Lundi dernier, Emmanuel Macron a
prononcé devant les parlementaires réunis en Congrès à Versailles, un discours d’une
heure et demie pour faire le bilan de sa première année de présidence. Comme vous devez vous en douter, ce discours s’adressait en priorité au peuple français
qu’il fallait convaincre de la justesse du choix qu’il avait fait l’an dernier
en l’élisant à la présidence de la République.
Il y avait eu un fléchissement
sérieux dans les sondages d’opinion, tant envers sa personne qu’envers sa
politique. Un chef d’Etat ne gouverne pas l’œil fixé sur les sondages mais
convaincre seulement 26% des français ne suffit pas. Il devait essayer de
casser son image de «président des
riches» que lui avait accolé la gauche et celle «de président des villes» que lui
avait accolé la droite. Il s’y est donc employé avec plus ou moins de bonheur en
rompant avec sa posture jupitérienne. J’ai noté, venant de sa part, un certain
nombre de phrases surprenantes : «Je suis
devant vous humble et résolu (…) il y a une chose que tout président de la
République sait ;il sait qu’il ne peut pas tout, il sait qu’il ne réussira
pas tout et je vous le confirme je sais que je ne peux pas tout, je sais que je
ne réussis pas tout ».
Il va tenter de se débarrasser de
cette étiquette de Président des riches bien ancrée dans l’esprit de beaucoup
et je pense qu’il n’a pas réussi à être convaincant. Il a déclaré :
«une politique pour les
entreprises, ce n’est pas une politique pour les riches, c’est une politique
pour toute la nation, pour l’emploi, une politique pour les services publics».
Tout dépend de l’utilisation qui en est faite, si l’entreprise distribue
prioritairement et largement des dividendes à ses actionnaires, que reste-t-il
pour la nation ? Emmanuel Macron a ajouté : «Il en est de même pour la suppression de l’ISF
ou pour la mise en place « d’une flat tax » sur le capital, c’est
pour faire revenir dans notre pays les étrangers qui l’avaient quitté. L’Etat doit assumer ces
choix». Les riches français n’auront plus besoin d’émigrer, Ils
ne quitteront plus notre beau pays. Mais cet ISF qu’ils ne paieront plus, ils ne
l’investiront pas dans l’économie réelle, ils l’optimiseront fiscalement. Nous
ne vivons pas dans un monde où chaque citoyen serait soucieux du bien public et
dans lequel la solidarité et la fraternité ne resteraient pas des mots vides de
sens.
Emmanuel Macron assume sa politique
de l’offre : «Si on veut
partager le gâteau, la première condition est qu’il y ait un gâteau».
Grace aux réformes de cette première année, celle qui suit sera consacrée à
«construire l’Etat providence du XXIe
siècle, un Etat providence couvrant davantage, protégeant mieux, s’appuyant aussi
sur les mêmes droits et les mêmes devoirs pour tous» il a
ajouté : il faut passer d’une solidarité
statutaire à une solidarité plus juste,
plus universelle. Ce n’est pas très clair mais, nous a-t-il assuré, la stratégie de lutte contre
la pauvreté sera présentée en septembre et mise en œuvre en 2019. Cette
stratégie ne se contentera «pas de
proposer une politique de redistribution classique mais une politique
d’investissement et d’accompagnement social. Il n’y aurait plus d’automaticité des aides mais une responsabilisation
des allocataires».
Il y a, chez Emmanuel Macron et
l’équipe resserrée qui travaille à ses côtés, l’idée bien arrêtée que les
pauvres, les chômeurs, les victimes des aléas de la vie sont en partie
responsables de leur sort et qu’ils se complaisent dans la position d’assistés.
C’est en contradiction avec le bon
diagnostic qu’il porte quand il affirme «selon l’endroit où vous êtes nés, la
famille dans laquelle vous avez grandi, l’école que vous avez fréquentée, votre
sort est le plus souvent scellé ». Il dit justement « le cœur même
d’une politique sociale n’est pas d’aider les gens à vivre mieux la condition
dans laquelle ils sont nés et destinés à rester mais d’en sortir».
Et d’égrener un certain nombre de
mesures pour un accompagnement réel vers l’activité, le travail, l’effectivité
des droits fondamentaux. Il a tort quand il ne veut pas revaloriser le revenu
de solidarité active le RSA ou l’étendre aux jeunes de 18 à 25 ans. Une ou deux
générations ne bénéficieront pas des réformes mises en œuvre dans l’éducation,
dans la formation ; elles auront besoin que la société les aide, y compris
financièrement, à progresser à moins de considérer que ce sont des générations
sacrifiées.
Bien d’autres thématiques ont été abordées dans le cadre de ce
discours, comme l’organisation de l’islam en France mais sont restées le plus
souvent à l’état d’annonces. Le chef de l’Etat a décidé, c’est nouveau, de
faire participer les partenaires sociaux, les corps intermédiaires à ses
réformes. Ils seront certainement consultés mais jusqu’à quel point
pourront-ils peser sur les décisions ? Rendez-vous au mois de septembre pour le savoir.
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