ISRAËL
REFUSE TOUTE PRÉSENCE IRANIENNE EN SYRIE
Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
Base T4 en Syrie |
Dans
une interview à un quotidien israélien à l’occasion des fêtes de Pessah, le
chef d’État-major de Tsahal, Gadi Eizenkot, avait révélé qu'Israël avait mené
des centaines d'actions offensives en 2017 pour empêcher le renforcement du
Hezbollah et la possession de missiles de précision capables d'atteindre des
cibles en Israël. Il a précisé qu’aucune confrontation n’est attendue avec le
Hezbollah cette année et qu’Israël empêchera l'Iran d'approcher de ses frontières.
Israël
a ses propres stratégies sécuritaires et préfère agir de manière solitaire en fonction de ses
intérêts car l’expérience prouve que l’Occident fait preuve d’inertie quand il
s’agit de se défendre. Les Américains annoncent à grand renfort de publicité la
prochaine frappe alors que la surprise est de mise dans ce genre d’action. Dans ce contexte, les observateurs étrangers n’hésitent pas à attribuer à Israël la frappe
militaire contre une base aérienne syrienne hébergeant des «conseillers»
iraniens. Plus de 14 personnes, dont trois officiers iraniens, ont trouvé la
mort dans une frappe qui ressemble beaucoup à un avertissement aux Russes et
aux Syriens ; Israël annonce ainsi qu’il fera tout pour freiner
l’expansion chiite en Syrie.
L'agence
iranienne Fars a reconnu la mort de quatre de ses ressortissants alors
que l'agence de presse privée Tasnim en dénombre au moins sept. Comme à
son habitude, Israël ne confirme ni ne dément ces informations. En revanche, des
précisions ont été publiées sur les victimes dont l'un, Mehdi Dehqan Yazdeli,
serait membre de la Force aérospatiale des Gardiens de la révolution, une
division qui exploite des drones. Les autres victimes identifiées sont Seyed
Ammar Moussavi, Medi Lotfi Niyasar, Akbar Zawwar Jannati, et Mehdi Dehqan
Yazdeli, qui sont prénommés les «défenseurs du sanctuaire» en tant que
forces qui protègent le sanctuaire Zeinab, le site sacré chiite près de la
capitale syrienne. Ces morts rejoignent les mille Iraniens tués dans la guerre
civile syrienne.
Mehdi Dehqan Yazdeli |
Netanyahou
a implicitement confirmé l’action de l’aviation israélienne puisqu’il a déclaré
le 9 avril qu'Israël frappera toujours en premier ceux qui tentent de lui faire
du mal : «Nous avons une règle claire et simple. Celui qui
cherche à nous nuire, nous nous chargeons de lui en premier. À la frontière de
Gaza, nous ne laissons personne nous toucher ; notre sécurité dans le
présent est cruciale pour notre sécurité à l'avenir». Tsahal fait
tout pour dissuader les Iraniens d’atteindre la frontière. Selon le chef d’État-major
Eizenkot : «Au cours de la dernière année, les Iraniens ont eu une
activité très importante aux abords du Golan. Ils n'ont pas osé s'approcher de
notre frontière, car ils savent qu'ils risquent de payer un lourd tribut. En
revanche, ils ont lancé un drone sur notre territoire. C'est la première fois
que l'Iran prouve sa capacité opérationnelle en Israël».
Israël
ne compte plus les blâmes qu’il reçoit à chacune de ses actions et n’attend rien
de la réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies qui discute des attaques
chimiques syriennes et dont les décisions sont stériles. En affirmant qu’il y aurait «un gros prix à payer
pour l’attaque chimique», Donald Trump a donné en fait son imprimatur
implicite à toute frappe aérienne en Syrie. Les Russes ont d’ailleurs confirmé
que deux avions israéliens F-15 avaient tiré plusieurs missiles sur la base T4
depuis la frontière du Liban. Ils croyaient au départ qu’il s’agissait d’avions
américains mais le Pentagone avait démenti.
Depuis
2012, Israël a frappé à l'intérieur de la Syrie plus de 100 fois pour viser
exclusivement des convois d'armes destinés au Hezbollah. Mais depuis qu’un
drone iranien a violé l’espace aérien israélien, Israël cible à présent les
bases iraniennes en Syrie et en particulier la base aérienne de Tiyas (T4) qui
abrite une unité de défense aérienne mobile. Bien que la base T-4 soit
située à des centaines de kilomètres de la frontière israélienne, entre la
ville de Homs et Palmyre, elle est également utilisée par les Gardiens de la
Révolution iraniens qui supervisent les passages frontaliers Irak-Syrie ainsi
que par les forces aériennes et terrestres syriennes. Les Israéliens n’ont pas
réellement songé à punir les attaques au gaz, laissant aux Occidentaux le soin
de régler cette affaire à leur manière, mais ils tenaient à cibler le
régime syrien qui autorise l'Iran à exploiter la base de Tiyas pour fournir des
armes avancées aux miliciens chiites et au Hezbollah. Le drone iranien qui a violé l'espace israélien s’était
envolé depuis cette base aérienne et avait été la cause de la perte d’un F-16.
Mais
Israël reste prudent à ne pas provoquer la Russie en évitant une confrontation
directe. C’est pourquoi, selon des témoins libanais, les chasseurs israéliens
ont longé les côtes de la mer Méditerranée puis ont traversé l'espace aérien
libanais pour lancer leur attaque depuis la frontière avec la Syrie en évitant de survoler les défenses russes. En
frappant les Iraniens, le gouvernement israélien a désigné de fait son ennemi
juré. Il estime que l’armée iranienne se rapproche dangereusement de la
frontière. Si les Etats-Unis ont annoncé ouvertement qu’il se désengagent du
Moyen-Orient, Israël ressent l’obligation d’agir à leur place en Syrie.
Giora Eiland |
Giora Eiland, l'ancien chef du Conseil national de sécurité israélien, est revenu sur les
décisions prises par Barack Obama à la Maison Blanche : «La plus grande
erreur américaine n'a pas été faite l'année dernière, mais elle a été faite au
début du soulèvement en Syrie en 2011. À cette époque, il n'y avait que deux
partis en Syrie, le gouvernement assiégé d'Assad et un mouvement
pro-démocratique. Assad était tout à fait seul et l'intervention de l'Occident
aurait pu faire une grande différence pour ceux qui tentaient de l'évincer. Tout
avantage que les rebelles syriens auraient pu avoir a été perdu après la
décision prise par la Russie en septembre 2015 de soutenir militairement Assad».
L’avertissement
israélien concerne aussi l’Iran qui joue avec le feu nucléaire en livrant le
premier yellowcake (poudre de concentré d’uranium) à une installation
nucléaire à l’occasion de la Journée nationale de la technologie
nucléaire. Si cela reste cependant dans les limites de l’accord signé avec les
Américains, il n’y a qu’un petit pas vers le nucléaire militaire. Le président
Rouhani a dévoilé les derniers développements technologiques nucléaires, y
compris le développement des centrifugeuses, la séparation et la médecine
nucléaire. Il a annoncé le succès du transfert de la première cargaison
de yellowcake produite avec l’aide de la Chine, dans une usine de la ville
d’Ardakān à une installation de conversion d'uranium à Ispahan.
Ali Akbar Salehi |
Ali
Akbar Salehi, chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique a déclaré
à cette occasion : «Si nous recevons un ordre des hauts fonctionnaires
de l'établissement de reprendre l'enrichissement d'uranium à 20%, nous n'avons
besoin que de quatre jours pour augmenter l'enrichissement de 20% à l'usine
d'enrichissement Fordow». La menace est claire mais elle reste
ignorée par les Occidentaux. Plusieurs nouveaux projets nucléaires ont été
ouverts dans divers domaines de l'industrie centrifugeuses, exploration et de
recherche, malgré toutes les restrictions imposées par les experts
L'Organisation de l'énergie atomique a été mise en œuvre.
Les
responsables israéliens craignent que le soutien diplomatique de Poutine puisse
être interprété par Bachar El-Assad comme une légitimation générale à utiliser
des armes chimiques qui pourraient être utilisées contre Israël. C’est pourquoi
Israël n’hésite plus à intensifier son conflit diplomatique avec la Russie.
Cependant, quand il s'agit de frappes israéliennes en Syrie, la Russie ferme
les yeux car elle sait qu’Israël maintient ses limites de ne pas toucher ses
bases et l’armée du régime. Il existe une certaine compréhension
tranquille entre Poutine et Netanyahou qui permet à Israël de frapper à
proximité des Russes sans créer de point de friction entre la Russie et Israël. Aucun des deux n'est intéressé à une guerre.
Mais Israël a décidé de retirer ses
gants pour mener une bataille militaire, limitée cependant, contre l'expansion
et l'enracinement des gardiens de la révolution iraniens et de leurs milices
chiites en Syrie. Il reste aux Occidentaux de prouver leur crédibilité face aux
agissements meurtriers du président syrien. L'instabilité sur la frontière nord
augmente considérablement avec les beaux jours.
Très bon article qui détaille la situation, ISRAEL se défend et le pays a bien raison, pendant que les occidentaux font du blabla, les Américains ont dit qu'ils réagiraient au bout de 48h...on arrive à la fin de la semaine et...rien (?)un pé de lapin..?
RépondreSupprimer