LE POINT SUR LA CORRUPTION AUTOUR DE NETANYAHOU
Par Jacques BENILLOUCHE
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Netanyahou empêtré dans les affaires |
L’étau se resserre autour des
proches de Benjamin Netanyahou qui persiste à nier toute implication dans les
quatre affaires faisant l’objet d’une enquête de la police qui les a référencées sous les numéros de dossier 1000, 2000, 3000 et 4000. Les derniers
développements mettent en cause ses confidents et ses amis milliardaires.
- Affaire 1000 : cigares
et champagne
- Affaire 2000 :
couverture positive dans le quotidien Yediot Aharonot
- Affaire 3000 : Achat
de sous-marins militaires auprès de l’Allemagn
- Affaire 4000 : liens
entre Bezeq et le ministère des communications.
Netanyahou avec le procureur Mandelbit |
Les enquêtes ont été lancées depuis
plus d’un an mais elles s’emballent ces dernières semaines. Nous
revenons sur les accusations et les avancées des enquêteurs qui, avec courage, résistent
aux pressions politiques et poursuivent leur travail malgré les réticences d'Avichai Mandelblit, Procureur général de l’État, installé à ce poste par le
premier ministre.
Affaire 1000
La famille Netanyahou |
Netanyahou, sa femme Sarah et son
fils aîné Yaïr, sont soupçonnés d’avoir accepté des cadeaux de la part de
magnats américains, en particulier du producteur de film Arnon Milchan et de l’homme
d’affaires australien James Packer, sous forme de cigares, de champagne et de
bijoux pour un montant de plusieurs centaines de milliers de shekels. Les
enquêteurs semblent avoir des preuves que ces cadeaux avaient un pendant
israélien puisque le premier ministre serait intervenu auprès des
télécommunications israéliennes au profit de Milchan. La police est convaincue
que cet approvisionnement en cigares et champagne n’était pas unique mais
systématique à la demande écrite de Netanyahou, exprimée au moyen de
mots codés.
Affaire 2000
Israël Hayom |
La police détient
des enregistrements de conversations entre Netanyahou et l’éditeur du quotidien
Yediot Aharonot, Arnon Moses, pour obtenir une couverture politique favorable
au gouvernement. En effet, contrairement à Israël Hayom entièrement dévoué au service de Netanyahou, Yediot est très critique contre sa politique. En échange
d’une modification de sa politique éditoriale, Yediot aurait obtenu de
reprendre sa place au sommet des media israéliens avec la promesse de devancer
Israël Hayom, journal gratuit du magnat américain Sheldon Adelson, placé
numéro-1 des quotidiens. Netanyahou se faisait fort d’obtenir de son ami et
financier qu’il réduise la voilure et la diffusion du quotidien, voire de le
fermer. Le procureur de l’État a exigé des preuves des mesures qu’aurait prises
Netanyahou pour atteindre cet objectif.
Affaire 3000
Cette affaire implique une
grosse entreprise allemande, fournisseur de sous-marins militaires à Tsahal, et
plusieurs personnalités israéliennes dont certaines ont été arrêtées ou placées
en résidence surveillées à leur domicile. Netanyahou est soupçonné d’avoir des
liens avec son confident et avocat David Shimron qui représentait en Israël l’entreprise
allemande ThyssenKrupp, ou d’être impliqué au minimum dans un conflit
d’intérêts. Netanyahou et Shimron avaient réussi à contourner le processus
d’appel d’offres.
Un autre suspect, Avriel Bar-Yossef, avait été choisi par Netanyahou
pour occuper la direction du Conseil national de sécurité, mais il avait
préféré retirer sa candidature. Le partenaire dans le même cabinet d’avocats,
Isaac Molho, l’homme des missions diplomatiques secrètes auprès des pays
arabes, est lui aussi impliqué dans cette affaire. Des informations de la
police lui attribuent un rôle d’intermédiaire dans les pourparlers avec les
Allemands au sujet de commissions, sachant que son associé était l’agent
officiel des Allemands dans la transaction.
Affaire 4000
Shaoul Elovitch |
Le contrôleur de l’État d'Israël, Yossef Shapira,
reproche à Benjamin Netanyahou, alors ministre des télécommunications, de ne
pas avoir signalé son amitié personnelle avec Shaoul Elovitch, actionnaire
majoritaire de Bezeq, alors que des questions sensibles étaient liées au
monopole de l’entreprise de télécommunications.
La police suspecte le directeur général du
ministère des communications, Shlomo Filber, proche confident de Netanyahou et
membre influent du Likoud, d’avoir accepté les diktats de Bezeq et d’avoir été
en fait, selon Yossef Shapira, un agent de Bezeq au sein du ministère. L’implication
de Netanyahou semble confirmée. En mai 2015, le directeur général adjoint du
ministère des communications, Avi Berger, avait préparé une réforme qui
contrait les intérêts de Bezeq et, pour cette initiative, il avait été licencié pour
être remplacé par Shaoul Elovitch, plus coopératif.
Témoins d’État
Les enquêtes sont loin d’être terminées et les preuves d’une
implication du premier ministre ne sont pas encore établies puisque les
témoignages ne sont pas étayés. La police a souligné qu’elle était entravée
dans son enquête par les nombreux voyages à l’étranger du premier ministre et donc par l'impossibilité de l'interroger.
Miki Ganor et la boite de Pandorre |
Mais au cours de ces dernières semaines, les affaires se
sont emballées avec la mise en examen de deux grandes personnalités. Le représentant
de ThyssenKrupp en Israël, Miki Ganor, au centre du cas de corruption dans l’achat
de sous-marins, a obtenu le statut de «témoin de l’État» ce
qui a amené son avocat défenseur Nati Simhoni à démissionner. Ganor est
soupçonné de «fraude, de blanchiment d'argent et de conspiration dans
une infraction pénale» passible de plusieurs années de prison. Ganor a
négocié de ne faire qu’une seule année de prison et de payer une amende de 2,8
millions de dollars en échange d’informations confidentielles et de la mise en cause d'autres coupables. Les langues vont
donc se délier et la police pourra alors récolter plusieurs preuves pour
étoffer son dossier de charges. La seule réaction étonnante de la part de
Netanyahou a été d’affirmer contre toute attente : «Je ne sais pas qui
il est. Je ne l'ai jamais rencontré».
Ari Harow |
Par ailleurs, une deuxième personnalité pourrait faire d’autres
vagues. L’ancien directeur de cabinet de Netanyahou, Ari Harow, a négocié lui-aussi
son statut de «témoin de l'État» dans le cadre «d’accusations
de corruption, de violation de la confiance, de conflit d'intérêts et
d'obtention frauduleuse d'avantages». Il pourrait fournir lui aussi
de précieuses informations concernant les enquêtes criminelles contre le
Premier ministre. L’impact serait significatif.
Dans l'affaire
2000, Harow détient des enregistrements des conversations de Netanyahou avec Moses
sur son téléphone portable tandis qu’il était présent aux réunions. Harow est
aussi soupçonné d’avoir profité de son poste public au cabinet du Premier
ministre pour promouvoir son entreprise personnelle, tout en prétendant
faussement l’avoir vendue. En fonction de la qualité des preuves qu'il fournira,
il pourra voir sa peine atténuée.
Harow est un proche du premier ministre avec
lequel il a commencé à travailler dès l’année 2002 en tant que conseiller en
relations extérieures. Il avait remplacé, en février 2008, Ayelet Shaked comme
directeur du cabinet, mais deux ans plus tard, il avait quitté son poste pour
des raisons de santé.
Yossef Shapira |
Il avait repris son poste en 2014, en remplacement de Gil
Scheffer. Pour éviter tout conflit d’intérêts, il avait accepté de vendre sa
société pour 3 millions de dollars, mais le conseiller juridique Yossef Shapira
s’est aperçu qu’aucun règlement financier n’était intervenu. Les responsables
du ministère de la Justice étaient persuadés que la vente était totalement
fictive ce qui avait forcé Harow de quitter le cabinet en 2015. La police avait
recommandé de l'inculper en février 2017. Une équipe de la célèbre unité Lahav
433, avait enquêté aux États-Unis en revenant avec de nouveaux témoignages qui
impliqueraient encore davantage Harow. Il a donc choisi de réduire ses risques
en se transformant en témoin de l'État. Les langues vont encore se délier.
Les affaires qui
touchent Netanyahou prennent une autre tournure, ce qui a poussé ses amis inconditionnels au Likoud à foncer en première ligne pour exiger que le premier
ministre reste en fonction même s’il était inculpé. Ce serait une première dans l’État
démocratique d’Israël. Pressé de toutes parts, le procureur Mandelblit veut rassurer la classe politique sur sa volonté d'aller jusqu'au bout : «Donnez-nous du temps et nous allons découvrir la vérité au sujet des cas de corruption».
Bravo ! Résumer tant de magouilles en un seul article, c'est une véritable prouesse !
RépondreSupprimerNatanyahou est rodé depuis des années à tant d'enquetes souvent malveillantes sur lui et son épouse que je le pense assez malin pour ne pas se faire piéger comme un vulgaire Derhy . Je suis d'accord avec mr Georges Kabi :cette enquete tournera en eau de boudin-kasher-.
RépondreSupprimercette enquète est remarquable,très bien renseigné, merci Mr Benillouche pour votre lucidité...
RépondreSupprimer"ça tournera en eau de boudin-kasher" peut-être pour le champ. et les cigares, mais les autres casseroles sont tellement énormes...
Quel gachis l'appât du gain....Israel n'a vraiment pas besoin de ça...!