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jeudi 1 février 2018

Le tour de vis économique de Mahmoud Abbas à Gaza



LE TOUR DE VIS ÉCONOMIQUE DE MAHMOUD ABBAS À GAZA

Par Jacques BENILLOUCHE

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Haniyeh et Hamdallah à Gaza

         Après les accords de réconciliation signés le 12 octobre 2017 avec le Hamas, l’Autorité palestinienne a pris le contrôle administratif de la bande de Gaza. Les premières mesures appliquées consistent en un tour de vis économique pour tenter d’équilibrer les dépenses. Mahmoud Abbas a supprimé toutes les exonérations fiscales décidées par le Hamas afin d’imposer une meilleure contribution de Gaza à l’ensemble de l’économie palestinienne.  De nouveaux impôts frappent une enclave qui, durant plusieurs années de règne islamiste, a gaspillé son budget dans des investissements militaires stériles.


Marché de Gaza

            Jusqu’à présent, les habitants de Gaza étaient exemptés d’impôts et taxes mais un décret du 3 janvier 2018 de l’Autorité instaure la tva à 17% sur les importations, l’impôt sur les sociétés à 20%, l’impôt sur le revenu des habitants, les taxes locales et foncières, la taxe sur les cigarettes et une augmentation des droits de douane. En fait ces impôts avaient été volontairement supprimés par Mahmoud Abbas en 2007, à la prise du pouvoir du Hamas, afin de minimiser les entrées financières du Hamas et d’étrangler économiquement le gouvernement de Gaza. Tous ces nouveaux impôts, représentant 25% des recettes totales de l’AP évaluées à 1,1 milliard de dollars par an, seront transférés au gouvernement de Ramallah.
            Ces ponctions nouvelles ont été décidées par les technocrates palestiniens, sans tenir compte de la grave crise du chômage. Mais ils ont convenu que s’il y avait de l’argent pour financer la construction de tunnels et l’achat de roquettes, alors les habitants de Gaza pouvaient participer à l’augmentation des recettes fiscales palestiniennes. Si Mahmoud Abbas est en droit d’imposer ces nouvelles règles juridiques et financières, il ne tient pas compte de l’effondrement de l’économie de Gaza qui risque encore plus de s’aggraver. Avec effet rétroactif, il s’agit en fait d’une punition infligée aux habitants de Gaza qui avaient «mal voté en 2007» en donnant le pouvoir au Hamas.
Camions de Kerem Shalom

            En fait le premier ministre Rami Hamdallah ne veut pas que Gaza pèse sur son budget et il veut financer toutes les dépenses de la bande par des recettes locales sans injecter des fonds venus de Cisjordanie. C’est une gestion de bon père de famille qui risque cependant d’aggraver la faillite à Gaza. Pour plus d’efficacité, les taxes seront directement perçues dès l’entrée des marchandises au check-point de Kerem Shalom, à la frontière avec Israël, tandis que les taxes sur les cigarettes et le carburant égyptien seront augmentées. Les tarifs douaniers ont triplé, réduisant le nombre de camions entrant à Gaza de 700 à 300 par jour.
            La pilule est amère mais elle le sera encore plus en novembre 2018, après les ajustements douaniers liés à l’augmentation des droits de douane sur l’habillement qui passeront de 6 à 15%, sur les meubles de 12 à 20%, sur les chaussures de 12 à 27%, et sur les produits en aluminium de 8 à 16%. Ces augmentations ont été décidées pour s’aligner sur les taux appliqués depuis longtemps en Cisjordanie qui bénéficie cependant de l’apport économique des 70.000 Palestiniens qui travaillent en Israël en gagnant quatre fois plus que chez eux.
            Les experts de Gaza craignent pour les revenus des agriculteurs qui auront à subir l’augmentation des prix des produits chimiques. Le gouvernement du Fatah justifie ces impôts car l’AP traverse une grave crise financière et doit financer les services publics à Gaza. Il existe des doutes sur les conséquences de cette politique fiscale sur la relance de l’économie d’autant plus que les sanctions imposées par Abbas à Gaza n’ont pas été levées. Des grèves populaires et des manifestations de masse pourrait mettre en danger ce programme et par là-même, le processus de réconciliation palestinienne.
Culture à Gaza

            L’Autorité palestinienne doit procéder à une réforme économique importante en profondeur et non pas appliquer des mesures transitoires. Le Hamas, avec ses orientations purement militaires et son gaspillage financier dans l'armement, a mis en évidence les nombreuses lacunes de son système. Les technocrates de l’Autorité doivent apporter leur touche révolutionnaire.
            Les leaders palestiniens ont rendu leur population résignée. Pourtant, avec le blocus israélien et égyptien, Gaza ne devait pas choisir la facilité des tunnels. Il avait une opportunité de développer une économie non-violente pour limiter l’importation de produits, entre autres israéliens. Les implantations agricoles abandonnées par les Israéliens en 2005 n’ont pas fait l’objet d’une reprise organisée pour permettre la continuation à haut niveau de la production. L’économie, en faillite permanente, est devenue de plus en plus dépendante d’Israël. Le taux de chômage dépasse les 65% et atteint 85% pour les moins de 30 ans surtout depuis l’interdiction pour les ouvriers de Gaza de travailler en Israël. La population survit grâce aux organisations humanitaires telles l’Unrwa qui fournit une aide alimentaire à plus de 970.000 habitants et pas seulement aux réfugiés.

            L’année 2015, consécutive à la guerre, a été la plus catastrophique pour l’économie palestinienne mais elle n’a pas servi de leçon. Les Palestiniens de Gaza n’ont pas choisi de s’organiser dans une économie familiale non violente pour gagner les faveurs des Occidentaux, et surtout d’Israël qui pourrait alors, dans une ambiance pacifique, ouvrir ses frontières aux ouvriers du bâtiment considérés comme les meilleurs de la région. Au lieu de suivre les mots d’ordres belliqueux pour renforcer la résistance contre Israël, ils auraient pu utiliser cette énergie pour créer des coopératives agricoles et lancer des projets pour le développement durable, comme l’Inde. Le Hamas aurait dû investir dans l’aide aux familles de paysans dans leurs champs pour améliorer le processus agricole et gonfler la production. La population, constituée en majorité d’agriculteurs, a boudé le retour au travail de la terre parce que les agricultures et les paysans n’étaient pas soutenus.
Agriculteurs de Gaza

            Les coopératives agricoles pour la production et la commercialisation des produits locaux, n’ont pas été développées. Pourtant les fruits et légumes de Gaza dépassent en qualité et en goût ceux d’Israël. Par ailleurs, il n’existe pas de solidarité locale de la part des jeunes et des étudiants pour aider à la cueillette des olives et au ramassage des fraises et des légumes dans les champs, à l’instar des jeunes israéliens mobilisés à tour de rôle dans les kibboutzim. Ce n’est pas en boycottant les produits israéliens que les produits locaux deviendraient aussitôt une alternative aux produits fabriqués de Cisjordanie s’ils ne se retrouvent pas en nombre sur le marché. Les habitants doivent se montrer dynamiques en développant la pêche et ne pas utiliser leurs bateaux pour le transfert de matériel militaire interdit. Les limites territoriales de la pêche ont été élargies, de quoi participer à 10% dans l’économie locale en faisant vivre plus de 10.000 pécheurs comme avant 2006.
Artisanat Gaza

            Les Palestiniens n’ont pas pris le tournant de l’agriculture biologique qui leur ouvrirait des horizons occidentaux et fournirait aux femmes des emplois locaux dans leurs maisons ou quartiers. On ne connaît pas de productions artisanales originales car il n’y a aucun centre de formation dans ces techniques. Les leaders n’ont rien fait pour encourager la création de petites entreprises productrices de fromages, d’huiles d’olive, de conserves, afin d’absorber le chômage et d’augmenter le niveau de vie. Avec de l’organisation et l’aide gouvernementale de l’AP, les résultats seraient immédiats pour l’indépendance alimentaire et économique des Palestiniens de Gaza.
Jason Greeblatt visite un tunnel vers Gaza

            Mais pour cela il faut changer le logiciel politique des leaders de Gaza qui devraient songer plus à leur population plutôt que suivre les mots d’ordre de pays dont l’intérêt est de diffuser leur capacité de nuisance.

    

1 commentaire:

  1. Personne ne parle de centaines de milliers, sinon plus, d'africains au Biafra, et autres habitants de pays vraiment pauvres qui littéralement depuis des décennies crèvent la faim dans le silence du monde,lesquels ne se livrent pas au terrorisme, ni au chantage ou racket comme ces "palestiniens" à l'écoute de leurs imams et de leurs dirigeants -élus démocratiquement faut-il le souligner- qui dédient leurs sermons et discours publics à l'anéantissement d'Israel.
    Qu'ont fait ces salopards des terrains agricoles riches, abandonnés par les israéliens aprés le retrait de Gaza ? Ils les ont transformés en camps militaires !... pour ne rien accepter de l'ennemi juif qui pourtant continue de les renflouer.
    Franchement leur sort m'indiffére, ils ont sous nos yeux le résultat de leur comportement et ce n'est que justice.
    Que les Européens qui les aiment tant paient pour eux.
    Tiens, d'ailleurs la Belgique a indiqu2 se substituer partiellement aux américains au renflouement de l'UNWRA, cette escroquerie universelle destinée à perpetuer la haine des palestiniens en leur faisant miroiter des faux espoirs.
    A qui le tour dans l'UE?

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