BASE MILITAIRE
AMÉRICAINE AU NÉGUEV : INFORMATION RÉCHAUFFÉE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Il s’agit d’une vieille information recyclée qui n’avait jamais
filtré dans les media en raison de la censure militaire qui avait imposé un
black-out total car Tsahal craignait des retombées politiques. Les
Israéliens étaient en effet méfiants à l'égard d’une base étrangère dans le
Néguev. Mais le 20 septembre 2017, les Etats-Unis ont inauguré officiellement leur première base militaire dans le sud d’Israël. Le secret de
Polichinelle a été enfin éventé.
C’est en fait en novembre 2008 qu’un contingent de soldats
américains avait ouvert secrètement une base de radar sur un sommet de montagne
dans le désert du Néguev. Israël avait accepté pour la première fois dans son
histoire une base militaire étrangère sur son sol sous réserve que l'information ne soit pas publiée. Un haut responsable israélien s’était alors plaint : «C'est comme une paire de menottes en or pour
Israël». Cette base de radars des plus perfectionnés permettait de
détecter toute attaque de missiles sur Israël. Une antenne du Norad avait été
installée.
Le
Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (Norad) assure la
surveillance et le contrôle de l'espace aérospatial de l’Amérique du Nord. Il
est aussi responsable de la mission d'alerte en cas d'attaque aérospatiale en surveillant
les objets aériens artificiels et en suivant leur trajectoire afin de détecter,
valider et signaler toute attaque contre l’Amérique du Nord, provenant
d'avions, de missiles ou d'astronefs. Le Norad réagit à toute activité aérienne
inconnue, indésirable ou non autorisée, qui approche et opère à l’intérieur de
l'espace aérien déterminé par sa mission. Les événements du 11 septembre 2001
ont démontré le bien-fondé du Norad pour la sécurité de l’Amérique du Nord afin
de fournir aux autorités civiles une puissante capacité d'intervention
militaire pour contrer les menaces de l’espace aérien, dans le cas où toutes
autres mesures échoueraient.
Ainsi un
radar américain de haute technologie avait été installé en 2008 au sommet de la
montagne Har Keren, pour suivre le décollage de tout avion ou de missile sur 1.500
km, en donnant à Israël entre
60 et 70 précieuses secondes supplémentaires pour réagir si l'Iran tirait un
missile. Israël possèdait son propre système de radar braqué sur
l'Iran, mais sa portée était beaucoup plus courte.
Barak-Eshkénazi |
Cette
installation avait été décidée par le ministre de la défense de l’époque, Ehud
Barak, qui avait autorisé le déploiement en Israël du radar après approbation
de son chef d’État-major, Gabi Eshkénazi, mais sans consultation des autorités politiques. Il y avait eu du tirage à l’époque au sein de
Tsahal qui se réjouissait certes de l’amélioration de la protection contre
l’Iran mais qui craignait de dévoiler aux Américains certains secrets
militaires israéliens. En effet, les Américains ne se contentaient pas
de viser l’Iran mais de suivre de près tout
mouvement israélien dans le ciel, «même celui d’une abeille»,
selon la remarque d’un haut gradé. Il n’y a aucun doute que les Etats-Unis sont
des alliés mais Israël ne voulait pas partager certains secrets d’aviation.
Selon le même gradé : «Maintenant, nous sommes tous nus devant
l'Amérique».
Base US au Néguev |
Mais l’inquiétude
israélienne provenait du fait que Tsahal n’avait pas accès direct à toutes les données recueillies
par le radar. Les Américains ne fournissaient que des renseignements de seconde
main touchant directement Israël, sauf si le radar interceptait une attaque
directe et immédiate contre Israël. La
discrétion sur cette installation américaine résultait des craintes vis-à-vis de Moscou
puisque le système permettait aux États-Unis de surveiller les avions dans
le ciel du sud de la Russie. Israël ne voulait pas se trouver dans la
position de la Pologne et de la République tchèque qui avaient été rajoutés à
la liste des cibles russes lorsque des systèmes de radars anti-missiles et
d’interception avaient été installés.
Robert Gates |
Ehud Barak
avait tenté d’éviter cette installation en demandant au secrétaire d’État de
l’époque, Robert Gates, d’installer le système en Turquie ou en Jordanie.
Mais ces deux pays avaient refusé. Israël tenait à bien garder le secret car
les Russes étaient déjà en rogne après avoir découvert
des conseillers militaires israéliens en Géorgie au moment de la guerre en
Ossétie du Sud. Israël craignait que le déploiement du radar en Israël incite
encore plus Moscou à fournir à l'Iran et à la Syrie ses batteries missiles
anti-avions S-300.
S-300 russes |
Le
radar à bande X top-secret était géré par près de 120 techniciens et gardes américains
de sécurité dans le Néguev avec une certaine réticence de la part d'Israël qui prétendait qu'il s'agissait de civils plutôt que de militaires. En effet, les
responsables des forces aériennes et les stratèges israéliens étaient perturbés
par le fait que le ministre de la Défense Ehud Barak n'ait pas procédé à une
estimation de l’impact possible du radar sur les opérations militaires
israéliennes, avant de l'approuver. Les experts de la défense israélienne
craignaient à l'époque que les ondes du radar à bande X gênent l'exactitude du
nouveau missile antichar Gil également testé dans le Néguev. Mais l’Administration
Bush était prête à tout pour empêcher les Israéliens d’attaquer l’Iran.
Aujourd’hui
la Russie est très impliquée au Proche-Orient et des armes de haute technologie
ont été fournies à l’Iran. Israël n’a plus de raison de se cacher derrière le
secret militaire. Les cartes sont sur la table. Tzvika Haimovich, chef de la défense aérienne israélienne, et
le général de division John Gronski, commandant adjoint de la Garde nationale,
ont donc inauguré officiellement la première base militaire américaine en Israël, située
au sein de l'École de défense aérienne des forces aériennes, à Bislach
près de Mitzpe Ramon. Des dizaines de soldats américains seront stationnés en
permanence en Israël dans le cadre d'un groupe de travail. Selon le général Tzvika
Haimovich : «Nous
avons établi, pour la première fois dans l'État d'Israël, une installation
militaire américaine permanente sous le drapeau américain».
Une
équipe commune permettra d’améliorer la détection, l'interception et le
déploiement en défense aérienne, tout en renforçant la coopération. La base américaine
sera une zone militaire des États-Unis mais elle fonctionnera selon les lignes
directrices et les règlements de Tsahal. Mais le Pentagone est très attaché à
la sémantique. Il refuse la terminologie «base américaine» pour lui
préférer «installation militaire permanente». Le général Tzvika Haimovich maintient sa terminologie : «Nous avons inauguré,
avec nos partenaires de l’armée des Etats-Unis, une base américaine, pour la
première fois en Israël. Un drapeau américain flottera en permanence au-dessus
d’une base de l’armée américaine établie à l’intérieur d’une de nos
bases».
Selon
les informations, cette «base» accueillera en permanence au
moins 40 militaires de l’US European Command (US Eucom), chargés d’exploiter un
radar X-Band qui permet de donner l’alerte en cas d’une attaque de missiles
balistiques de moyenne et longue portée. Cette base entre dans la stratégie de
défense de Donald Trump pour contrer la menace nucléaire iranienne.
Il semble bien que les Américains veuillent rassurer leur allié israélien pour lui confirmer qu’ils se tiennent à ses côtés face à l’Iran. Ils veulent surtout le dissuader d’agir seul contre la république des mollahs en partageant les secrets. La question reste de savoir si Israël sera patient alors que l'Iran se montre agressif non seulement chez lui, mais aussi aux frontières nord du Golan. Mais il est certain que cette base américaine consolidera la sécurité d'Israël et surtout les relations militaires avec les Etats-Unis. Elle permettra à Tsahal de concentrer ses efforts au nord du pays, face à un Hezbollah entreprenant.
Il semble bien que les Américains veuillent rassurer leur allié israélien pour lui confirmer qu’ils se tiennent à ses côtés face à l’Iran. Ils veulent surtout le dissuader d’agir seul contre la république des mollahs en partageant les secrets. La question reste de savoir si Israël sera patient alors que l'Iran se montre agressif non seulement chez lui, mais aussi aux frontières nord du Golan. Mais il est certain que cette base américaine consolidera la sécurité d'Israël et surtout les relations militaires avec les Etats-Unis. Elle permettra à Tsahal de concentrer ses efforts au nord du pays, face à un Hezbollah entreprenant.
Cela ne peut être que du "bénéf" pour ISRAEL, et c'est tant mieux, surtout avec une présence russe quelque peu encombrante, gênante et pourquoi pas, avec une certaine dose d'hostilité !!!
RépondreSupprimerPour ma part, je considère que la situation militaire et géographique dans la région avec d'une part la Russie qui s'y implante comme jamais au par avant, offrant des armes très sophistiqués à ceux qui n'aspirent qu'à détruire Israël. D'autre part la menace iranienne qui atteint un niveau sans précédent à partir de son propre-sol, tout comme à partir du sud Liban grâce à la nébuleuse terroriste Hezbollah qui n'est rien d'autre que le bras armé de l'Iran. Justifient une telle décision de la part d'Israël.
RépondreSupprimerÉtat environné que d'ennemis déclarés ou pénitentiels.