EN IRAN, LE VER EST DANS LE FRUIT LA POPULATION MANIFESTE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Le Bazar manifeste |
Les Iraniens commencent à se rendre compte
qu’ils sont les dindons de la farce dans le bras de fer entre Donald Trump et
Hassan Rohani. Malgré les dangers qui les guettent et les représailles des Gardiens
de la révolution, ils osent affronter la police à Téhéran parce que la
politique ne les intéresse plus mais plutôt ce qu’il y a dans leurs assiettes.
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De nombreuses vidéos et photos montrent des manifestants mettant le feu aux
bennes à ordures. Il semble que les Iraniens anticipent déjà les conséquences
des sanctions avant qu’elles ne soient totalement appliquées. Les
Iraniens sont descendus dans les rues de Téhéran pour protester contre la
détérioration de l'économie du pays et la chute brutale de la monnaie
nationale.
Le
procureur général de Téhéran, Abbas Jafari-Dolatabadi, a annoncé que «plusieurs
manifestants avaient été arrêtés pour des émeutes dans l'ancien grand bazar de
la capitale iranienne et qu’ils ne seront pas libérés avant d'être jugés».
Des vidéos privées montrent des manifestants face à la police dans les rues de
la Capitale. Près du bâtiment du Parlement, la police a dû faire usage de gaz
lacrymogènes. Les forces anti-émeute ont brisé les vitrines des magasins fermés et
matraqué les motos stationnées. Les stations
de métro près du bazar ont été fermées à la suite des manifestations.
Les émeutes
se sont étendues à d’autres villes en grève Arak, Chiraz, Tabriz et Kermânchâh.
S’il était normal en cette occasion que les manifestants scandent des slogans
anti-gouvernementaux dans divers centres commerciaux de la capitale, il était
étonnant de les entendre crier «mort à la Palestine» pour
signifier qu’ils se désolidarisent de leur cause et qu'il était temps que le régime cesse de s’ingérer dans les affaires
régionales et de gaspiller leur argent.
Le
président Hassan Rohani est intervenu dans un discours diffusé en direct sur la
télévision d'État pour rassurer les citoyens sur la capacité de son gouvernement de
gérer la pression économique imposée par les Américains : «Nous
nous battons contre les Etats-Unis, ils veulent faire une guerre économique.
Ils ne peuvent pas vaincre notre nation, nos ennemis ne sont pas capables de
nous forcer à genoux». Les Iraniens craignent les conséquences
économiques de la sortie des Etats-Unis de l’accord nucléaire de 2015. Les Etats-Unis ont averti les pays du monde entier
qu’ils devaient arrêter d'acheter du pétrole iranien avant le 4 novembre sous
peine de faire face à une nouvelle série de sanctions économiques américaines.
Mais Rohani use de la méthode Coué pour rassurer la population
: «Même dans le pire des cas, je promets que les besoins
fondamentaux des Iraniens seront satisfaits. Nous avons assez de sucre, de
blé et d'huile de cuisson. Nous avons assez de devises étrangères pour
injecter sur le marché». Il persiste à affirmer que les revenus du
gouvernement n’ont pas été affectés et que la chute du rial était le résultat
d'une «propagande des médias étrangers».
Ali Larijani |
Les
Conservateurs en profitent pour critiquer la politique du gouvernement à l’instar
du chef du Parlement, Ali Larijani : «Le gouvernement n'a pas
fait assez pour faire face aux problèmes économiques». Il a d’ailleurs
organisé une session à huis clos avec les députés pour discuter des
fluctuations du marché des changes et des manifestations.
La valeur
du rial iranien a enregistré une baisse historique et a dévissé littéralement
face au dollar américain. En décembre 2015, le taux d'échange était de 30.096
rials pour un dollar. Or il s’est déprécié de 80 % depuis 2015. En mars 2018 il
était de 70.000 rials pour un dollar. Aujourd’hui un dollar vaut 90.000 rials soit
le double du taux gouvernemental de 42.000 rials. Les Iraniens voient ainsi
fondre leurs économies au point que les commerçants préfèrent conserver leurs
marchandises plutôt que de les vendre.
A fin
décembre 2017, des manifestations économiques similaires avaient tourmenté
l'Iran dans plus de 75 villes et villages, faisant au moins 25 morts et près de
5.000 arrestations. Mais les autorités iraniennes ne semblent pas vouloir
plier. La Maison blanche exige que l'Iran cesse complètement l'enrichissement
d'uranium. Par ailleurs le Secrétaire d’État Mike Pompeo a déclaré que l'Iran
devait «cesser de soutenir les groupes armés au Moyen-Orient, le Hezbollah,
le Hamas et les Talibans et que Téhéran arrête de protéger les chefs de guerre
d'Al-Qaïda».
Mike Pompeo |
Israël
estime que le retour aux sanctions économiques dures permettra d'assouplir la
position de Téhéran qui sera contraint de faire des concessions. Jérusalem
compte sur un scénario de troubles intérieurs en Iran conduisant à un
changement de régime. Ce scénario pourrait régler selon eux tous les problèmes
du Moyen-Orient. Mais les Iraniens ont la peau dure.
Merci pour ces informations sur l'Iran, faut pas compter sur la presse Française pour nous informer, donc, merci Mr Jacques..et en ce qui concerne l'Iran, y a plus qu'à attendre...les Américains font très bien leur "job"...
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