti charnière de quelques députés devient alors le faiseur de roi. Tout le
monde incrimine le système électoral israélien fondé sur la proportionnelle
intégrale. Effectivement plusieurs coalitions ont été dissoutes avant la fin de
leur mandat en raison d'alliances contre nature entre les ultranationalistes,
les religieux, les centristes et les députés de l'aile gauche.
Les
Israéliens, par souci exacerbé de démocratie, sont attachés à la représentation
à la Knesset de tout le spectre politique national alors que les pays occidentaux ont
depuis longtemps choisi la stabilité grâce au système majoritaire à un ou deux
tours. Il est vrai que les petites entités politiques sont alors éliminées du
Parlement.
Lors
des élections législatives de 2015, les petits partis arabes étaient visés
puisque le seuil d’entrée minimum à la Knesset qui était de 2% a été relevé à
3,25%, soit quatre députés au moins, alors qu’ils disposaient chacun de trois députés.
Mais c’était compter sans la volonté arabe d’exister puisqu’ils constituèrent une
liste unique qui a raflé 13 mandats faisant des Arabes le troisième parti après
le Likoud et les Travaillistes, à la limite de compter parmi eux le chef
officiel de l’opposition avec tous les avantages qui lui sont reconnus. Netanyahou
s’était justifié à l’époque : «Le peuple d'Israël avait besoin
d'un gouvernement fort et stable et de gouvernabilité, mais aussi de moins de
petits partis».
Mais,
pour des raisons de pure opportunité politicienne, il vient de changer d’avis
car il a «soulevé la possibilité d’abaisser le seuil électoral d'un
demi pour cent» pour permettre à quelques partis qui avaient atteint
le seuil de trois députés d’entrer à la Knesset. C’est en fait pour émietter
encore plus une Knesset qui deviendra ingouvernable. Les derniers
sondages donnent au Likoud entre 34 et 40 sièges ce qui le rend inatteignable.
Or deux partis de la coalition sont aujourd’hui en danger, Shass et Israël
Beitenou, et ils risquent d’être en dessous du seuil et de disparaître de la prochaine Knesset,
enlevant au premier ministre deux principaux partenaires dans sa coalition.
Bezalel Smotrich |
Netanyahou
poursuit en fait une autre idée en abaissant le seuil électoral. Il veut faire
exploser le parti Habayit Hayehudi de Naftali Bennett, qui devient de plus en
plus autonome et de plus en plus critique envers le premier ministre. Le seul moyen de
neutraliser le ministre de l’Éducation est de permettre à l’un des membres
extrémistes de son parti, Bezalel Smotrich, de faire sécession et de ranimer son micro parti Tkuma, réduisant le Foyer Juif à sa plus simple
expression de parti national religieux qu’il avait au départ.
Le
leader du Shass s’oppose aussi à la réduction du seuil électoral car son rival
le plus déterminé, Eli Yishaï, risque d’être élu puisque son parti Yahad avait
flirté avec le seuil minimum de 3% des voix ; il lui manquait à peine
11.000 voix pour être élu. Déry n’a aucune autre volonté stratégique que
la vengeance vis-à-vis de celui qui lui avait ravi, en son temps, la place de
leader tandis qu’il attendait son heure en prison. Alors que le Shass risque de
ne pas atteindre le seuil minimum actuel, Arie Déry est prêt à user de la
politique de la terre brûlée en se sabordant plutôt que de voir son rival entrer
à la Knesset.
Sortie de prison de Arié Déry |
Or
Eli Yishaï, contrairement à Déry qui a fait plusieurs menaces de quitter la coalition,
a toujours été loyal vis-à-vis de Netanyahou. Son élection pourrait assurer au premier
ministre une petite réserve de députés pour sa nouvelle coalition et quelques
soutiens dans le monde orthodoxe religieux séfarade. Le premier ministre est en
effet prudent car il n’a pas oublié qu’Avigdor Lieberman avait joué à la
coquette en refusant de rejoindre la coalition au début, la laissant ainsi à
une voix de majorité avec 61 sièges sur 120.
Ces
changements de stratégie prouvent que l’intérêt de l’État n’est pas la première
préoccupation du premier ministre mais plutôt sa survie politique. On ne peut
pas osciller politiquement en fonction des difficultés du moment. Netanyahou
veut consolider son socle d’extrême droite pour gouverner plus facilement.
Zandberg |
Au parti
travailliste on accueille cette décision avec beaucoup de réserve. Pour le
leader Avi Gabbay : «Le seuil électoral devrait être relevé et non
abaissé. C'est ce qui est bon pour le pays, même si ce n'est pas pour certains
politiciens». Pour lui, cela évite les chantages, voire les extorsions de
fonds pour constituer une majorité. La norme de quatre députés minimum pour exister à
la Knesset évite l’entrée de partis fantaisistes éphémères. Tamar Zandberg,
présidente du Meretz, qui a vu son parti frôler l’élimination en 2009 avec trois
mandats, craint la situation du pire et préfère abaisser le seuil pour garantir
l’existence de son parti à la Knesset.
Pour de
nombreux constitutionalistes, le seuil électoral, à son pourcentage actuel, a
créé un bon processus permettant aux petits partis de s’unir les uns aux autres
et a réduit le nombre de partis à la Knesset. Il est même trop bas puisqu’en
Europe il est souvent de 5%. La politique d’émiettage est inconséquente et ne
répond qu’à une situation du moment alors qu’Israël doit enfin pouvoir assurer
une durée normale de la législature, sans recourir aux élections anticipées.
Les dirigeants ne sont pas préoccupés par l’intérêt national mais par l’intérêt
provisoire de leur petite chapelle.
Depuis 1949, la Knesset a été dissoute
douze fois, un chiffre qui témoigne de l'instabilité chronique de cette
institution. La dix-neuvième Knesset avait été élue
en 2013 avec douze partis tandis que celle de 2015, avec dix partis seulement.
Si le changement imposé par Netanyahou passe à la Knesset, alors le nombre de partis
va encore exploser pour une plus grande volatilité.
Diviser pour mieux régner...rien de nouveau..ça fait pas avancer le" shimblick.."mais ISRAEL est un rassemblement de personnes venues du Monde entier alors, pas facile de gouverner...
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