ISRAËL A TRANSMIS UN MESSAGE TECHNOLOGIQUE AU DJIHAD
Par Jacques BENILLOUCHE
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La division technologique de
Tsahal travaillait sur ce projet depuis la fin de l’opération «Bordure
Protectrice» de 2014, au cours de laquelle 32 tunnels avaient été découverts
et détruits. La guerre avait mis en évidence le nouveau danger des tunnels qui
débouchaient directement en plein territoire israélien. La population s'était inquiétée du risque d’infiltrations de terroristes, en
pleine nuit, au sein même d’Israël. On se souvient qu’à l’époque les tunnels avaient
entraîné la mort de soldats et l'enlèvement d'Oron Shaoul et de Hadar Goldin.
Oron Shaoul, Hadar Goldin et Mengistu |
La société israélienne Elbit, avec l’aide des
militaires de la division 81, avait été chargée de développer dans un délai
record un système basé sur des capteurs qui détectent l'activité de
construction de tunnels. Des milliards de shekels ont été investis et au
bout du compte, le résultat final était là.
Le système comprend une série de capteurs dont les
informations sont analysées à l'aide d'un système de contrôle basé sur des
algorithmes. Cette méthode permet l'identification précise de la construction d’un
tunnel et sa localisation sans fausses alarmes. Le système est le premier du
genre dans le monde. Ce détecteur avait déjà été installé partiellement à la frontière,
mais sa mise en œuvre plus étendue autour de la bande de Gaza nécessitait un budget
spécifique, que le gouvernement avait débloqué pour calmer les appréhensions
des kibboutzim et les implantations frontaliers.
Je ne sais pas mais quelque chose a changé dans le béton israélien |
Les tunnels avaient créé un facteur de surprise et
avaient mis en évidence l’incapacité à se défendre contre ce nouveau danger.
Dès que la nouvelle technologie fut prête, Tsahal attendait l’occasion de la
tester dans des conditions réelles pour mesurer son efficacité. L’occasion lui
a été donnée le lundi 30 octobre lorsqu’avait été détecté un tunnel en
construction, parvenant à l’intérieur du territoire israélien et creusé par le
djihad islamique. Les constructeurs palestiniens, certains de leur impunité,
ont été peu discrets avec leurs marteaux-piqueurs géants, des masses de ciment
et des dizaines de camions, près de Khan Younès, dans le sud de la bande de
Gaza. Le tunnel traversait la frontière vers Israël.
Les services du génie militaire
travaillaient parallèlement en érigeant un obstacle souterrain qui bloque
physiquement les tunnels grâce à un épais mur de béton qui pénètre profondément
sous le sol. Mais c’était sans compter sur les soldats et
les innovateurs israéliens qui travaillent sans cesse pour trouver des
solutions créatives pour perfectionner la défense du pays contre les tunnels
terroristes.
Tsahal
avait détecté l’existence du tunnel mais attendait le moment propice pour le
détruire. Les nouvelles conditions politiques à Gaza ont poussé Tsahal à le
bombarder. L’explosion du tunnel a été contrôlée à distance. L’armée
surveillait depuis longtemps l’état d’avancement des travaux du tunnel et a attendu le
moment propice pour le neutraliser. La méthode de destruction du
tunnel a mis en évidence l'efficacité de la technicité pour localiser avec précision la route
des tunnels.
Djihad à Gaza |
L’explosion
du tunnel n’a pas été aléatoire. Elle a coïncidé avec les nouvelles conditions
politiques prévalant à Gaza avec le refus du djihad islamique d’approuver
l’accord signé entre Fatah et Hamas. Israël prévoit d’ailleurs de recevoir en représailles des tirs de
roquettes de la part des milices armées et c’est pourquoi des batteries Dôme
de fer ont été installées près de Gaza. Mails il fort probable que le Hamas
ne choisira pas l’escalade car l’opinion publique à Gaza est lasse des guerres
stériles. Israël était dans son droit de détruire le tunnel car cette
destruction a été effectuée à l’intérieur même du pays, sur près d’un
kilomètre de la frontière. Tsahal avait pris le risque d’attendre que le tunnel s’enfonce en
Israël, près de Kissoufim, pour agir afin d’être dans son bon droit.
Par
cette action, Israël a voulu transmettre au chef du Hamas, Yahia Sinwar, un
message clair pour le déconseiller de continuer à gaspiller son argent en
creusant et à continuer à mettre en danger la vie de ses citoyens. Tout est
sous contrôle à présent.
Victimes djihadistes |
Le
bilan de l’explosion du tunnel est lourd avec onze tués et de nombreux blessés.
Les services de renseignements savaient que les maîtres-d’œuvre étaient les
miliciens du Djihad islamique qui ont confirmé que deux hauts commandants
avaient été tués ainsi que deux agents du Hamas qui étaient venus leur porter
secours. Certaines indiscrétions font état de la volonté d’Israël de détruire
le tunnel lorsqu’il était habité pour en faire un exemple. Ce n’était pas un
hasard si deux officiers du djihad ont été pris au piège, le commandant
régional du centre de Gaza, Arafat Abu Marshad et ses deux lieutenants Hassan
Abu Hasnin et Ahmed Khalil, de l'unité commando d'élite Nukhba. Deux membres du
Hamas, faisant partie du commando militaire naval, ont été tués par l’effondrement
du tunnel alors qu’ils tentaient de porter secours aux membres du djihad au moment où des explosions secondaires ont eu lieu à la suite de produits entreposés dans le tunnel.
Ronen Manelis |
Cependant
le porte-parole de Tsahal, le général de brigade Ronen Manelis, nie la thèse
d’une volonté de destruction du tunnel au moment il était habité : «le
bombardement du tunnel n'était pas un assassinat ciblé, aucune intention de
mener une opération qui aurait pu être perçue comme une attaque directe contre
tout militant de haut rang. Son but était de détruire le tunnel de notre côté
du territoire».
L’aviation
israélienne de Tsahal a été responsable de la destruction du tunnel qui ne
pouvait pas intervenir après le 31 octobre car, à cette date, le passage
frontalier avec l’Égypte devenait sous contrôle de l’Autorité palestinienne. Une
grande délégation égyptienne arrivait ce jour-là pour superviser le transfert
des postes frontaliers à l'Autorité palestinienne et annoncer la création d'un
consulat égyptien dans la ville de Gaza.
Israël
voulait surtout montrer aux Occidentaux que le Djihad islamique n’avait pas
renoncé à ses actions de mort en continuant à construire des tunnels qui
venaient à l’encontre de la diplomatie de paix égyptienne. Le Hamas a refusé de
s’engager dans des représailles parce qu’il ne voulait pas «faire
sauter son accord de réconciliation avec l’Autorité».
Khaled
al-Batsh, haut membre du djihad islamique, a révélé que le tunnel détruit
avait pour but de kidnapper des civils israéliens : «Le tunnel de
la liberté, qui a été attaqué hier par l'ennemi, était destiné à la libération
de nos prisonniers. Nous ne sommes pas découragés ; il y aura un autre
tunnel». Al-Batsh a confirmé que son organisation se
réservait «le droit de résister, en utilisant l'ancien principe de
représailles de l'œil pour un œil. Nous continuerons notre combat par
détermination. Nous avons le bon sang pour le sang, nous n'abandonnerons pas
notre droit de résister. Les bras de la résistance et les Brigades Al-Quds sont
longs. Notre réponse au crime est de continuer à nous préparer à la
défense de notre peuple et de notre patrie. Nous allons continuer jusqu'à la
libération des prisonniers».
Tsahal à la frontière avec Gaza |
Le djihad islamique, pro-iranien et deuxième
plus grande organisation terroriste de Gaza, confirme ainsi qu’il est à
l’initiative du tunnel et c’est pour cela qu’Israël a utilisé ses moyens de
haute technologie pour lancer un message aux terroristes de Gaza qu’il ne
permettra jamais, selon Naftali Bennett, de laisser creuser «des
tunnels en Israël destinés à tuer des femmes et des enfants israéliens».
C’est un article très intéressant : de la bonne information et un commentaire judicieux.
RépondreSupprimerAndré M Tribune juive
Jacques Benillouche pratique "l'humour au second degré".
RépondreSupprimerLe "message technologique" a été reçu 5 sur 5.
Maintenant, ils savent que "creuser un tunnel" comporte un risque de plus : une destruction par l'Armée de l'Air ou par tout autre moyen. Et peu importe s'il y a des victimes (petit v).