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dimanche 16 juillet 2017

Le solaire en Israël malgré le poids des pétroliers



LE SOLAIRE EN ISRAËL MALGRÉ LE POIDS DES PÉTROLIERS
Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps

Miroirs d'Ashalim
            
          En circulant à travers toute la France on peut constater la présence de plus en plus d’éoliennes qui s’élèvent dans le ciel pour apporter une énergie verte, propre et durable afin de réduire la dépendance à l’égard du pétrole et du nucléaire. En Israël il y a moins de vent mais beaucoup de soleil qui est cependant peu utilisé de manière industrielle. Tout le monde connaît bien sûr le chauffe-eau solaire sur tous les toits des habitations mais l’expérience reste timide au-delà de l’aspect domestique. Cette technique n'est pas du tout utilisée dans le sud de la France qui bénéficie d'un ensoleillement exceptionnel.



Chauffe eau solaire

          Les puissants lobbies pétroliers israéliens veillent, à l’instar des compagnies gazières, comme le groupe américain Noble Energy et les groupes israéliens Delek Drilling, Avner Oil Exploration et Isramco.
            Malgré cela, les partisans de l’énergie solaire ne désarment pas puisqu’en plein désert, les ingénieurs et les ouvriers ont construit la plus haute tour solaire du monde, à Ashalim dans le désert du Néguev, dans le cadre d’un projet gigantesque. Ce complexe entrera en service dans quelques mois, à la fin de 2017. La tour Ashalim, qui culmine à 240 mètres, est visible à plusieurs kilomètres à la ronde sur un champ de 300 hectares (3.000 dounams) entièrement recouvert de miroirs qui redirigent les rayons vers le sommet de la tour, le chaudron. La température avoisine 600 degrés, idéale pour produire de la vapeur d’eau génératrice d’électricité à partir de turbines.
Tour solaire d'Ashalim

            La tour produira 2% de l’électricité du pays. Le projet, qui a coûté 500 millions d'euros, a été financé par le groupe américain General Electric qui a racheté la division énergie du Français Alstom, et par le fonds privé d'investissement israélien Noy.  De son côté, l'État israélien s'est engagé à acheter l'électricité pendant 25 ans à un prix supérieur au prix du marché. En effet, l'énergie produite par la tour solaire coûte deux fois plus chère que l'électricité des centrales classiques mais l'État a misé sur cette technologie en espérant baisser à terme les coûts.
            L’énergie solaire est une nécessité stratégique plutôt qu’économique. D’ailleurs l’objectif en Israël est d’atteindre 10% d'énergies renouvelables d'ici à 2020, si les lobbies pétroliers ne freinent pas les projets en mettant en évidence le côté mégalomane de la tour Ashalim. Ils éludent le choix de la diversification des sources d’énergie tendant à renforcer l’indépendance énergétique et sécuritaire du pays. Bien sûr, la découverte du gaz au large de Haïfa a réduit la dépendance énergétique vis-à-vis du gaz importé mais l’énergie solaire ne doit pas être négligée.

            Contrairement aux usines électriques, les usines solaires ne fonctionnent que le jour ce qui explique les coûts élevés de cette source d’énergie. Les 55.000 miroirs de la tour Ashalim se comportent comme des tournesols qui s’orientent continuellement vers le soleil.  Mais des solutions techniques innovantes ont été découvertes pour la nuit. Des réservoirs de sel retiennent la chaleur au coucher du soleil tandis que des programmes accélèrent à l’aube le chauffage des panneaux avant que le soleil ne sorte. C’est ce stockage de l’électricité la nuit qui peut donner un avenir à l’électricité solaire en Israël.
Turbine transformant l'au chaude en électricité

            D’ailleurs ces techniques ont été exportées au Maroc, en Afrique du Sud et en Californie. Par ailleurs, Israël a aidé le Rwanda à constituer le plus grand ensemble de panneaux solaires installé sur le continent africain qui fournit 6% des besoins énergétiques du pays. Les panneaux solaires, fabriqués en Israël, ont été installés dans l’Est de la province de Rwamagana, à environ 60 km de la ville de Kigali. Le ministre français Nicolas Hulot a confié sa «foi absolue» dans les énergies renouvelables. Il pourrait commencer par demander l’expertise d’Israël dans les chauffe-eaux solaires qui sont installés dans tous les immeubles et qui permettent une forte économie d’énergie. 

            Le sommet de la CEDEAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) qui a eu lieu le 4 juin à Monrovia, a été l’occasion pour Israël d’annoncer un investissement de 1 milliard de dollars dans l’énergie solaire afin de se rapprocher de l'Afrique et d’être un acteur dans les secteurs stratégiques. L’annonce a été faite par Energia Global, le leader israélien et mondial dans le développement et la gestion des champs solaires à grande échelle dans les marchés émergents. Le premier bénéficiaire de ces investissements sera le Liberia avec un investissement de 20 millions de dollars pour la construction d'une centrale solaire au niveau de l'aéroport international de Roberts. Cette installation fournira 25% de la capacité de production du pays.  
            Israël veut aujourd'hui renforcer sa présence économique au sein de toute la CEDEAO.  Avec 600 millions d'Africains sans électricité, l'État d'Israël peut aider les pays africains à en fournir à leurs populations. À noter cependant que l'agenda de ce sommet a été chamboulé à la dernière minute avec l'annulation de la participation de quelques pays dont le Maroc. C’est le côté paradoxal de cette monarchie qui bat le froid et le chaud au gré des humeurs de ses dirigeants. Le Roi Mohammed VI a préféré éviter «tout amalgame ou confusion», en raison de la présence d'Israël. Les contingences politiques influent toujours sur l’aspect économique des pays en développement même s’ils en pâtissent.
Usine d'Ashalim

            Pourtant l'énergie solaire apportée par des panneaux photovoltaïques a plusieurs avantages : il s'agit d'une énergie inépuisable puisqu'elle est issue des rayons du soleil et, de ce fait, elle respecte la nature et l'environnement. C'est une énergie très fiable car il n'y a pas de risque de rupture. Le coût de fonctionnement est faible et l'entretien est réduit. Les systèmes photovoltaïques sont fiables : aucune pièce employée n'est en mouvement. Les matériaux utilisés (silicium, verre, aluminium), résistent aux conditions météorologiques extrêmes. Le coût de fonctionnement des panneaux photovoltaïques est négligeable car leur entretien est très réduit, et ils ne nécessitent ni combustible, ni transport, ni personnel hautement spécialisé. Mais encore faut-il que les lobbies pétroliers ne bloquent pas le développement de cette source d’énergie compétitive.


2 commentaires:

  1. Elizabeth GARREAULT14 juillet 2017 à 21:28

    Article très intéressant. Avec le savoir-faire des ingénieurs et chercheurs israéliens, nous pourrions être le pays le plus écologique du monde. Hélas, la corruption qui gangrène les plus hautes sphères de l'Etat, toutes occupaient qu'elles sont, à passer de juteux contrats, nous empêchent de le devenir.

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  2. Il y a simplement la dure loi du marché qui fait que certains projets étaient rentables au cours du baril de pétrole à 150 dollars mais pas à 46 !

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