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mardi 19 septembre 2017

Nouvelle posture du Hamas : illusion ou résignation




NOUVELLE POSTURE DU HAMAS : ILLUSION OU RÉSIGNATION

Par Jacques BENILLOUCHE
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Précédent accord Fatah-Hamas

          Il est encore difficile de croire à cette nouvelle posture du Hamas car, tous les ans de manière cyclique, les Palestiniens ressortent l’idée d’une réconciliation. Il doit encore prouver qu’il a une réelle intention d’aller jusqu’au bout. Il n’y a aucune raison de croire que les frères ennemis, Fatah et Hamas, ont réellement fini par s’entendre car il faut concilier la laïcité des uns et l’islamisme intégriste des autres. 



          Tous les accords entre ces deux clans sont des exemples d’union sans lendemain car ils esquivent les problèmes réels. Les procès d’intention persistent et la méfiance est élevée au rang de dogme. Les accords paraphés par les deux factions palestiniennes rivales ont été à chaque fois salués comme «historiques» mais sont entrés dans les poubelles de l’Histoire. Il est donc difficile de croire qu’aujourd’hui le Hamas puisse accepter de donner au gouvernement transitoire issu de l’accord un mandat pour négocier avec Israël. Certes de nouveaux éléments sont intervenus qui justifient un nouveau calendrier.
            Trois pactes de réconciliation entre Hamas et Fatah ont été signés dans le passé, sans grand résultat. Mais le contexte, aujourd’hui, est différent. La Syrie qui parrainait le Hamas est dans la tourmente et, occupée par ailleurs, elle laisse l’Iran intervenir en sous-main pour aider les organisations islamistes à émerger dans les pays où la révolution est passée. Les lignes politiques ont peu bougé. Les Israéliens, imprégnés en majorité d’idées nationalistes, ne veulent rien entendre à une éventuelle restitution d’une partie de la Cisjordanie. De son côté, l’ambition de Mahmoud Abbas est d’améliorer sa crédibilité et sa légitimité internationale face aux Nations-Unis. Quant au Hamas, il voit disparaître ses appuis et ses moyens syriens ; même le Qatar, proche de l’idéologie des Frères musulmans, s’est lui-aussi mis en retrait.
Dirigeants du Hamas

            Le Hamas exige toujours l'établissement d'un «État palestinien indépendant et souverain en Cisjordanie et dans la bande de Gaza avec Jérusalem pour capitale, sans renoncer d'un pouce au droit au retour». Il n’est pas certain que sa stratégie de violence prônée encore aujourd’hui puisse faire des adeptes auprès de la nouvelle administration américaine.
            L’idée que la violence et le terrorisme pourraient permettre aux Palestiniens de recouvrer leurs droits reste d’actualité parce que rien n’est fait pour marginaliser les extrémistes islamistes. Les Arabes n’ont pas assimilé le principe qu’ils doivent se battre pour les droits de l'homme, la dignité et l’émergence de gouvernements démocratiques. Dans ce contexte le Hamas est loin d’avoir démontré qu’il a choisi la voie de la démocratie. De leur côté, les Israéliens se satisfont de la stagnation de la situation et pensent que seule une modification du logiciel politique palestinien vers une initiative pacifique et originale pourrait les convaincre que la donne a changé.

            Lors d’un précédent article, nous nous étions fait l’écho d’indiscrétions concernant la visite du roi de Jordanie à Ramallah le 7 août 2017. Les déplacements du roi sont rares, a fortiori en Cisjordanie. Il a l’habitude de recevoir Mahmoud Abbas à Amman, à une centaine de kilomètres de la Mouquata, mais pour la première fois depuis 2012, il s’était rendu lui-même auprès de l’Autorité palestinienne. Les informations officielles justifiaient l’importance du déplacement parce que le roi avait voulu transmettre un message appuyé aux Palestiniens. Il avait été mandaté par l'Égypte, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn, les États-Unis et même Israël pour convaincre Mahmoud Abbas de passer la main, de songer à sa succession, devenue difficile après la maladie grave de son numéro-2, Saëb Erakat. Il souhaitait donc que le départ du président de l'Autorité se fasse en douceur, sous forme d’une décision personnelle librement acceptée.
            De ce point de vue, il semble qu’il ait été entendu puisque le Hamas a fait un geste en se disant prêt à se réconcilier avec le Fatah et à tenir des élections à Gaza. Il s’est engagé à dissoudre le comité administratif de Gaza, permettant à un gouvernement d'union palestinien de gérer les affaires de la bande de Gaza, d’organiser des élections générales et d’entamer des pourparlers de réconciliation directe avec le mouvement Fatah. Il a accepté les conditions clés fixées par le président Mahmoud Abbas pour dissoudre le comité administratif de Gaza, considéré par l'Autorité palestinienne comme un gouvernement parallèle. Un bémol cependant avec la condition posée par le Fatah.  Mahmoud Aloul, haut dirigeant du Fatah, s'est félicité de la promesse mais a déclaré à la radio de la Voix de Palestine : «Nous voulons que cela se produise sur le terrain avant de passer à l'étape suivante».
Mahmoud Alloul

            Certes sur le papier les engagements sont forts. Ils ont été pris quelques jours après une visite au Caire de l'ancien Premier ministre de Gaza et actuel chef du mouvement islamiste, Ismaïl Haniyeh. Ces entretiens en Égypte ont eu lieu alors que les relations entre l'Égypte et le Hamas s’étaient détériorées depuis le renversement, en 2013, du président égyptien Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans.
            Cette décision du Hamas est la conséquence de l’isolement de son principal bailleur de fonds, le Qatar. L’Égypte y trouve aussi son compte puisqu’elle tient à mettre fin au terrorisme dans le Sinaï, soutenu par le Hamas. La réconciliation a toujours été la condition posée par Al-Sissi pour ouvrir, sans restriction, la frontière égyptienne avec Gaza. Mais si cet accord a pu être conclu, c'est aussi parce que Mahmoud Abbas a lui aussi subi des pressions américaines et jordaniennes. Il a été contraint de mettre fin aux divisions entre Palestiniens pour faciliter les efforts de paix de Donald Trump.
Délégation du Hamas au Caire en juillet 2017

            Cela n’efface élimine pas les doutes sur une réconciliation maintes fois annoncée, mais jamais concrétisée. Le diable se cache dans les détails et il en reste de très nombreux à régler, souvent pas anodins. On voit mal en effet le Hamas renoncer au contrôle militaire de Gaza et le Fatah accepter de travailler sous le contrôle de la branche armée du Hamas. 
Restriction d'électricité à Gaza

        Mais les raisons matérielles pourraient favoriser la décision car Gaza souffre d'un manque permanent d'eau et d'électricité. Par ailleurs la population palestinienne souhaite qu’il soit mis un terme aux combats fratricides meurtriers qui ont conduit à un blocage de la situation politique palestinienne. Elle souhaite que les sanctions imposées par Mahmoud Abbas soient levées : il avait cessé de payer l'approvisionnement en électricité israélienne à Gaza, avait refusé de régler le carburant diesel pour la centrale entraînant de graves pannes de courant dans la bande, avait réduit les salaires des travailleurs du gouvernement, avait forcé un plan de retraite anticipée pour les employés du gouvernement de Gaza, avait cessé d'injecter de l'argent dans les banques de la bande, et enfin avait refusé de garantir des soins médicaux aux patients gravement malades souhaitant être traités dans des hôpitaux en Israël ou en Cisjordanie.


            La levée des sanctions reste un préalable à l’avancée des pourparlers entre le Fatah et le Hamas. En raison du déplacement de Netanyahou à Washington, le gouvernement israélien n’a pas encore pris position au sujet de cette réconciliation. Elle fera certainement l’objet des discussions entre le premier ministre et Donald Trump. Le scepticisme règne cependant dans les milieux israéliens, échaudés par les échecs précédents de réunification entre Hamas et Fatah. Mais il se pourrait que cette réconciliation soit dictée par l’urgence de la situation économique de Gaza et que pour une fois elle aboutisse. C’est en tout cas un élément qui favoriserait la tentative de paix initiée par les Américains.  Wait and see.  

3 commentaires:

  1. Avec les declarations de Trump sur son incomprehension devant les non-negociations iaraelo-palestiniennes et avec son enorme probleme avec la Coree du Nord, il est bien possible que le gouvernement americain fasse pression sur Israel pour lacher du lest.

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  2. Shalom à tous,

    Pas question de" lâcher du lest "de la part d'ISRAEL..
    d'autre part, la Judée Samarie fait partie de notre histoire et le nom de Cisjordanie est encore une invention des Anglais(si je ne me trompe pas) et inacceptable pour tous Juifs fidèles à l'être d'Israel...

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  3. Jacques BENILLOUCHE18 septembre 2017 à 18:56


    @Denis Sabrié

    Il faut en finir avec cette question de sémantique concernant la Cisjordanie.
    Cette région n’a pas été annexée par Israël et garde donc son statut international. Nous continuerons donc à utiliser la dénomination géographique internationale.

    Si elle devait être annexée alors nous utiliserons le nom qui lui sera donné.

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