LE TOUR DE VIS ÉCONOMIQUE DE MAHMOUD ABBAS À
GAZA
Par Jacques BENILLOUCHE
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Haniyeh et Hamdallah à Gaza |
Après les accords de réconciliation signés
le 12 octobre 2017 avec le Hamas, l’Autorité palestinienne a pris le contrôle
administratif de la bande de Gaza. Les premières mesures appliquées consistent
en un tour de vis économique pour tenter d’équilibrer les dépenses. Mahmoud
Abbas a supprimé toutes les exonérations fiscales décidées par le Hamas afin
d’imposer une meilleure contribution de Gaza à l’ensemble de l’économie
palestinienne. De nouveaux impôts frappent
une enclave qui, durant plusieurs années de règne islamiste, a gaspillé son
budget dans des investissements militaires stériles.
Marché de Gaza |
Jusqu’à
présent, les habitants de Gaza étaient exemptés d’impôts et taxes mais un
décret du 3 janvier 2018 de l’Autorité instaure la tva à 17% sur les
importations, l’impôt sur les sociétés à 20%, l’impôt sur le revenu des
habitants, les taxes locales et foncières, la taxe sur les cigarettes et une
augmentation des droits de douane. En fait ces impôts avaient été
volontairement supprimés par Mahmoud Abbas en 2007, à la prise du pouvoir du
Hamas, afin de minimiser les entrées financières du Hamas et d’étrangler
économiquement le gouvernement de Gaza. Tous ces nouveaux impôts, représentant
25% des recettes totales de l’AP évaluées à 1,1 milliard de dollars par an,
seront transférés au gouvernement de Ramallah.
Ces
ponctions nouvelles ont été décidées par les technocrates palestiniens, sans
tenir compte de la grave crise du chômage. Mais ils ont convenu que s’il y
avait de l’argent pour financer la construction de tunnels et l’achat de
roquettes, alors les habitants de Gaza pouvaient participer à l’augmentation
des recettes fiscales palestiniennes. Si Mahmoud Abbas est en droit d’imposer
ces nouvelles règles juridiques et financières, il ne tient pas compte de
l’effondrement de l’économie de Gaza qui risque encore plus de s’aggraver. Avec
effet rétroactif, il s’agit en fait d’une punition infligée aux habitants de
Gaza qui avaient «mal voté en 2007» en donnant le pouvoir au
Hamas.
Camions de Kerem Shalom |
En
fait le premier ministre Rami Hamdallah ne veut pas que Gaza pèse sur son
budget et il veut financer toutes les dépenses de la bande par des recettes
locales sans injecter des fonds venus de Cisjordanie. C’est une gestion de bon
père de famille qui risque cependant d’aggraver la faillite à Gaza. Pour plus d’efficacité,
les taxes seront directement perçues dès l’entrée des marchandises au
check-point de Kerem Shalom, à la frontière avec Israël, tandis que les taxes
sur les cigarettes et le carburant égyptien seront augmentées. Les tarifs
douaniers ont triplé, réduisant le nombre de camions entrant à Gaza de 700 à
300 par jour.
La
pilule est amère mais elle le sera encore plus en novembre 2018, après les
ajustements douaniers liés à l’augmentation des droits de douane sur
l’habillement qui passeront de 6 à 15%, sur les meubles de 12 à 20%, sur les
chaussures de 12 à 27%, et sur les produits en aluminium de 8 à 16%. Ces
augmentations ont été décidées pour s’aligner sur les taux appliqués depuis
longtemps en Cisjordanie qui bénéficie cependant de l’apport économique des
70.000 Palestiniens qui travaillent en Israël en gagnant quatre fois plus que chez eux.
Les
experts de Gaza craignent pour les revenus des agriculteurs qui auront à subir
l’augmentation des prix des produits chimiques. Le gouvernement du Fatah
justifie ces impôts car l’AP traverse une grave crise
financière et doit financer les services publics à Gaza. Il existe des doutes
sur les conséquences de cette politique fiscale sur la relance de l’économie
d’autant plus que les sanctions imposées par Abbas à Gaza n’ont pas été levées.
Des grèves populaires et des manifestations de masse pourrait mettre en danger
ce programme et par là-même, le processus de réconciliation palestinienne.
Culture à Gaza |
L’Autorité palestinienne doit procéder
à une réforme économique importante en profondeur et non pas appliquer des
mesures transitoires. Le Hamas, avec ses orientations purement militaires et
son gaspillage financier dans l'armement, a mis en évidence les
nombreuses lacunes de son système. Les technocrates de l’Autorité doivent
apporter leur touche révolutionnaire.
Les leaders
palestiniens ont rendu leur population résignée. Pourtant, avec le blocus
israélien et égyptien, Gaza ne devait pas choisir la facilité des tunnels. Il avait
une opportunité de développer une économie non-violente pour limiter
l’importation de produits, entre autres israéliens. Les implantations agricoles
abandonnées par les Israéliens en 2005 n’ont pas fait l’objet d’une reprise
organisée pour permettre la continuation à haut niveau de la production.
L’économie, en faillite permanente, est devenue de plus en plus dépendante d’Israël.
Le taux de chômage dépasse les 65% et atteint 85% pour les moins de 30 ans
surtout depuis l’interdiction pour les ouvriers de Gaza de travailler en
Israël. La population survit grâce aux organisations humanitaires telles
l’Unrwa qui fournit une aide alimentaire à plus de 970.000 habitants et pas
seulement aux réfugiés.
L’année 2015,
consécutive à la guerre, a été la plus catastrophique pour l’économie
palestinienne mais elle n’a pas servi de leçon. Les Palestiniens de Gaza n’ont
pas choisi de s’organiser dans une économie familiale non violente pour gagner
les faveurs des Occidentaux, et surtout d’Israël qui pourrait alors, dans une
ambiance pacifique, ouvrir ses frontières aux ouvriers du bâtiment considérés
comme les meilleurs de la région. Au lieu de suivre les mots d’ordres
belliqueux pour renforcer la résistance contre Israël, ils auraient pu utiliser
cette énergie pour créer des coopératives agricoles et lancer des projets pour
le développement durable, comme l’Inde. Le Hamas aurait dû investir dans l’aide
aux familles de paysans dans leurs champs pour améliorer le processus agricole
et gonfler la production. La population, constituée en majorité d’agriculteurs,
a boudé le retour au travail de la terre parce que les agricultures et les
paysans n’étaient pas soutenus.
Agriculteurs de Gaza |
Les coopératives
agricoles pour la production et la commercialisation des produits locaux, n’ont
pas été développées. Pourtant les fruits et légumes de Gaza dépassent en
qualité et en goût ceux d’Israël. Par ailleurs, il n’existe pas de solidarité locale
de la part des jeunes et des étudiants pour aider à la cueillette des olives et
au ramassage des fraises et des légumes dans les champs, à l’instar des jeunes
israéliens mobilisés à tour de rôle dans les kibboutzim. Ce n’est pas en
boycottant les produits israéliens que les produits locaux deviendraient
aussitôt une alternative aux produits fabriqués de Cisjordanie s’ils ne se
retrouvent pas en nombre sur le marché. Les habitants doivent se montrer
dynamiques en développant la pêche et ne pas utiliser leurs bateaux pour le
transfert de matériel militaire interdit. Les limites territoriales de la pêche
ont été élargies, de quoi participer à 10% dans l’économie locale en faisant
vivre plus de 10.000 pécheurs comme avant 2006.
Artisanat Gaza |
Les Palestiniens
n’ont pas pris le tournant de l’agriculture biologique qui leur ouvrirait des
horizons occidentaux et fournirait aux femmes des emplois locaux dans leurs
maisons ou quartiers. On ne connaît pas
de productions artisanales originales car il n’y a aucun centre de formation
dans ces techniques. Les leaders n’ont rien fait pour encourager la création de
petites entreprises productrices de fromages, d’huiles d’olive, de conserves,
afin d’absorber le chômage et d’augmenter le niveau de vie. Avec de
l’organisation et l’aide gouvernementale de l’AP, les résultats seraient
immédiats pour l’indépendance alimentaire et économique des Palestiniens de
Gaza.
Jason Greeblatt visite un tunnel vers Gaza |
Mais pour cela il
faut changer le logiciel politique des leaders de Gaza qui devraient songer plus
à leur population plutôt que suivre les mots d’ordre de pays dont l’intérêt est
de diffuser leur capacité de nuisance.
Personne ne parle de centaines de milliers, sinon plus, d'africains au Biafra, et autres habitants de pays vraiment pauvres qui littéralement depuis des décennies crèvent la faim dans le silence du monde,lesquels ne se livrent pas au terrorisme, ni au chantage ou racket comme ces "palestiniens" à l'écoute de leurs imams et de leurs dirigeants -élus démocratiquement faut-il le souligner- qui dédient leurs sermons et discours publics à l'anéantissement d'Israel.
RépondreSupprimerQu'ont fait ces salopards des terrains agricoles riches, abandonnés par les israéliens aprés le retrait de Gaza ? Ils les ont transformés en camps militaires !... pour ne rien accepter de l'ennemi juif qui pourtant continue de les renflouer.
Franchement leur sort m'indiffére, ils ont sous nos yeux le résultat de leur comportement et ce n'est que justice.
Que les Européens qui les aiment tant paient pour eux.
Tiens, d'ailleurs la Belgique a indiqu2 se substituer partiellement aux américains au renflouement de l'UNWRA, cette escroquerie universelle destinée à perpetuer la haine des palestiniens en leur faisant miroiter des faux espoirs.
A qui le tour dans l'UE?