L’UNITÉ D’ÉLITE
MAGLAN LA PLUS SOLLICITÉE CONTRE L’IRAN ET LA SYRIE
Par Jacques
BENILLOUCHE
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Tsahal
dispose de plusieurs unités d’élite qui sont souvent mises à l’honneur pour
avoir réussi des dizaines de missions classifiées. Parmi les bataillons, l’unité
d’élite du Commandement de la Région Centre, Maglan, est spécialisée dans les
missions et les opérations en territoire ennemi. Elle vient d’être d’ailleurs
récompensée pour des années d’activité opérationnelle au-delà des frontières. L’unité
a participé à d’innombrables actions très secrètes au profit d’Israël bien sûr
et de ses alliés en particulier.
Maglan
est un commando dont la mission est d’intervenir au plus profond des
territoires ennemis pour détruire des cibles précises, pour obtenir des
renseignements sur les forces ennemies et leur protection et surtout pour
répertorier les sites sensibles en y plaçant des pastilles électroniques pour
que l’aviation les repère facilement. C’est ainsi que les frappes sont précises
et que les dégâts collatéraux sont moindres.
L’Unité
Maglan a été créée en juin 1986 au départ pour se spécialiser dans la lutte
antichar à l’aide d’armes spéciales. Elle possède un département de
développement d’armes exclusives pour découvrir des solutions créatives et
technologiques afin de répondre aux besoins opérationnels des activités
classifiées de l’unité.
Ibis blanc |
Maglan
désigne un oiseau, l’ibis, à l’origine du nom de l’unité, choisi par son
premier commandant, le lieutenant-colonel Danny Herman pour son symbole : «Cet
oiseau est très rare en Israël mais il y a créé sa niche et s’est adapté à la
vie ici. Il a su s’intégrer dans le
pays. D’une part, il a la capacité de se camoufler et de rester humble, d’autre
part, il sait trouver sa nourriture sans aucune peur, même si les dangers sont
proches».
Pour des raisons d’efficacité, l’État-major avait planifié la
création d’un commandement commun chargé de «coordonner les opérations
conjointes menées sur des profondeurs stratégiques» avec des unités
spéciales appartenant à la fois aux forces terrestres, à l’aviation et à la
marine. Ce projet a été mis en application en décembre 2015 avec la création d’une
«Brigade Commando», qui rassemble les unités d’élite Douvdevan, Egoz,
Maglan et Rimon. Jusqu’alors, ces différentes unités appartenaient au corps de
l’Infanterie mais dépendaient de différentes brigades. Cette nouvelle brigade
fait partie de la 98e Division d’Infanterie et avait été placée sous le
commandement du colonel David Zini qui, en août 2015, a quitté ses fonctions
pour être remplacé par le colonel Avi Blot.
Colonel Avi Blot |
C’est
le général Gadi Eizenkot qui avait décidé, dans le cadre du plan «Gideon»,
de regrouper quatre unités d’élite au sein d’une même brigade. Il avait tenu
compte de l’expérience découlant de la guerre du Liban de 2006 contre le
Hezbollah et de l’opération Bordure Protectrice, lancée en 2014 contre
le Hamas. L’idée était de renforcer les forces spéciales israéliennes pour
améliorer la coopération et la communication entre les différentes unités de la
brigade Commando pour atteindre rapidement en profondeur les centres
nerveux des organisations ennemies par des opérations clandestines. Eizenkot
avait ainsi plaidé : «On n’a pas besoin d’avoir une grande
intelligence stratégique pour comprendre que nous vivons une période sensible.
Les vents dangereux soufflant du Liban, les menaces proférées par des chefs de
l’État islamique en Syrie et en Irak, l’escalade en Judée et Samarie ainsi que
les menaces de la frontière sud, exigent la capacité de cette nouvelle brigade».
L’histoire de cette unité ressemble
au scénario d’une série télévisée. Maglan a connu de nombreuses
batailles et changé sa mission depuis sa fondation en 1986. À sa création,
Maglan était considérée comme une unité composée de «têtes
brûlées», de soldats qui étaient rejetés d’autres bataillons parce
qu'ils étaient «trop fous» ou qu’ils avaient besoin du
danger pour se reconstituer. Ils étaient considérés comme des «soldats
sans frontières» auxquels les restrictions de Tsahal ne
s’appliquaient pas. Ils évoluaient en tenue civile, refusaient les ordres
de ceux qui n’étaient pas leurs chefs et ont été souvent à l’origine d'incidents
opérationnels et disciplinaires sévères qui avaient donné une mauvaise
réputation à Maglan. En fait, il s’avère aujourd’hui que leur attitude était
volontaire, calculée, pour donner plus de poids à leur couverture.
Maglan était chargée d’opérations spéciales secrètes, en
profondeur derrière les lignes ennemies, qui lui ont permis d’attaquer les terroristes
de Gaza et de Cisjordanie. Ces opérations sont longtemps restées dans l’ombre
car les méthodes devaient être protégées quand il s’agissait de capturer des
éléments terroristes dangereux. Cette unité a longtemps été peu connue du grand
public jusqu’à la deuxième guerre du Liban en 2006 quand elle a reçu une
citation du commandement central pour sa performance pendant la guerre.
Aujourd’hui l’unité Maglan est très sollicitée en Syrie
et au Liban et elle est à la base de nombreuses sources d’informations
échangées avec les Etats-Unis et même la France quand il s’agit d’aider aux
frappes chirurgicales contre les bases iraniennes. Les commandos traversent les
lignes pour planter des dispositifs d’espionnage en particulier contre l’ennemi
juré, le Hezbollah. Tsahal installe des stations
d'écoute sophistiquées au sud du Liban et dans certaines zones
de Syrie pour espionner les communications du Hezbollah et, des « conseillers »
iraniens et aussi pour suivre les mouvements de troupes. Cela explique
d’ailleurs les frappes précises sur certains convois d’armes du Hezbollah et
sur certains bâtiments abritant des usines de fabrication de missiles ou
d’armes de destruction massive.
Les
hommes de Maglan sont réputés pour avoir un sang-froid exceptionnel, une
technicité sans faille, une discipline rigide et une confiance totale envers
leurs chefs. Ils ne doivent pas avoir d’état d’âme en cas de danger ; leur
vie prime avant tout sur celle de leur ennemi. Les combattants subissent une
période d'entraînement épuisante qui comprend des opérations antiterroristes,
une guérilla, un cours de parachutisme, des méthodes d'attaque et de raids
aériens, l'utilisation de munitions létales avancées et variées et
un entraînement au combat.
Les
planificateurs des opérations sont des experts qui peuvent annuler une
opération si la priorité n’est pas prouvée et qui ont pris toutes les mesures
pour leur réussite. Les commandos sont conscients qu’ils s’exposent en
pénétrant dans un terrain étranger et que si leur présence est détectée, elle
peut entraîner des retombées diplomatiques dramatiques. Ils savent que tous les
moyens sont bons pour les empêcher de tomber entre des mains ennemies, même au
prix d’actes sanglants. Leur vie et celle de leurs partenaires est précieuse
pour parvenir à planter des dispositifs de surveillance sur le sol ennemi,
souvent au détriment du droit international.
Si
Israël refuse de s’impliquer directement dans le conflit syrien, il est
cependant concerné parce que Bachar El-Assad est soutenu par le Hezbollah et de
plus en plus par les Gardiens de la révolution iraniens. Certes il ne joue
aucun rôle actif dans le conflit, mais Maglan lui permet d’assurer sa sécurité
et celle des alliés.
Quand
des media étrangers diffusent des informations sur une explosion mystérieuse
survenue dans un pays voisin, sur l’élimination d’un dirigeant terroriste ou
sur la destruction d’un convoi d’armement, alors Maglan n’est pas très loin
parce qu’il sait intervenir rapidement dans des endroits différents. La
réussite des missions est due à une sélection rigoureuse, non pas physique mais
psychologique car il faut avoir les nerfs pour supporter des situations de
tension extrême pour opérer en territoire ennemi sans laisser des traces.
Gadi
Eizenkot est le chef qui a estimé que la force n’était pas tout, quelle doit
être utilisée lorsque toutes les alternatives ont été épuisées. Il a compris
qu’il devait favoriser le déploiement d'un pouvoir considérable dans les
endroits les moins attendus et paralyser la motivation et les capacités de
représailles de l'ennemi. Il faut dire aussi que le succès de Maglan est
dû à une combinaison des renseignements obtenus grâce à la
technologie cybernétique et satellitaire. Avec cette haute technologie, Maglan
s’est infiltré dans des organisations terroristes, s’est introduit dans des
zones secrètes et a rassemblé des informations que les alliés d’Israël ont
exploitées.
Mais
les membres de Maglan ne sortent jamais indemnes psychologiquement de leurs six
ou sept années de missions. Quand ils retrouvent leur liberté civile, ils ont
besoin de s’échapper, loin de leur cadre habituel, dans des contrées
lointaines, vides de toute présence humaine, loin de la tension quotidienne et
ils vont souvent, avec le salaire gagné qu'ils n'avaient pas le temps de dépenser, dans un autre monde en
Nouvelle Zélande ou en Australie pour «recharger leurs
batteries».
Paysage de Nouvelle Zélande |
Ils
garderont à vie leurs vastes connaissances et le détail de leurs opérations
secrètes qui resteront toujours leur propriété, celle de ceux qu’on nomme les «hommes du silence», parce que leurs activités ont été menées dans les
profondeurs du silence qui entoure leurs opérations.
Merci pour cet article exceptionnel, Monsieur Benillouche ! Avec des combattants de cette trempe, Israël est bien gardé.
RépondreSupprimerOui, encore un très bon article, mais les 3/4 des images n'apparaissent pas..(?)
RépondreSupprimerLes images sont volumineuses et peuvent ne pas s'afficher sur un téléphone portable. En revanche je n'ai aucun problème sur mon petit ordinateur.
RépondreSupprimerLes images ont été réduites pour les rendre plus accessibles.
RépondreSupprimerMerci, je ne regarde vos articles que sur mon petit ordi aussi..
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