L’AVANCÉE
SPATIALE DU MAROC INQUIÈTE L’ALGÉRIE ET L’ESPAGNE
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Le
Maroc a lancé son premier satellite de reconnaissance, baptisé
Mohammed VI-A, dans la nuit du 7 au 8 novembre 2017. Le satellite a été lancé
en orbite terrestre basse sur une fusée Arianespace Vega de Kourou, en Guyane
française. Il est piloté à partir d'un centre d'exploitation près de la
capitale Rabat. Depuis, les tensions régionales avec l'Algérie et l'Espagne sont
exacerbées car le satellite Pléiade d’EADS Astrium a tout d’un
satellite espion.
Il
ne s’agit pas du premier satellite marocain car le programme spatial marocain
date de la fin des années 80 avec la création du CRTS (Centre Royal de Télédétection
Spatiale) qui dépend de la Gendarmerie Royale. Ce centre est responsable de
l’acquisition, l’archivage et la diffusion des données et images, en
partenariat avec des institutions de recherche nationales et étrangères.
Certaines indiscrétions font état de collaboration indirecte dans ce domaine
entre Israël et le Maroc.
Initié
par le roi Hassan II, ce centre dont les ingénieurs ont été formés en
Grande-Bretagne dans le cadre d’un accord de coopération, avait été conçu pour concurrencer
son équivalent algérien l’ASAL. En 2000, le CRTS s’était allié à l'Université
technique de Berlin pour construire le premier microsatellite Maroc-Tubsat, lancé
le 10 décembre 2001, sur une fusée Zenit-2 ukrainienne depuis Baïkonour. L’expérience
avait été peu relayée par les media car ce fut un échec. Le satellite, mal
réglé sur des bandes de fréquences connexes, transmettait des images
brouillées.
Maroc-Tubsat |
Le
satellite Pléiade est un satellite de reconnaissance tournant autour de la
terre sur une orbite basse. Sa caméra ne prend que des photos et non des vidéos,
d’une résolution maximale de 70 cm. L’image n’est bonne que si elle est prise
avec le moins de nuages possibles car le satellite ne dispose pas de radar
pouvant pénétrer la couche nuageuse. La caméra ne peut fonctionner que dix
minutes seulement et doit recharger ses batteries pendant plusieurs heures.
La transmission des images et les
commandes du satellite se font au niveau du centre de traitement de Rabat et
les transmissions sont cryptées ce qui limite l’interception des données. Cela
est suffisant pour identifier des véhicules ou pour repérer les concentrations
de troupes. Le même équipement existe chez les Émirats Arabes Unis ce qui ouvre
des horizons d’échanges avec les Marocains.
Le
satellite marocain permet d’espionner des installations et de relever les
positions GPS d’objectifs en Algérie, en Espagne ou au Sahara Occidental. Cependant
le Maroc attise les tensions en étant le seul pays africain doté d'une telle
technologie, après l’échec de l’Angola. En effet, seize heures après son
lancement le 26 décembre 2017 depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan
par une fusée ukrainienne, le premier satellite de l’Angola avait perdu le
contact avec la Terre.
La
puissance spatiale africaine ne brille pas encore dans l’immensité de l’espace.
Si officiellement, le satellite «espion» marocain doit
permettre de lutter contre l’immigration clandestine ou le terrorisme,
l'Algérie voit d'un mauvais œil le déploiement de cet appareil capable
d'observer ses frontières. Le satellite Mohammed VI-A ne changera rien à la situation car le Maroc espionne l'Algérie depuis des dizaines d'années en achetant l'imagerie satellite militaire sur le marché mondial depuis le début des années 90. Le CRTS accède aux données des satellites Spot, Ers et Landsat pour les besoins de l'armée marocaine. Le
Maroc devrait lancer Mohammed VI-B, le second d'une paire de satellites
d'observation de la Terre, en 2018.
Le
Maroc est le troisième pays africain avec un satellite de reconnaissance après
l'Égypte et l'Afrique du Sud. Il inquiète car à présent il peut obtenir des
informations détaillées sur les installations militaires et les mouvements de
troupes en Espagne et en Algérie. Il peut espionner le groupe séparatiste du
Front sahraoui, le Front Polisario, qui maintient un cessez-le-feu précaire. Malgré
les liens amicaux entre le Maroc et l'Espagne, les deux pays ont des rivalités
sur le statut des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla et des petites
îles et rochers en Méditerranée. L’acquisition du Maroc pourrait réduire l’avantage
militaire de Madrid dans un conflit futur, bien que les deux pays soient
aujourd’hui en bons termes.
La
course à la puissance régionale existe de longue date car l'Algérie et le Maroc
présentent des idéologies et des intérêts concurrents. Les relations entre
les pays sont tendues depuis des décennies ; d’ailleurs les frontières ont
été fermées entre les deux pays. Le Maroc a construit une barrière de 100 km
sur sa frontière orientale avec l'Algérie, et Alger aurait également construit
un mur de haute technologie.
Le
Sahara occidental reste la question centrale qui sépare les deux pays, le Maroc
reprochant à l'Algérie l'existence du Front Polisario. L'Algérie, de son
côté, prétend qu'elle soutient le mouvement armé conformément à ses principes de
défendre «les cas opprimés et justes dans le monde entier». Puisque le
statut du Sahara Occidental reste non résolu, les deux adversaires cherchent un
avantage dans la course à l'espace, en particulier dans la surveillance
militaire. La connaissance des mouvements militaires implique une réponse plus
efficace. En revanche, l’inquiétude de l’Espagne ne se justifie pas alors qu’elle
dispose de frégates Aegis et d’autres moyens pour surveiller les agissements de
l’armée marocaine.
Mur Maroc Algérie |
Il
est un fait que la course spatiale est lancée entre le Maroc et l’Algérie, aucun
des deux voisins ne veut se laisser distancer. D’ailleurs après Mohammed VI-A, l’Algérie
a réagi en mettant sur orbite Alcomsat-1. Le 10 décembre 2017, l'Algérie s’est
dotée de son premier satellite, lancé par la fusée chinoise «Longue
Marche-3», depuis le centre de Xichang, dans la province du Sichuan. Mais
les vocations des deux engins spatiaux sont complétement différentes. L'engin spatial algérien servira à la
diffusion télévisuelle, les télécommunications d'urgence, l'éducation à
distance, la communication entre les entreprises ou encore la navigation par
satellite. Alcomsat-1 constitue une première en matière de coopération spatiale
entre la Chine et un pays arabe.
Cette
mise sur orbite d'Alcomsat-1, permet à l’Algérie de faire son entrée dans le
club encore très restreint, des puissances spatiales africaines au même titre que
l'Angola et le Maroc. La rivalité régionale booste la conquête spatiale en
Afrique. Entre les deux voisins, dont on connaissait déjà la course à
l'armement, il faut désormais suivre de très près cette course à la conquête de
l'espace. Le Maroc prévoit le lancement
en 2018, d'un deuxième exemplaire de son satellite du même type. Et le chiffre
que l'Algérie a accolé au nom d'Alcomsat laisse présager de la mise sur orbite
d'autres engins. Ces lancements à répétition ont déplacé la
peur dans le camp de l'Espagne, sur le qui-vive.
C'est
désormais un encouragement au continent africain pour la conquête de l'espace.
toujours de bons articles...
RépondreSupprimerautrement, on peut constater que les Marocains et les Algériens construisent un mur de plus de 100 km, et là, l'Europe ne crie pas scandal... par contre quand c'est Trump ou en Israel, qu'es ce qu'on entend pas...
De toute façon, ces murs coûtent très chers et sont-ils efficaces..? les problèmes sont ils résolus..?