L’ACTIVISME ISLAMIQUE DES TUNISIENS
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Tunisiens brandissant le drapeau palestinien |
Quelle
mouche a piqué la Tunisie depuis la chute de Ben Ali ? Les Tunisiens ont
l’air de reporter les ressentiments de leurs échecs du Printemps arabe sur
Israël, pour ne pas dire sur les Juifs qui ont quitté le pays. Sous le régime
de Bourguiba, la Tunisie se classait parmi les pays arabes «modérés»
tandis que Ben Ali avait suivi la même voie en restant à l’écart du conflit au
Moyen-Orient préférant soutenir les Palestiniens, par obligation, du bout des
lèvres. La notion de modération n’a plus cours dans un pays qui donne
l’impression de ne pas avoir trouvé sa voie politique.
Cliquer sur la suite pour voir la video du président Caïd essebsi
Nidaa Tounès |
En
fait les islamistes ont noyauté le gouvernement et le parlement, et dirigent
réellement le pays en faisant croire que Nidaa Tounès détient les clefs du
pouvoir. Ils sont volontairement restés à l’écart pour ne pas effrayer
l’Occident et bien sûr les investisseurs qui, malgré cela, tardent à
venir en raison de l'instabilité du pays. Sans l’intervention courageuse de quelques
députés, de nombreuses décisions anti israéliennes auraient été prises dans la
foulée du lendemain d’une révolution ratée. La Tunisie aurait pu être le meneur
d’un Printemps arabe qui avait vocation à s’exprimer au sein de plusieurs
pays arabes. Mais le radicalisme a repris le dessus avec une première ébauche de la Constitution de
juillet 2013 qui prévoyait un article pour criminaliser les rapports avec «l’entité
sioniste».
Ghanouchi et Caïd Essebsi |
Pourquoi
la Tunisie veut-elle être plus royaliste que le roi et plus palestinienne que
les Palestiniens, plus islamiste que les djihadistes ? En fait le parti au pouvoir, Nidaa Tounès, a perdu sa
majorité parlementaire laissant le champ libre au parti islamiste Ennahda qui,
lui, règne en maître dans le pays. Le président Caïd Essebsi, trop âgé, veut éviter les vagues
pour durer le plus longtemps, accroché à son fauteuil tandis qu’une guerre
fratricide sévit au sein de son parti Nidaa Tounès qui se voulait progressiste.
La première force politique de Tunisie voit son pouvoir rabioté au profit des
islamistes. Le parti n’a pu imposer ni sa ligne politique ni son programme
électoral parce qu’il est tiraillé entre ceux qui veulent l’islamiser à
outrance et ceux qui veulent le rendre plus progressiste. En voulant singer les
islamistes, ils ont poussé leurs militants dans les bras d’Ennahda. Les petites fourmis du parti islamiste sont
habituées à travailler en silence, tissant tranquillement la toile qui enferme
progressivement le pays vers l’intégrisme.
L'UGTT à Damas |
Alors, la Tunisie modérée d’hier adopte ouvertement les thèses islamistes en
choisissant le clan du Hezbollah et de ses alliés en Syrie. Alors que Bourguiba
était favorable à un dialogue avec Israël, le syndicat tunisien UGTT (Union
générale tunisienne du travail), qui avait obtenu le prix Nobel de la paix en
2015 a appelé à soutenir le président syrien dans sa «guerre contre le
terrorisme». Une délégation de 21 dirigeants syndicaux, menée par le
secrétaire général Bouali M'Barki, a rencontré le président Bachar Al Assad.
C’est ainsi qu’un syndicat d’ouvrier s'éloigne de sa vocation en s’enfonçant à fond dans la politique
étrangère.
M'barki avec Assad |
Le paradoxe veut que les Tunisiens
aient déjà payé leur politique désastreuse à l’égard de leurs jeunes,
considérés comme des dissidents, les conduisant à quitter le pays et à
rejoindre Daesh en Irak et en Syrie. Avec 3.000 engagés, les Tunisiens
représentent le plus fort contingent étranger de l’État islamique. L’UGTT sort
de son rôle social en prenant position contre l’intervention étrangère en Syrie
expliquant doctement que «la guerre civile syrienne est un conflit
interne qui ne peut être résolu que par des moyens politiques». Ce
syndicat abuse de son prix Nobel de la paix en repoussant les limites de la
honte avec cette délégation qui a rencontré Bachar al Assad. Le parlement tunisien a fait écho à cette visite, le 20 juillet, en se prononçant sur une motion visant à rétablir les liens de
la Tunisie avec la Syrie en réaffirmant «l’appartenance culturelle et
civilisationnelle de la Tunisie à la nation arabe et musulmane». Il
s’agit en fait de forcer la main du président atone Béji Caïd Essebsi pour
qu’il rétablisse les liens diplomatiques avec la Syrie, rompus en 2012.
Le
secrétaire général adjoint de l'UGTT, Bouali Mbarki, a trouvé l’alibi pour
justifier son voyage et la reprise des relations : «Il est impératif de
redémarrer les rapports diplomatiques avec l’État syrien car les groupes
terroristes sont maintenant coincés et tôt ou tard ils reviendront d’où ils
étaient partis. Selon les informations fournies par les Syriens, 3.000
Tunisiens vivraient actuellement en Syrie, ils ont tous des passeports
tunisiens qui ont expiré. Ils ne peuvent donc pas sortir de Syrie ! »
Par ailleurs la Tunisie a une attitude paradoxale avec ses Juifs exilés avec qui elle cherche à rétablir des liens distandus. Au lieu de les amadouer, elle les braque puisque les Juifs tunisiens continuent à la bouder. Ils n'étaient pas en nombre au pèlerinage de la Ghriba de Djerba parce que leur sentiment pro-israélien prime sur tout autre sentiment national. Ils peuvent difficilement admettre ce virage vers un islamisme pur et dur qui voue aux gémonies l'Etat d'israël. Alors laTunisie n'a pas l'air de s'inquiéter d'être toujours boudée par les touristes occidentaux par crainte des attentats.
Mais ce n’est pas en s’alignant sur les thèses d’Assad, allié du Hezbollah et de l'Iran, que la confiance reviendra.
L’UGTT a choisi le suicide économique par opportunisme islamique. Les
dirigeants tunisiens sont pourtant conscients que le régime syrien et son
protecteur russe ne luttent pas contre Daesh mais plutôt contre les lambeaux
d’une opposition défaite. Assad s'est appuyé sur les islamistes pour éliminer
ses opposants.
Synda Tajine |
La
journaliste tunisienne Synda Tajine a exprimé son diagnostic en anticipant le
retour au-devant de la scène du chef des islamistes, Rached Ghannouchi, : «Le
président d’Ennahda se devait aujourd’hui, plus que jamais, de sortir sous un
nouveau jour, de se démarquer de l’image du « gourou islamiste », à l’apparence
austère et dépouillée et de faire peau neuve. Celui dont l’image est
associée, dans l’imaginaire collectif, à la face sombre du parti, celui qui
tire les ficelles et celui qui est, naturellement, responsable, des années
noires que la Tunisie a vécues». On ne peut être plus réaliste.
La
Tunisie a choisi de s’écarter de la voie occidentale quitte à aggraver son
économie, déjà en lambeaux. Au lieu de chercher à résoudre les problèmes
économiques, les Tunisiens préfèrent s’activer dans la politique politicienne sans se rendre compte que le Fonds monétaire international (FMI) a livré un avis nuancé sur les
performances de l'économie tunisienne, estimant notamment que des «défis
subsistent» et appelant à davantage d'efforts contre la corruption.
La croissance en 2017 atteindra à peine 2,3 % alors que le tourisme n’arrive
pas à décoller. Si l’UGTT voulait plomber la reprise économique, elle ne s’en serait pas
prise autrement. L'idéologie islamique est devenue le moteur de la Tunisie.
Jacques Benillouche pose la bonne question : la Tunisie va-t-elle tomber dans les mains des islamistes ?
RépondreSupprimerPour ma part, je pense que la réponse est positive et que la seule question intéressante devient : Quand ?
Economie = 0. Une amie qui y travaille me dit : '' on fait acte de présence dans nos bureaux,on se tourne les pouces.....pour obtenir un document administratif il faut plusieurs mois; les gens sont présents mais s'en foutent car leur horizon est bouché'' Voilà ce qu'ils ont récolté. Certains osent dire tout haut qu'ils regrettent Ben ALI
RépondreSupprimerEt pas une femme dans ce gouvernement..!
RépondreSupprimerLa Tunisie retombe au moyen âge...Quel bande de nul..!
tout ça, à cause toujours d'une surpopulation, pas de travail..et la misère amenant vers l'obscurantisme..!
"c'est la même chanson.."un pays de plus, dangereux pour Israel, la France et le reste du monde..
BenAli cherchait à se maintenir au pouvoir en adoptant la politique extérieur type exosquelette : " je ne me fait aucun ennemi extérieur, et aucun ennemi extérieur ne s'en prendra à mon pouvoir" tout en écrasant toute velléité de soulèvement populaire.
RépondreSupprimerDepuis la chute du clan Benali, la Tunisie se cherche.
Entre un mode de vie occidental et démocratique voulu par la société civile , et l'anarchie islamique promue par les islamistes de tout bord ayant soif de pouvoir via manipulation des désœuvrés qui représente 60% de la population.
Cela s'est résumé par l'opposition à la venue du fils de la Goulette chez lui.
Une chose est certaine, ce n'est pas avec les thèses islamiques moyenâgeuses que la Tunisie évoluera politiquement et encore moins avec l'argent des monarchies du golf qui arrosent ennahdha et ses prédicateurs (qui eux mêmes arrosent quelques piliers dans tout le pays pour rester sur le devant de la scène).
ENNAHDHA = FAILLITE.
dans le dos de la société civile Tunisienne !
RépondreSupprimerhttp://kapitalis.com/tunisie/2017/09/06/que-fait-linternational-union-for-muslim-scholars-en-tunisie/