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vendredi 20 avril 2018

L'unité d'élite Maglan la plus sollicitée contre l'Iran et la Syrie



L’UNITÉ D’ÉLITE MAGLAN LA PLUS SOLLICITÉE CONTRE L’IRAN ET LA SYRIE

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps


            
Exercice dans une ville de Gaza reconstituée

          Tsahal dispose de plusieurs unités d’élite qui sont souvent mises à l’honneur pour avoir réussi des dizaines de missions classifiées. Parmi les bataillons, l’unité d’élite du Commandement de la Région Centre, Maglan, est spécialisée dans les missions et les opérations en territoire ennemi. Elle vient d’être d’ailleurs récompensée pour des années d’activité opérationnelle au-delà des frontières. L’unité a participé à d’innombrables actions très secrètes au profit d’Israël bien sûr et de ses alliés en particulier.



            Maglan est un commando dont la mission est d’intervenir au plus profond des territoires ennemis pour détruire des cibles précises, pour obtenir des renseignements sur les forces ennemies et leur protection et surtout pour répertorier les sites sensibles en y plaçant des pastilles électroniques pour que l’aviation les repère facilement. C’est ainsi que les frappes sont précises et que les dégâts collatéraux sont moindres.
            L’Unité Maglan a été créée en juin 1986 au départ pour se spécialiser dans la lutte antichar à l’aide d’armes spéciales. Elle possède un département de développement d’armes exclusives pour découvrir des solutions créatives et technologiques afin de répondre aux besoins opérationnels des activités classifiées de l’unité.
Ibis blanc

            Maglan désigne un oiseau, l’ibis, à l’origine du nom de l’unité, choisi par son premier commandant, le lieutenant-colonel Danny Herman pour son symbole : «Cet oiseau est très rare en Israël mais il y a créé sa niche et s’est adapté à la vie ici.  Il a su s’intégrer dans le pays. D’une part, il a la capacité de se camoufler et de rester humble, d’autre part, il sait trouver sa nourriture sans aucune peur, même si les dangers sont proches».
Colonel David Zini

            Pour des raisons d’efficacité, l’État-major avait planifié la création d’un commandement commun chargé de «coordonner les opérations conjointes menées sur des profondeurs stratégiques» avec des unités spéciales appartenant à la fois aux forces terrestres, à l’aviation et à la marine. Ce projet a été mis en application en décembre 2015 avec la création d’une «Brigade Commando», qui rassemble les unités d’élite Douvdevan, Egoz, Maglan et Rimon. Jusqu’alors, ces différentes unités appartenaient au corps de l’Infanterie mais dépendaient de différentes brigades. Cette nouvelle brigade fait partie de la 98e Division d’Infanterie et avait été placée sous le commandement du colonel David Zini qui, en août 2015, a quitté ses fonctions pour être remplacé par le colonel Avi Blot.
Colonel Avi Blot

            C’est le général Gadi Eizenkot qui avait décidé, dans le cadre du plan «Gideon», de regrouper quatre unités d’élite au sein d’une même brigade. Il avait tenu compte de l’expérience découlant de la guerre du Liban de 2006 contre le Hezbollah et de l’opération Bordure Protectrice, lancée en 2014 contre le Hamas. L’idée était de renforcer les forces spéciales israéliennes pour améliorer la coopération et la communication entre les différentes unités de la brigade Commando pour atteindre rapidement en profondeur les centres nerveux des organisations ennemies par des opérations clandestines. Eizenkot avait ainsi plaidé : «On n’a pas besoin d’avoir une grande intelligence stratégique pour comprendre que nous vivons une période sensible. Les vents dangereux soufflant du Liban, les menaces proférées par des chefs de l’État islamique en Syrie et en Irak, l’escalade en Judée et Samarie ainsi que les menaces de la frontière sud, exigent la capacité de cette nouvelle brigade».
Série des têtes brûlées

       L’histoire de cette unité ressemble au scénario d’une série télévisée. Maglan a connu de nombreuses batailles et changé sa mission depuis sa fondation en 1986. À sa création, Maglan était considérée comme une unité composée de «têtes brûlées», de soldats qui étaient rejetés d’autres bataillons parce qu'ils étaient «trop fous» ou qu’ils avaient besoin du danger pour se reconstituer. Ils étaient considérés comme des «soldats sans frontières» auxquels les restrictions de Tsahal ne s’appliquaient pas. Ils évoluaient en tenue civile, refusaient les ordres de ceux qui n’étaient pas leurs chefs et ont été souvent à l’origine d'incidents opérationnels et disciplinaires sévères qui avaient donné une mauvaise réputation à Maglan. En fait, il s’avère aujourd’hui que leur attitude était volontaire, calculée, pour donner plus de poids à leur couverture.

            Maglan était chargée d’opérations spéciales secrètes, en profondeur derrière les lignes ennemies, qui lui ont permis d’attaquer les terroristes de Gaza et de Cisjordanie. Ces opérations sont longtemps restées dans l’ombre car les méthodes devaient être protégées quand il s’agissait de capturer des éléments terroristes dangereux. Cette unité a longtemps été peu connue du grand public jusqu’à la deuxième guerre du Liban en 2006 quand elle a reçu une citation du commandement central pour sa performance pendant la guerre.
            Aujourd’hui l’unité Maglan est très sollicitée en Syrie et au Liban et elle est à la base de nombreuses sources d’informations échangées avec les Etats-Unis et même la France quand il s’agit d’aider aux frappes chirurgicales contre les bases iraniennes. Les commandos traversent les lignes pour planter des dispositifs d’espionnage en particulier contre l’ennemi juré, le Hezbollah. Tsahal installe des stations d'écoute sophistiquées au sud du Liban et dans certaines zones de Syrie pour espionner les communications du Hezbollah et, des « conseillers » iraniens et aussi pour suivre les mouvements de troupes. Cela explique d’ailleurs les frappes précises sur certains convois d’armes du Hezbollah et sur certains bâtiments abritant des usines de fabrication de missiles ou d’armes de destruction massive.
Pierre artificielle pour camouffler des caméras 

            Les hommes de Maglan sont réputés pour avoir un sang-froid exceptionnel, une technicité sans faille, une discipline rigide et une confiance totale envers leurs chefs. Ils ne doivent pas avoir d’état d’âme en cas de danger ; leur vie prime avant tout sur celle de leur ennemi. Les combattants subissent une période d'entraînement épuisante qui comprend des opérations antiterroristes, une guérilla, un cours de parachutisme, des méthodes d'attaque et de raids aériens, l'utilisation de munitions létales avancées et variées et un entraînement au combat.
            Les planificateurs des opérations sont des experts qui peuvent annuler une opération si la priorité n’est pas prouvée et qui ont pris toutes les mesures pour leur réussite. Les commandos sont conscients qu’ils s’exposent en pénétrant dans un terrain étranger et que si leur présence est détectée, elle peut entraîner des retombées diplomatiques dramatiques. Ils savent que tous les moyens sont bons pour les empêcher de tomber entre des mains ennemies, même au prix d’actes sanglants. Leur vie et celle de leurs partenaires est précieuse pour parvenir à planter des dispositifs de surveillance sur le sol ennemi, souvent au détriment du droit international.
            Si Israël refuse de s’impliquer directement dans le conflit syrien, il est cependant concerné parce que Bachar El-Assad est soutenu par le Hezbollah et de plus en plus par les Gardiens de la révolution iraniens. Certes il ne joue aucun rôle actif dans le conflit, mais Maglan lui permet d’assurer sa sécurité et celle des alliés.
            Quand des media étrangers diffusent des informations sur une explosion mystérieuse survenue dans un pays voisin, sur l’élimination d’un dirigeant terroriste ou sur la destruction d’un convoi d’armement, alors Maglan n’est pas très loin parce qu’il sait intervenir rapidement dans des endroits différents. La réussite des missions est due à une sélection rigoureuse, non pas physique mais psychologique car il faut avoir les nerfs pour supporter des situations de tension extrême pour opérer en territoire ennemi sans laisser des traces. 
De gauche à droite : le colonel David Zini, le général Uri Gordin et le colonel Avi Blot


            Gadi Eizenkot est le chef qui a estimé que la force n’était pas tout, quelle doit être utilisée lorsque toutes les alternatives ont été épuisées. Il a compris qu’il devait favoriser le déploiement d'un pouvoir considérable dans les endroits les moins attendus et paralyser la motivation et les capacités de représailles de l'ennemi. Il faut dire aussi que le succès de Maglan est dû à une combinaison des renseignements obtenus grâce à la technologie cybernétique et satellitaire. Avec cette haute technologie, Maglan s’est infiltré dans des organisations terroristes, s’est introduit dans des zones secrètes et a rassemblé des informations que les alliés d’Israël ont exploitées.
            Mais les membres de Maglan ne sortent jamais indemnes psychologiquement de leurs six ou sept années de missions. Quand ils retrouvent leur liberté civile, ils ont besoin de s’échapper, loin de leur cadre habituel, dans des contrées lointaines, vides de toute présence humaine, loin de la tension quotidienne et ils vont souvent, avec le salaire gagné qu'ils n'avaient pas le temps de dépenser, dans un autre monde en Nouvelle Zélande ou en Australie pour «recharger leurs batteries».
Paysage de Nouvelle Zélande

            Ils garderont à vie leurs vastes connaissances et le détail de leurs opérations secrètes qui resteront toujours leur propriété, celle de ceux qu’on nomme les «hommes du silence», parce que leurs activités ont été menées dans les profondeurs du silence qui entoure leurs opérations.





5 commentaires:

  1. Merci pour cet article exceptionnel, Monsieur Benillouche ! Avec des combattants de cette trempe, Israël est bien gardé.

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  2. Oui, encore un très bon article, mais les 3/4 des images n'apparaissent pas..(?)

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  3. Jacques BENILLOUCHE18 avril 2018 à 19:57

    Les images sont volumineuses et peuvent ne pas s'afficher sur un téléphone portable. En revanche je n'ai aucun problème sur mon petit ordinateur.

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  4. Jacques BENILLOUCHE18 avril 2018 à 20:05

    Les images ont été réduites pour les rendre plus accessibles.

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  5. Merci, je ne regarde vos articles que sur mon petit ordi aussi..

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