En juin 1989 alors qu’il était
Premier ministre, Michel Rocard déclarait devant l’Assemblée Nationale : «Il
y a dans le monde trop de drames, de pauvreté, de famine pour que l’Europe et
la France puissent accueillir tous ceux que la misère pousse vers elles»
et d’ajouter «il faut résister à cette poussée constante». Près de trente années sont passées depuis que ces phrases ont été prononcées.
Loin de s’améliorer, la situation
n’a fait que s’aggraver ; ce sont des centaines de milliers de personnes
qui quittent l’Afrique en particulier, et les zones de guerre, Syrie Irak,
Afghanistan… pour demander l’asile politique ou pour essayer de trouver de
meilleures conditions de vie. 2015 a été une année record. L’Allemagne a
accueilli à elle seule plus d’un million de réfugiés en provenance du Moyen-Orient.
De nombreux pays, membres de l’Union européenne ont salué sa générosité mais
peu d’entre eux l’ont imitée. Au contraire, les frontières se sont cadenassées.
Les conditions d’accueil se sont durcies, y compris, pour ceux qui
jusqu’à présent, répondaient aux critères exigés pour bénéficier du droit
d’asile Mais cela n’arrête pas ceux qui sont prêts à risquer leur vie pour en changer.
La voie terrestre leur étant fermée pour rejoindre l’Europe, ils essaient de
rejoindre l’Italie après avoir traversé la Libye. Ils utilisent les services de
passeurs qui les dépouillent, les brutalisent, les réduisent en quasi
esclavage. Ils les jettent ensuite à l’eau sur de frêles embarcations
surchargées, incapables de parcourir la distance, elle est courte, qui sépare
les côtes libyennes des côtes italiennes. Ces esquifs seront submergés par les flots et leurs
passagers noyés s’ils ne sont pas secourus. La mer Méditerranée est devenue le
cimetière de milliers de migrants, hommes, femmes enfants.
Les Européens ferment leurs
frontières ; ils veulent durcirent les mesures d’expulsion des migrants
déboutés d’asile, ils veulent endiguer le flot de migrants d’autant que ceux-ci,
économiques ou politiques, se heurtent à une hostilité croissante des
populations qui se manifeste dans les élections de ces dernières années. On a
pu ainsi observer une montée des partis populistes et d’extrême-droite en Allemagne, au
Royaume Uni, en Suède, au Danemark…. En Autriche, en Italie ils sont au gouvernement,
dans lequel ils n’occupent pas des strapontins. En Europe centrale le groupe de
Visegrad, quatre pays de l’Union Européenne, est farouchement opposé aux migrants et
refuse, même, de recevoir les ayants droit à l’asile politique. La péninsule
ibérique, quant à elle continue à défendre les valeurs sur lesquelles s’est
fondée l’Union Européenne. Mais un vent mauvais souffle sur l’Europe.
Un Conseil Européen doit se tenir
aujourd’hui et demain à Bruxelles, les vingt-huit chefs d’Etat et de
gouvernement devront débattre de la politique migratoire et définir une
position commune. Certes le nombre d’arrivants, en provenance de Libye a
brutalement chuté depuis l’été dernier. Serait-ce dû au programme de soutien
des Européens aux garde-côtes libyens, devenus plus opérationnels, ou comme le
bruit court grâce aux sommes importantes que l’Italie a payé aux milices, pour
que les passeurs se mettent en vacances.
Tous démentent mais on peut comprendre que l’Italie, laissée seule pour gérer, conformément
au règlement Dublin-3, les migrants qui débarquaient sur son sol ou qui y
étaient déposés par les navires de secours ait trouvé une combinazione pour limiter leur arrivée. Selon ce règlement, le pays dans lequel la demande d’asile a été
formulée est celui qui est chargé de son instruction et de la décision finale.
Géographiquement ce pays ne pouvait être que l’Italie, à moins qu’elle n’interdise
l’entrée de ses ports, ce qu’elle a fait en contrevenant au droit de la mer.
Vous comprendrez aisément pourquoi la leçon de morale du Président Macron, qui
renvoyait en Italie les migrants qui avaient pénétré en France, a été
aussi mal reçue.
Les vingt-huit réunis à Bruxelles
vont-ils se mettre d’accord pour créer des centres fermés pour les migrants
déboutés du droit d’asile en attendant de les expulser le plus rapidement
possible ? Où installer ces centres ? en Europe ou dans des pays africains
qui bordent la Méditerranée ? Les
vingt-huit vont-ils revenir à la politique des quotas pour ceux qui sont
autorisés à rester et qu’il faudra intégrer aussi le plus rapidement ? Un
consensus sera difficile à trouver et à appliquer.
J’ai commencé cette chronique en vous rappelant les propos tenus
par Michel Rocard il y a presque trente ans. Il fallait déjà se protéger d’une
immigration incontrôlée, qui provenait, à l’époque en grande partie, d’Afrique
du Nord, trouver les moyens de la juguler. Depuis ces années-là, aucune
solution n’a été trouvée, les Africains étaient 640 millions en 1990, ils
étaient en 2016 1,2 milliard. Peut on s’imaginer qu’il suffira de camps de
rétention, de grillages ou de murs, si hauts soient-ils, pour les empêcher de
venir en Europe si leur niveau de vie ne s’améliore pas. Peu de gens immigrent s’ils n’y sont pas
obligés pour des raisons politiques ou économiques : chacun souhaite
continuer à vivre dans son pays. Il faut que nous comprenions que nous devons
aider l’Afrique à se développer pour modifier cette situation. Mais notre aide ne
devra pas servir à grossir les comptes en banque de potentats locaux, comme
cela a été le cas pendant longtemps, elle devra, réellement, servir au
développement de l’Afrique
"L'Europe est dans un processus de décomposition sous nos yeux", nous a informé notre ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, la semaine dernière.
RépondreSupprimerOr ce n'est ni la crise économique et sociale qui sévit dans certains pays européens, ni l'eventualité d'un séisme financier, ni même l'opposition toujours plus affirmée des peuples européens à cette Union européenne qui n'en a que le nom, qui aura mené à cette "décomposition". Il n'y aura suffi que de deux bateaux battant pavillon d'ONG aux financements glauques, obligés de faire des ronds dans l'eau pendant une semaine, avant de pouvoir débarquer leur cargaison de migrants, parce que les Italiens refusaient dorénavant, de servir de "serpillère" à l'UE plus longtemps.
Et voilà que la nouvelle lubie des dirigeants européens serait le développement de l'Afrique. Or cela fait 60 ans qu'on tente de faire progresser l'Afrique qui continue de régresser. En cause essentiellement, la démographie galopante.
Voici ce qu'en dit Bernard Lugan, historien africaniste : "Vu d'outre-Méditerranée, l'Europe continuera longtemps d'être considérée comme une terre à prendre. D'autant plus facilement qu'elle est peuplée de vieillards repus et épuisés, d'hommes s'interrogeant sur leur virilité, de femmes n'enfantant plus et dont les dirigeants sont soumis au diktat permanent de l'émotionnel."
A Marianne Arnaud : Ce n'est pas que "les femmes n'enfantent plus", c'est que les femmes n'enfantent que les enfants qu'elles peuvent élever (donc avec mesures contraceptives), compte tenu du fait qu'elles doivent gagner leur vie et celle de leur progéniture, et aussi du fait qu'elles savent que ce n'est pas l'Etat qui va prendre en charge leurs enfants, comme il le fait avec les enfants des migrants, ou issus de l'immigration qui bénéficient, quant à eux, de toutes les attentions des pouvoirs politiques et publics, et des humanitaires de tout bord, et de toutes les aides financières aux familles qui, culturellement, ou religieusement, ne veulent rien savoir des moyens de contraception tels le préservatif et la pilule, qui ne sont pourtant pas dangereux pour la santé...
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