DÉBUT DIFFICILE DE PRISE EN MAINS DE GAZA PAR L'AUTORITÉ
Par Jacques BENILLOUCHE
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Rassemblement à Gaza avec drapeaux du Hamas |
Dans
le cadre de l’accord de réconciliation signé entre le Fatah et le Hamas,
l’Autorité palestinienne prend peu à peu le contrôle civil de la bande de Gaza.
Elle a officiellement pris en charge l'administration des postes frontaliers
dans le cadre du transfert du pouvoir du Hamas au gouvernement d'union. C’est
une première étape, mais il en sera autrement lorsqu’il s’agira de désarmer les
milices de la Brigade Ezzedine al Kassem ou celles du Djihad islamique. Ces
deux groupes ont, par avance, annoncé qu’ils n’accepteraient jamais de déposer
les armes car ils ont pour objectif de concentrer leur combat contre Israël.
Djihad islamique à Gaza |
L'Autorité
palestinienne a appelé, le 28 novembre, tous ses anciens fonctionnaires à Gaza,
qui ont cessé de travailler à la suite de la prise de pouvoir du Hamas en juin
2007, à retourner au travail dans leurs anciens postes. Cette décision a
engendré la colère du Hamas car elle jette le doute sur l'avenir des dizaines de
milliers d'employés qu'il a lui-même engagés. D'ailleurs le Hamas n'a pas permis aux anciens fonctionnaires de retrouver leur place.
Le
cabinet palestinien estime à 20.000 le nombre de fonctionnaires touchés par
cette mesure : «il s’agit, à travers ce mécanisme, d’activer la
fonction du gouvernement dans les districts du sud (bande de Gaza) dans le
cadre de l'application effective de l'accord de réconciliation conclu au Caire.
Dix années de division ont créé une situation administrative, financière,
juridique, législative, sécuritaire et politique compliquée et complexe qui ne
peut être démêlée avec une décision ou une session».
L’Autorité
a précisé que le comité juridique et administratif se penchera sur le statut
des employés nommés par les autorités du Hamas à Gaza après le 14 juin 2007
dans le cadre des efforts du gouvernement pour faire aboutir la réconciliation :
«tous les ministres devraient être en mesure de faire leurs devoirs
dans les districts du sud (Gaza), tout comme dans les districts du nord
(Cisjordanie) sans aucune obstruction».
Les fonctionnaires retirent leur salaire |
Le
point clé de l'accord de réconciliation a été le sort des 40.000 à 50.000
fonctionnaires engagés par le Hamas depuis 2007 et des 7.000 employés de
l'Autorité palestinienne qui ont été forcés de quitter leurs postes mais qui reçoivent
toujours leur les salaires. Ramallah avait finalement réduit ces salaires en
avril jusqu'à 30 pour cent, l'une des premières mesures punitives prises contre
les habitants de Gaza visant à faire pression sur le Hamas pour qu'il abandonne
le contrôle de l'enclave côtière. La colère avait éclaté lorsque les employés
de l'Autorité avaient reçu leur salaire de mars avec une réduction de 30%,
suscitant des protestations dans l'enclave côtière. Certains dirigeants du
Fatah avaient alors présenté leur démission du parti pour protester contre les
réductions de salaire.
Manifestation à Gaza contre les réductions de salaires |
En
juillet, l'Autorité avait poussé plus de 6.000 fonctionnaires à prendre une
retraite anticipée. Il semblerait que certains dirigeants du Fatah veuillent limiter le nombre d'emplois à 8.000 dans la bande de Gaza alors
que le Hamas veut préserver l'intégralité des 40.000 employés. Cette question,
si elle est mal résolue, risque de générer des frictions et de mettre à mal
l’accord de réconciliation. D’ailleurs le Hamas a déjà qualifié la décision de
violation des accords préexistants entre les deux parties.
Le chef adjoint du bureau politique du Hamas à
Gaza, Khalil Al-Hayya, a déclaré que les «armes de la résistance et le paiement des fonctionnaires qu'il a engagés pour diriger Gaza sont des «lignes
rouges que nous ne pouvons accepter de contourner de quelque manière que ce
soit».
Selon
les accords du Caire, la prochaine rencontre entre le Hamas et le Fatah est
prévue pour le 1er décembre au Caire. Peu d’optimisme règne car la question de
l’autonomisation du gouvernement est vague parce qu’en fait, la région n'est
pas prête pour la réconciliation palestinienne interne. C’est dire la fragilité d’un accord
qui peut exploser en vol à tout instant alors que le point principal du désarmement, le
plus sensible, n’a pas encore trouvé de début de solution.
C'est pour cela que le Hamas et le Ftah Fatah ont demandé le 29 novembre le report du transfert des pouvoirs à Gaza, à deux jours de l'échéance qu'ils s'étaient fixés dans l'accord de réconciliation conclu sous les auspices de l'Egypte.
L’Autorité palestinienne détient le nerf de l’argent alors que le Hamas a été abandonné par ses principaux soutiens financiers. Ce genre de situation ne crée pas des rapports de confiance entre Fatah et Hamas.
Khalil Al-Hayya |
En
ce qui concerne la demande du Fatah au Hamas pour neutraliser ses armes,
Al-Hayya a déclaré : «Les armes de la résistance ne peuvent pas être
divisés ou discutés. Ces armes ne seront pas touchées et iront en Cisjordanie
pour combattre l'occupation. Nous avons le droit de résister à l'occupation
jusqu'à la fin, soit pour libérer la Palestine, soit pour vivre avec elle, et
nous libérerons la Palestine, si Dieu le veut». Il a poursuivi que
les décisions concernant «la paix et la guerre» devraient
être prises par «une direction palestinienne unifiée», et
que cela nécessiterait la reconstruction de l'Organisation de libération de la
Palestine (OLP).
On
constate que l'optimisme initial qui avait entouré l’accord de réconciliation
entre le Hamas et le Fatah semble s'être évanoui. Après le transfert à l’Autorité
du contrôle des passages frontaliers entre Israël et l'Égypte, il était prévu
de prendre de nouvelles mesures pour étendre le contrôle sur Gaza dès le
1er décembre, mais les désaccords entre les deux parties se sont intensifiés
ces derniers jours : «Nous, au Hamas, nous continuons de choisir
la réconciliation, et nous ne permettrons pas que Mahmoud Abbas ou quelqu'un d'autre
se dérobe. Nous appelons l'Égypte à arrêter les mains qui ne veulent pas la
réconciliation».
Brigade Ezzedine Al-Kassem du Hamas |
C'est pour cela que le Hamas et le Ftah Fatah ont demandé le 29 novembre le report du transfert des pouvoirs à Gaza, à deux jours de l'échéance qu'ils s'étaient fixés dans l'accord de réconciliation conclu sous les auspices de l'Egypte.
L’Autorité palestinienne détient le nerf de l’argent alors que le Hamas a été abandonné par ses principaux soutiens financiers. Ce genre de situation ne crée pas des rapports de confiance entre Fatah et Hamas.
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