IMPATIENTE, LA FRANCE EST INGOUVERNABLE
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Une assemblée presque vide |
La
situation semble inextricable en France car il devient difficile d'appliquer une réforme sans susciter des remous et des blocages. Parce que le Parlement
est constitué de godillots, donc faible, il ne dispose d’aucun pouvoir réel face
au gouvernement et surtout face au Président. Certains pourraient se poser la
question sérieuse de l’intérêt de l’institution parlementaire. C’est d’ailleurs
pour cela qu’une réforme réduisant à 400 le nombre des députés (actuellement au nombre de 577) est prévue en 2018 sans que cela ne mène à une grande contestation. Elle
réduira les coûts administratifs et ne prêtera pas à conséquence sur le plan
démocratique.
Manifestation à Paris |
Les
décisions ne se négocient plus dans l’hémicycle ou dans les ministères mais dans
le secret des commissions parlementaires. Or certains extrémistes voudraient bien que la rue arbitre
en permanence. Les syndicats, trop nombreux pour être efficaces sont plus
occupés à se faire la guerre qu’à défendre les intérêts des salariés. Ils
disposent d’un pouvoir démesuré par rapport à leur nombre d’adhérents. Ils ne défendent plus les intérêts du pays mais ceux d’un clan. Pourtant le pays,
comme toutes les démocraties, a besoin de réformes pour éviter d’accumuler un
retard qui ne cesse de se creuser, au fil des années, à coups de passivité, de
reculade, d’inertie et de stagnation. La France, impatiente, est devenue un
pays ingouvernable.
Lorsque
Benjamin Netanyahou était entré au gouvernement Sharon, comme ministre des
finances en 2002, l’économie israélienne était désespérée. Au bout de trois
ans, elle a rivalisé avec celle des Grands. Le ministre a certes axé ses coups
contre les plus démunis et les plus fragiles avec sa politique ultra-libérale.
Les impôts ont été augmentés et les retraites allongées jusqu’à l’âge de 67
ans. Mais les Israéliens n’ont pas bougé. Ils souhaitaient peut-être le faire
mais ils étaient en adéquation avec leur décision de porter la droite au
pouvoir. Ils ne pouvaient pas se contredire dans leur propre choix.
Les Français n'ont pas adopté la même philosophie. La
fonction essentielle du bulletin de vote est de choisir puis d’attendre les
résultats en les sanctionnant le cas échéant au scrutin suivant. Cette attitude
peut être taxée d’angélique mais elle dénote plutôt une certaine maturité
politique. Les Français élisent leur président avec une majorité confortable,
désignent une Assemblée ultra-majoritaire pour l’aider dans sa tâche mais ils
empêchent le gouvernement, qui en est issu, de réaliser le programme pour
lequel il a été élu. La France est ingouvernable.
Le
paradoxe tient au fait que les sondages mènent le bal et que l’impatience créé
les déceptions. Tout président, tout gouvernement, a besoin de temps, de temps
pour s’organiser, de temps pour préparer ses lois après concertation avec les
partenaires sociaux, de temps pour publier les décrets d'application compte tenu de la
lourdeur administrative. Alors sitôt élu, trois mois à peine, le Président
déçoit parce que les Français pensaient toucher immédiatement les dividendes de
leur vote. C’est purement une méconnaissance des rouages politiques et
administratifs. Alors ils râlent et ils contestent parce qu'ils se sentent roulés. La France est ingouvernable.
10 décembre 1995 |
Une
certaine morosité règne dans les esprits alors que la France est un pays riche,
avec de multiples ressorts économiques qui doivent permettre de surmonter une
période difficile. La résignation a envahi tous les secteurs de la population.
Le président, élu pour cinq ans,
dispose d'un pouvoir démesuré et d’une majorité au parlement qui explose au fil
du temps et pour cause. François Hollande avait berné tout son monde, même ceux
qui avaient voté pour lui avec l’espoir qu’il améliore la condition des Français.
On pensait qu’il s’était préparé à sa fonction et que son parti avait concocté
des dossiers de réformes pendant tout le temps où il était dans l’opposition, tandis
que la droite gouvernait. Rien n’était prêt. La réforme fiscale, la réforme du
travail, la réforme de l'entreprise, la réforme de l'administration et la
réforme des universités ont été à peine abordées. Le gouvernement avançait les
yeux bandés avec le seul objectif de ne pas faire de vagues. Alors il n'a rien fait.
C’est à se demander pourquoi les énarques qui envahissent les ministères ont pu être aussi nuls. Un simple patron de PME en sait plus qu’eux et dispose de plus de méthodes parce qu’il vit tous les jours la réalité du terrain et la réalité des hommes. Et pourtant tout est à réformer dans le pays, souvent dans la douleur. Mais si l’on ne tranche pas dans le vif, la situation perdurera ad vitam aeternam.
C’est à se demander pourquoi les énarques qui envahissent les ministères ont pu être aussi nuls. Un simple patron de PME en sait plus qu’eux et dispose de plus de méthodes parce qu’il vit tous les jours la réalité du terrain et la réalité des hommes. Et pourtant tout est à réformer dans le pays, souvent dans la douleur. Mais si l’on ne tranche pas dans le vif, la situation perdurera ad vitam aeternam.
Technion à Haifa |
Le chômage est la tare du pays. Il
fait fuir de nombreux cerveaux à l’étranger. Et pourtant on pourrait s’inspirer
de ce qui se fait ailleurs, dans les pays occidentaux modernes en matière
d’éducation et de formation. Les universités perdent le tiers de leurs élèves
dès la première année parce qu’on y interdit la sélection à l’entrée, une
sélection non pas pour brimer mais pour orienter au mieux. Aux États-Unis et en
Israël, le baccalauréat n’existe pas en tant que tel ou représente simplement un certificat de
fin d’études secondaires qui ne donne pas, comme en France, un droit automatique à l’entrée
dans les universités. Le bac offert à 87% des élèves s’est dévalorisé au fil du
temps. Pour éviter les échecs en cours d’études, dans ces deux pays, le SAT
(test d'aptitude pour accéder à l'enseignement supérieur) attribue une note qui
vise à mesurer la capacité de compréhension et de logique. Ce repère permet à
toutes les universités d'évaluer le niveau global de chaque étudiant.
Le SAT (Scholastic Assessment Test) n’est pas un test de connaissance mais
une méthode qui permet de donner un score compris entre 200 et 800. Il est
divisé en trois sections majeures : l'analyse de texte, la rédaction et les
mathématiques. Il ne s’agit pas de vérifier le niveau du savoir mais d’évaluer
les capacités de compréhension et d'analyse, utiles tout au long des études et
de la carrière professionnelle. Chaque université définit les conditions
d’admission de ses élèves. Ainsi en Israël, le Technion, et aux États-Unis,
l’université Princeton, exigent au minimum une note de 760 au SAT.
En France les étudiants cumulent
les échecs puisque 30% d’entre eux abandonnent dès la première année parce que
la liberté d’accès est offerte à tous les détenteurs d’un bac dévalué. Les
Grandes Écoles constituent cependant une exception avec le principe du concours
d'entrée qui est une véritable sélection. L’enseignement français n’est pas en
cause, il est l’un des meilleurs du monde mais les études ne sont pas
récompensées.
Les diplômés-docteurs sont payés au smic et fuient vers les
laboratoires outre-Atlantique. Les Grandes Écoles génèrent une élite qui
choisit elle aussi l’étranger car la valeur personnelle y est mieux rémunérée
et l’ascension plus rapide. Les courageux qui veulent se lancer dans la
création d’une startup ne sont pas encouragés financièrement alors que les
aides en Israël et aux États-Unis sont conséquentes.
En fait, l’université française forme des chômeurs ou des jeunes n’ayant aucun débouché concret sur le marché du travail. Alors quand le gouvernement parle de retraite, ceux qui recherchent un travail se tiennent les côtes. Les gouvernements, sans exception, de droite comme de gauche, n’ont apporté aucune solution pour résorber le chômage parce qu'il faut prendre des mesures difficiles et courageuses.
En fait, l’université française forme des chômeurs ou des jeunes n’ayant aucun débouché concret sur le marché du travail. Alors quand le gouvernement parle de retraite, ceux qui recherchent un travail se tiennent les côtes. Les gouvernements, sans exception, de droite comme de gauche, n’ont apporté aucune solution pour résorber le chômage parce qu'il faut prendre des mesures difficiles et courageuses.
La sécurité sociale augmente tous
les ans son déficit abyssal parce qu’aucune solution ne peut être envisagée
sans que les laboratoires refusent de baisser le prix des médicaments, sans que
les médecins rouspètent pour leurs honoraires, sans que les mutuelles ne se
rebellent pour la baisse de leur profit ou sans que les salariés et les
entreprises ne s’opposent aux hausses des cotisations. La France reste
ingouvernable.
Sharon et Netanyahou |
Lorsque Benjamin Netanyahou était
entré au gouvernement Sharon comme ministre des finances en 2002, l’économie
israélienne était désespérée. Au bout de trois ans, elle a rivalisé avec celle
des Grands. Le ministre a certes axé ses coups contre les plus démunis et les
plus fragiles avec sa politique ultra-libérale. Les impôts ont été augmentés et
les départs à la retraite ont été reportés jusqu’à l’âge de 67 ans.
Mais les Israéliens ont voulu juger
sur pièces et n’ont pas bougé dans l'attente des résultats. Les syndicats ont
cautionné les mesures prises. Le peuple s’est trouvé en adéquation avec sa
décision de porter la droite au pouvoir. Il a voté pour elle et il ne pouvait
pas se contredire dans son propre choix. Seul bémol, Netanyahou a certes réussi,
l'économie israélienne va bien mais pas la population qui a peu bénéficié de
l'essor économique puisque l'on compte plus de deux millions de pauvres tandis que les classes moyennes souffrent d'une baisse du pouvoir d’achat.
Les Français ont voté en masse pour
un régime mais ils ont déjà regretté au bout de trois mois parce que les changements
ne se concrétisent pas et qu’ils attendent tout de l’État. Ils manquent de
patience parce qu'ils ignorent que l'horloge politique est particulière. La fonction essentielle du bulletin de vote est pourtant de choisir
puis de laisser le temps pour attendre les résultats en les sanctionnant le cas
échéant au scrutin suivant. Cette attitude peut être taxée d’angélique mais
elle dénote plutôt une certaine maturité politique. Or les Français élisent
leur président, lui offrent une majorité confortable, mais ils ne lui laissent
pas de temps, ou empêchent le gouvernement qui en est issu, de réaliser le
programme pour lequel il a été élu. La France est ingouvernable.
Parce que la France n’était pas gouvernée
sous François Hollande ou faisait du surplace, les Français en étaient arrivés à
souhaiter un gouvernement fort, capable de ne pas agir au son des slogans des
manifestants, qui sache s’opposer aux perturbateurs et qui ne soit pas une
girouette. La Droite de Fillon, avec ses projets radicaux, était sur le point
de changer le logiciel de la gouvernance. Mais elle s’est effondrée face au
poteau d’arrivée.
Emmanuel
Macron est alors arrivé en sauveur en annonçant ne pas accepter un pays
d’assistés qui ne veulent pas prendre leur sort en main. Il a remué les foules,
il a donné de l’espoir à ceux qui étaient désespérés. Mais trois mois
après son arrivée, lui et son premier ministre Edouard Philippe sont devenus impopulaires parce que les attentes ont été déçues par manque de résulats concrets immédiats. Mais ceux qui pensent que les réformes donnent des résultats immédiats sont incultes
politiquement.
En tout état de cause, les Français ont signé pour cinq ans avec
le président et sa majorité et ils doivent se résigner à cette durée
démocratique. Personne ne pourra s'opposer à cette durée législative. Si Macron réussit, il sera réélu sinon l’opposition prendra la
suite dans une sorte de tourbillon perpétuel. Comment peut-on faire pour que la
France soit gouvernable ?
Cet article, comment la plupart de vous, est intéressant, cependant il y a des redites de phrases ou paragraphes entiers qui donnent à penser que vous ne vous relisez pas et n'avez pas de plan clair, et ce n'est pas la première fois. J'apprécie que vous travaillez dans l'urgence, avez-vous une relecture extérieure critique et constructive ?
RépondreSupprimerJ'ai fait relire mon texte mais on ne trouve vraiment pas de redites. Merci de m'en signaler au moins une à corriger.
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