Le nouveau Front
National est arrivé, il s’appellera dorénavant le Rassemblement national.
Marine Le Pen a beaucoup réfléchi avant de procéder à ce changement qui devrait,
selon elle, parachever l’opération de dédiabolisation à laquelle elle se
livrait depuis de nombreuses années. «Front,
ce nom, dit-elle, est porteur d’une histoire épique et glorieuse mais il
est pour beaucoup de Français un frein psychologique».
Marine Le Pen a
pris conscience qu’il lui fallait des alliés pour accéder au pouvoir. Obtenir
plus de dix millions de suffrages, sur son nom au second tour de l’élection
présidentielle, reste encore insuffisant. Il lui faut donc rassembler, Front fait
trop guerrier et Madame Le Pen veut tisser des alliances, avec la droite
traditionnelle ou du moins la partie de cette droite qui partage ses idées sur
la sécurité, sur l’identité nationale, sur l’immigration, sur l’Europe. En
employant le mot Rassemblement, elle atténue l’image de violence que traine
avec lui le Front national. Elle exclut son père de la présidence d’honneur qui
disparait des nouveaux statuts, elle élargit un peu la représentativité des
adhérents au sein des organes directeurs tout en prenant soin de s’entourer de
fidèles.
Mais il ne
faudrait pas que sa recherche de respectabilité lui fasse perdre son noyau dur
d’où l’adjonction de «national» à rassemblement, une
manière de faire le lien avec le passé, de montrer sa fidélité aux fondamentaux
de l’extrême droite. Dans diverses élections cette étiquette avait déjà été
choisie pour tenter de rassembler la droite au-delà de l’extrême-droite, entre
autres par Jean-Marie Le Pen aux législatives de 1986. On peut en faire
remonter la paternité à Jean-Louis Tixier Vignacourt, maréchaliste
antiallemand, cela a existé à l’extrême droite qui avait fondé le Rassemblement
National Français en 1954. Il fut l’avocat de Louis Ferdinand Céline en 1948 et
se présenta contre de Gaulle à l’élection présidentielle de 1965 avec comme
directeur de campagne Jean-Marie Le Pen. Ce clin d’œil au passé de madame Le
Pen fut-il le fruit de son inconscient ? Je ne saurais répondre.
En revanche la présence
de Steve Bannon, l’ancien conseiller de Donald Trump, ne peut relever de
l’inconscient, il était invité au congrès du Front National samedi dernier. Il
a eu la parole pendant plus d’une heure Marine Le Pen a dû être ravie, les
congressistes aussi, de l’entendre dire : «vous faites partie d’un mouvement mondial qui est plus
grand que la France, qui est plus grand que l’Italie, plus grand que la
Hongrie, plus grand que la Pologne, plus grand que tout ça. L’Histoire est de
notre côté et nous propulsera de victoire en victoire. (…) c’est pour ça qu’ils
ont tellement peur de vous. Laissez vous traiter [par les média]de racistes,
xénophobes, islamophobes, homophobes…portez le comme un badge d’honneur parce
que chaque jour nous devenons plus forts».
Les références
historiques au passé et l’invitation de Steve Bannon sont en contradiction avec
la dédiabolisation à laquelle madame Le Pen s’était attelée. Mais, elle ne
pouvait faire autrement, un loup est sorti du bois qui modifie la donne. Laurent Wauquiez, le nouveau patron des Républicains
(LR), du moins de ce qu’il en reste, c’est-à-dire la tendance la plus à droite est
en concurrence directe avec Marine Le Pen. Ils guignent tous deux la même clientèle
et la porosité entre les électeurs de la droite dure et ceux du Front national
n’est plus à démontrer.
Laurent Wauquiez a déclaré à
plusieurs reprises qu’il ne négocierait pas avec Marine Le Pen, qu’il n’y
aurait pas d’alliance, entre elle et lui. Il faut le croire car il n’y a pas
intérêt, son objectif est de devenir le leader d’une droite unifiée avec un
Front national, un Rassemblement national dévitalisé. Laurent Wauquiez fait, de
plus en plus d’emprunts aux thématiques de l’extrême droite sur
l’immigration, l’identité, l’insécurité, l’islamisme, pour concurrencer Madame
Le Pen sur son propre terrain. Elle ne se laissera pas siphonner son électorat
une seconde fois sans en découdre. L’heure n’est pas propice au rassemblement,
à l’union des droites en France et c’est tant mieux pour la démocratie.
Et à la fin, ce sont les électeurs qui choisiront !
RépondreSupprimerIl m’avait pourtant semblé que parmi les 10 millions de suffrages exprimés pour MLP, 40% des votants étaient issus du prolétariat, considérés par les journalistes eux-mêmes comme la France des oubliés. Oubliés notamment de la gauche « caviar » de Hollande.
RépondreSupprimerMacron fera-t-il mieux pour eux? Réponse en 2022 dans les urnes.
Bien cordialement
Véronique Allouche